
L’année 2022 a durement éprouvé les budgets des collectivités locales avec, au hasard, la hausse du coût de l’énergie, mais aussi la revalorisation de 3,5 % du point d’indice des fonctionnaires au 1er juillet. En 2022 également, selon une estimation de la Banque Postale, le prix des travaux publics a augmenté de 10,5 %.
Pas de hausse des taux
Même si le gouverneur de la Banque de France a indiqué jeudi 9 février dans l’émission les 4 Vérités sur France 2 que l’inflation allait atteindre son pic en juin prochain, l’année 2023 devrait encore être compliquée pour les finances locales. Pour autant, « malgré les difficultés que nous pouvons rencontrer, pas question d’augmenter nos taux d’imposition, car les contribuables vont devoir supporter une hausse des valeurs locatives décidée par l’Etat », a ponctué Pascal Gueugnon, le grand argentier de la Ville de L’Aigle (Orne), lors de la présentation du rapport d’orientation budgétaire.
Les taux appliqués cette année seront 10,55 % pour la taxe d’habitation, résidences secondaires, 52,19 % pour la taxe foncière sur les propriétés bâties et 38,56 % pour la taxe foncière sur les propriétés non bâties. Le produit attendu sera de 3 456 900 euros, soit une hausse de 5,13 % par rapport à 2022. Les recettes fiscales représentent 46,72 % des recettes réelles de fonctionnement.
Ce sont surtout les dépenses à caractère général qui inquiètent l’adjoint aux finances.
Les marges de manœuvre sont faibles, car d’importants efforts ont déjà été faits les années précédentes. La fin du dispositif de ristourne sur le carburant se traduira mécaniquement par une augmentation et des pistes de réduction de la consommation devront être étudiées.
550 000 euros rien que pour l’électricité
Il ajoute que concernant l’électricité, par l’intermédiaire du groupement de commandes mis en œuvre par le Te61, un marché a été attribué à EDF pour une durée de 3 ans et a pris effet au 1er janvier 2023.
Les augmentations constatées, multipliées en moyenne par 3,5, s’expliquent difficilement et si elles sont appliquées en l’état, se traduisent par une augmentation très forte des dépenses d’énergie (…) Une première estimation conduit à inscrire au budget des crédits à hauteur de 550 000 euros.
Du 1er janvier au 15 décembre 2022, le total des factures EDF s’est élevé à 234 000 euros.
En 2022, le total des dépenses inscrites au budget pour l’électricité, le gaz et le réseau chaleur s’élevait à 533 689 euros et il sera de 805 100 euros pour 2023, soit une hausse de 50,86 %.
Difficile de trouver 300 000 euros
Elu d’opposition, Serge Delavallée s’est rallié à l’inquiétude de la majorité. « J’ai du mal à imaginer que toutes les municipalités vont résister à de telles hausses ». Le maire, Philippe Van-Hoorne, espère de son côté « obtenir des aides supplémentaires de l’Etat », car « on voit que sur un budget de fonctionnement à 8 millions d’euros il est difficile de trouver les 300 000 euros que nous devrons payer en plus pour l’électricité ».
En investissement, la municipalité a dressé la liste des projets en cours, dont la restauration de l’église St-Martin, les travaux d’accessibilité des bâtiments communaux, la place Verdun, la rénovation du quartier de La Madeleine, la rénovation de l’église St-Jean, ainsi que les nouveaux projets comme l’extension de la vidéoprotection, l’enfouissement des réseaux rue des sports, l’acquisition des derniers biens dans l’Espace du Cadran, la rénovation du terrain d’honneur à Foisy et d’un terrain au stade Pauthonnier, des toilettes publiques place de Verdun, passage en LED de toutes les salles du gymnase Napoléon et de la salle du dojo à Pichot…
Fermer l’école Victor-Hugo, « c’est impensable »
Un débat s’est engagé au sujet de l’école primaire Victor-Hugo après les craintes de fermeture émises par les parents d’élèves. « Le scolaire est une compétence de la Communauté de communes du Pays de L’Aigle et l’Education nationale lui demande de signer un contrat de ruralité », explique Philippe Van-Hoorne. Le maire ajoute que la Cdc a mandaté un cabinet pour réaliser un audit de tous les bâtiments de la collectivité, « et en fonction de l’analyse qui en sera faite il y aura des choix à faire ».
Elu d’opposition, Serge Delavallée a exprimé son rejet de cette éventualité. « On a déjà fermé l’école du Moulin à vent et il me paraît démentiel de fermer une école avec neuf classes, ou de la transférer à Mazeline ».
Selon Philippe Van-Hoorne, les prévisions font état d’une stabilisation des effectifs à Victor-Hugo. Sauf que si la décision de fermer ou non l’établissement est bien une question de chiffres, ce sont ceux des coûts de rénovation qui pourraient être les plus importants.
Est-ce possible de repousser les investissements ?
Elu du Rassemblement national, Gérard Latinier a interpellé le maire. « Vous parlez des économies à faire pour le fonctionnement, mais pourquoi vous ne parlez pas d’étaler l’investissement ? La vidéoprotection par exemple, vous pouvez la reporter ».
La réplique de Philippe Van-Hoorne ne tarde pas.
Si je parlais de vidéosurveillance, vous ne diriez pas qu’il faut repousser cet investissement. Ce projet d’extension fait partie de nos engagements vis-à-vis de nos concitoyens et vis-à-vis de l’Etat qui subventionne à hauteur de 70 %.
Le maire a justifié la concrétisation de ce projet par la proximité avec la capitale « où il y aura un afflux de personnes lors des Jeux de Paris 2024 ». L’Aigle souhaite ainsi se mettre à l’abri d’éventuels visiteurs mal intentionnés.
« L’Aigle investit pour l’avenir »
Gérard Latinier a insisté en disant que « l’on n’investit pas quand n’a pas d’argent », mais l’adjoint Didier Cousin a rétorqué que « L’Aigle investit pour l’avenir », en évoquant les futurs travaux d’enfouissement des réseaux rue Clémence Gibory, rue Benjamin Bohin, rue des Sports, rue du Buat, rue Marcel Angot avec la pose de candélabres solaires pour un coût de 160 611,14 euros. La maîtrise d’œuvre a été confiée à Territoire Energie Orne (Te61).