
Quel est l’état de santé des lagunes (ou étangs) du littoral héraultais, la lagune du Ponant, de l’Or, les fameux « étangs palavasiens, ou encore la lagune de Bages-Sigean ? Selon l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, qui a récemment fait le point sur l’état des rivières régionales, la situation de ces sites naturels propices à la biodiversité s’améliore progressivement depuis une dizaine d’années.
Milieu fragile et pression humaine
Les lagunes méditerranéennes des milieux particuliers, à la fois d’une grande richesse patrimoniale mais au fonctionnement complexe qui plus est soumis à de fortes pressions humaines : « Elles sont les réceptacles ultimes de leur bassin versant avec un renouvellement des eaux très lent, une faible profondeur et des sédiments qui accumulent les pollutions », rappelle l’Agence de l’eau.
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Moins d’eutrophisation aujourd’hui
Principale cause de cette amélioration : celle de la qualité de l’eau, amorcée depuis les années 2010 « alors que l’on constatait une eutrophisation (une forme naturelle de pollution de l’écosystème aquatique qui se déclenche lorsque le milieu reçoit trop de matières nutritives assimilables entraînant la prolifération des algues) quasi généralisée en 2000-2001 », rappelle l’Ifremer.
« Une situation qui s’améliore mais un bilan contrasté qui confirme la fragilité des écosystèmes lagunaires face aux changements globaux »

Comment expliquer cette évolution positive ? « C’est le résultat des investissements importants consentis par les communes pour améliorer l’assainissement grâce à des traitements poussés de l’azote et du phosphore dans les stations d’épuration », indique l’Agence qui précise qu’une meilleure gestion des zones humides périphériques associée à la restauration du fonctionnement des rivières affluentes des lagunes participent également à ces progrès.
Un bilan encore « contrasté » pour les étangs
L’Agence de l’eau et l’Ifremer résument les principaux enseignements de la campagne de suivi réalisée en 2021 sur les lagunes de la Méditerranée française :
– La qualité de l’eau de certaines lagunes emblématiques comme les étangs palavasiens s’améliore au regard des nutriments et du phytoplancton pour atteindre un niveau compatible avec le bon état écologique pour 50 % des lagunes méditerranéennes.
– La qualité des invertébrés vivants sur le fond s’améliore pour plus de la moitié des lagunes suivies.
– La qualité des macrophytes (plantes aquatiques) se dégrade à l’inverse pour 40 % des lagunes suivies, probablement en lien avec les effets du changement climatique tels que l’augmentation des températures, la diminution des précipitations et la baisse de l’oxygénation de l’eau…
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Faune et flore encore en danger
Pour autant, ces sites naturels ne sont pas tirés d’affaire, comme le prouvent certains résultats, tels ceux en demi-teinte pour la faune et la dégradation importante subie par les plantes aquatiques. L’Agence de l’Eau et l’Ifremer évoque d’ailleurs « un bilan contrasté qui confirme la fragilité des écosystèmes lagunaires face aux changements globaux ».
Les effets du changement climatique
L’étude pointe les effets du changement climatique, augmentation des températures et diminution des précipitations et de l’oxygénation de l’eau en tête « qui peuvent atténuer l’efficacité des actions menées pour l’atteinte du bon état de ces milieux fragiles ». Face à ce phénomène, l’Agence de l’eau et l’Ifremer ont mis en place en 2022 un observatoire des effets des épisodes extrêmes sur les lagunes et notamment sur les macrophytes : « Cet observatoire apportera des données précieuses sur les effets du réchauffement et les signes précurseurs d’un éventuel basculement de l’écosystème », précisent les deux partenaires.
En attendant, l’Agence de l’eau incite les acteurs locaux à maintenir leurs efforts en faveur de l’environnement et cite les principaux leviers pour protéger les lagunes méditerranéennes : améliorer les systèmes d’assainissement, restaurer les zones humides périphériques et les cours d’eau affluents, désimperméabiliser les sols des bassins versant, modifier les pratiques agricoles, rétablir le fonctionnement naturel des cours d’eau : « Il est nécessaire d’agir sur tous les leviers disponibles pour que la qualité de ces milieux fragiles s’améliore durablement… La reconquête de la qualité écologique des lagunes est une priorité majeure dans un contexte de changement climatique », conclut l’Agence de l’Eau.
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