Un sexagénaire laotien inconnu de la justice a été condamné à 600 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Nîmes, vendredi 10 février. Exploitant agricole à Meynes, cet homme organisait des combats de coqs dans les deux gallodromes qu’il avait érigés sur sa propriété.
À la barre du tribunal correctionnel de Nîmes ce vendredi 10 février, Stéphane, 66 ans, semble perdu, ne pas comprendre ce qui lui arrive.
En pays de tauromachie, et alors que les combats de coqs sont sous conditions strictes autorisés en France (aux Antilles et dans le Pas-de-Calais), ce Laotien, agriculteur à Meynes, est poursuivi pour « sévices graves ou acte de cruauté envers un animal » pour avoir, ce qu’il nie au demeurant, organisé des combats de coqs clandestins sur sa propriété à Meynes, près de Nîmes.
Des arènes… pour »admirer » les animaux
Le 13 janvier 2022, la gendarmerie intervenait sur son exploitation, suite à une dénonciation anonyme, pour recueillir les deux malinois du prévenu. Les militaires y découvraient deux gallodromes (arènes de combats de coqs) et quinze gallinacés enfermés dans des cages.
Réquisitionné, un vétérinaire constatait sur place le bon état de santé général des bêtes fournies correctement en eau et nourriture. Un spécimen ayant un œil crevé, un autre souffrant de diarrhée. Le professionnel observait enfin qu’un troisième coq portait sur ses deux pattes des lacets en plastique serrés.
Par le biais de son interprète en langue hmong spécialement dépêché de Toulouse pour ce procès, Stéphane l’assure : jamais il n’a organisé de combat de coqs de sa vie, ni sur sa propriété ni ailleurs. « Ces arènes servaient à admirer ces animaux, à leur faire profiter du soleil aussi« , assure celui qui encourait jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende dans cette affaire.
Trois mois de sursis requis par le parquet
Durant sa plaidoirie, l’avocat du prévenu demande la relaxe et la restitution des bêtes. » Rien ne prouve dans ce dossier que des combats de coq aient eu lieu, exceptée la traduction hasardeuse, effectuée via un site de traduction en ligne, des propos de mon client tenus lors de sa garde à vue« , insiste l’auxiliaire de justice soulignant l’absence d’interprète assermenté au soutien de la défense jusqu’à cette audience.
« En cas de combat, les blessures des bêtes sont effroyables. Or, ici, cet œil crevé est dû à la trop grande proximité entre deux cages. Une proximité qui a permis à un spécimen de piquer l’œil de son congénère. Par ailleurs, une diarrhée aiguë n’est pas la conséquence d’une blessure au combat ! « , insiste l’avocat.
Dans ses réquisitions, le procureur de la République Philip Ughetto est persuadé de la culpabilité du mis en cause. Le magistrat rappelle que les combats de coqs ne sont autorisés en France qu’en cas de tradition locale ininterrompue, ce qui n’est évidemment pas le cas dans le département du Gard. De 3 à 4 mois d’emprisonnement avec sursis sont demandés par le représentant du parquet.
En fin de matinée, Stéphane a été condamné à 600 euros d’amende par le tribunal. Sa demande de restitution de ses 15 gallinacés lui a par ailleurs été refusée.
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