
Courant juin 2022, nous vous partagions les témoignages de commerçants et riverains des rues Joséphine, du Dr-Oursel et de ses alentours, à Évreux (Eure) excédés par des faits de délinquance nocturne. Bagarres, agressions, nuisances sonores et stationnements gênants étaient, notamment, pointés. « On sait que tout ne va pas forcément », concède Guy Lefrand.
Lundi 16 janvier 2023, le maire a une nouvelle fois réuni les habitants de ce secteur pour faire le point sur l’évolution de la situation.
La vente d’alcool en question
Les riverains dénoncent particulièrement la présence d’individus qui consomment de l’alcool et stagnent dans les environs. « Il y a des personnes qui sont alcoolisées dès 17 h. Elles se posent et font des allers-retours », témoigne la gérante de l’Épi-service, qui assure ne pas leur vendre d’alcool. « Ce sont des agressions après. » L’un de ses clients a déjà reçu un coup de poing à la sortie de son commerce avant de se faire arracher son téléphone portable.
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L’installation de Milky market, une deuxième épicerie ouverte le soir dans la rue du Docteur-Oursel, était au centre des crispations des habitants et des commerçants à l’époque de notre premier article sur le sujet. Présents à la réunion, les enfants du gérant se sont défendus : « On ne sert pas les fauteurs de trouble, mais on ne peut pas arrêter de fonctionner. On a voulu nous fermer à plusieurs reprises. » Et d’ajouter : « On applique les directives, on fait le nécessaire. »
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Des arrêtés municipaux
Une affirmation que Nicolas Gavard-Gongallud, adjoint en charge de la sécurité, conteste.
On a quand même relevé un certain nombre d’infractions de vente d’alcool très tard et de trouble à l’ordre public.
L’élu invite les commerçants à bien se conformer à la loi. Car, suite aux nombreuses plaintes et après une pétition, la Ville a déjà tenté d’agir pour faire revenir le calme. Guy Lefrand cite, notamment, deux arrêtés allant dans ce sens : un premier interdisant la consommation d’alcool sur une partie du domaine public dans plusieurs périmètres de la ville de 11 h à 6 h du matin, et un second interdisant la vente d’alcool à emporter de 22 h à 8 h jusqu’à mai 2023 dans plusieurs rues de l’hypercentre, dont celles environnantes de la rue du Dr-Oursel.
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Pas suffisant pour empêcher les nuisances, selon les habitants, les groupes présents pouvant acheter leurs boissons plus tôt ou ailleurs. La police nationale a, cependant, constaté « une baisse de la vente d’alcool », assure Simon Mollo, commissaire central adjoint.
Agressions physiques et verbales
Pour répondre du sentiment d’insécurité des riverains, les policiers se sont « empressés d’agir », précise le commissaire.
On a intensifié les patrouilles, notamment en soirée. On fait du pédestre, mais on ne peut pas en faire tout le temps, car le territoire est étendu. On fait plus de contrôles d’identité. Tout ça demande du temps et des effectifs : la situation ne va pas se régler en quelques mois.
Mais le commissaire doit faire face à des habitants parfois dubitatifs sur l’action des forces de l’ordre. « On n’a pas constaté d’accalmie : il y a toujours du monde dans la rue. Et c’est une déchèterie », précise un riverain des environs de la rue du Petit-Collège. Une maison du secteur est très régulièrement recouverte de tags qui, une fois effacés par les services la Ville, sont aussitôt refaits.

Non loin de là, un restaurateur n’en peut plus des agressions verbales et physiques de ses employés. « On ne sait plus quoi faire. C’est grave », se désole la mère de ce dernier, qui craint que la situation dégénère. « Aidez-nous à vous aider : déposez plainte. Ça permet d’enclencher les choses », insiste le commissaire Mollo, tandis que Guy Lefrand promet « de mettre du monde tous les soirs ». Le maire rappelle qu’il « travaille pour amener de la police municipale 24 heures sur 24 à Évreux ».
« Je ne suis pas Gérald Darmanin »
Si Guy Lefrand, à l’instar de la police nationale, a assuré qu’il renforcerait les patrouilles, il reconnaît ne pas avoir toutes les cartes en main. « Je ne m’appelle pas Gérald Darmanin, je ne suis pas ministre de l’Intérieur », lance-t-il à une commerçante qui s’estime « pas tranquille » quand elle sort de sa boutique.
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Enfin, à la question d’une prochaine installation de caméras de vidéoprotection, l’élu estime déjà en avoir beaucoup fait dans ce domaine, mais n’exclut rien : « Il faut attendre le vote du budget au conseil municipal (au mois de mars). »