Ils procèdent à son contrôle d’identité et trouvent un portable dont le prévenu ne peut donner les codes d’accès. Sur l’écran d’accueil s’affiche la photo d’une mineure avec le même téléphone à la main. Pour ne rien arranger, le mobile se met à sonner. Les policiers répondent et commencent à discuter avec… la propriétaire du téléphone. Pas de chance.
Le prévenu, un Algérien de 33 ans, a assuré le lundi 13 février devant le tribunal judiciaire qu’il avait acheté ce téléphone à la sauvette. Un argument qui n’a pas convaincu. Il était également en situation irrégulière et faisait déjà l’objet d’une obligation de quitter le territoire. Le tribunal l’a déclaré coupable, condamné à 6 mois de prison ferme et à une interdiction du territoire français pendant trois ans.
« Tout est possible ! »
Les éléments compromettants se sont accumulés. Une vidéosurveillance le montre, le 9 février, sur le quai du tram au moment où la victime s’est fait dérober son téléphone. « On voit le prévenu se rapprocher, puis partir dans une autre direction, avec un objet à la main que les policiers croient être le téléphone sans pouvoir l’identifier formellement », observe le président d’audience, Charles Moynot.
« L’heure du vol est 17 h 20. À 17 h 50 on lui donne ses droits. Donc il a 30 minutes pour acheter le téléphone », remarque le parquet. « Tout est possible ! », argumente l’avocat de la défense, qui pointe la proximité entre l’arrêt de tram et le quartier Saint-Michel. « On parle de 100 mètres, donc 30 minutes sont suffisantes pour le refourguer ».
Mais l’excuse de l’achat à un tiers inconnu agace la procureure. « C’est le même discours à chaque fois pour les cas de vol. Derrière ces faits, il y a des victimes. » Le tribunal a suivi ses réquisitions.