« Ça reste des enfants… » Malgré son émotion et sa colère, la mère du jeune Lucas, ce collégien qui s’est suicidé début janvier après un harcèlement homophobe dans son collège des Vosges, a appelé à « ne pas traquer ni jeter en pâture » les enfants qui font l’objet d’une enquête après la mort de son fils.
« Cela ne concerne pas que ces quatre enfants », a-t-elle dit. « Je n’en veux à personne, je ne suis pas dans cette optique là. La justice fait son travail. »
Ces derniers, quatre mineurs de 13 ans, vont être « jugés pour harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide », a annoncé, vendredi 27 janvier, le procureur de la République d’Epinal Frédéric Nahon.
Mais Séverine, la mère de la victime, qui répondait à quelques questions de journalistes lors d’une conférence de presse donnée en compagnie de son avocate ce lundi à Epinal, oscille entre colère et incompréhension.
Pour parler de ses actions futures malgré le deuil, pour répondre une bonne fois pour toutes à la presse et pour évoquer la marche blanche du dimanche 5 février à Epinal, elle a accepté de parler, après sa seule interview au journal Vosges Matin vendredi.
Dans cet entretien exclusif, elle suppliait les autres victimes potentielles de « ne pas avoir peur, d’en parler autour d’eux ». Des mots qu’elle a répétés ce lundi après-midi.
« Libres d’être qui l’on est »
Au cours de la marche blanche, elle ne souhaite pas de « récupération politique ». Un message qui s’adressait en particulier aux associations LGBT+, tout en reconnaissant le caractère homophobe du harcèlement subi par Lucas. « Nous ne voulons pas de drapeaux », s’est-elle contenté de dire.
« Si tout avait été fait correctement, ça aurait pu changer le cours des choses », a-t-elle ensuite expliqué, cette fois en rapport aux deux plaintes déposées auprès de l’établissement vosgien où son fils était scolarisé.
« Le corps enseignant aurait pu et dû faire plus, clairement des choses n’ont pas été faites. Il faudrait davantage de personnes formées à cela dans les établissements. »
Concernant le harcèlement en général, « il faut réfléchir avant de parler, il y a d’autres manières de communiquer que la violence », a-t-elle aussitôt poursuivi.
« On est tous libres d’être qui l’on est, que ça plaise ou pas », a lancé la maman meurtrie, comme un cri du cœur à l’adresse de son fils disparu, ouvertement homosexuel, et pour que d’autres jeunes ne subissent pas le même sort.
Elle a expliqué espérer que les enfants à l’origine du drame se joindraient un jour à elle pour faire des interventions de prévention contre les discriminations dans les écoles. À l’image de ce qui se fait déjà, notamment dans les Alpes-Martimes et dans le Var. La force de l’expérience en plus.
« Le temps de la lutte contre les discriminations viendra, au travers d’actions que nous allons construire », a ajouté son avocate.
« Nous cherchons à donner du sens à ce qui est insupportable », a conclu Séverine, la mère de Lucas. « Si je pouvais parler à Lucas, je lui dirais ‘je suis désolée’, car je n’ai pas pu le sauver, personne n’a pu le sauver ».