
« L’idée, c’est que le jardin aquatique redevienne la vitrine de Broglie », a déclaré plusieurs fois, lors de plusieurs conseils municipaux de 2022, Roger Bonneville, le maire de Broglie (Eure). En effet, depuis quelque temps, cela n’était plus vraiment le cas. Mais cela va bientôt changer ! La Municipalité a fait une demande pour la réhabilitation du jardin de 1,2 hectare dans le cadre du programme national Petites villes de demain. «Nous avons analysé les forces, les faiblesses, les menaces et les opportunités de la commune, nous avons déterminé les enjeux, notamment l’attractivité de la ville de Broglie », explique Clothilde Hoogterp, la cheffe de projet coordinatrice. L’objectif de la Mairie et des paysagistes reste le même que lors de la création du jardin, « valoriser la commune ». « Le jardin aquatique a un potentiel, avec la Voie verte à proximité, c’est pourquoi il fallait le réhabiliter pour attirer les visiteurs », éclaire-t-elle.
Le jardin aquatique a un potentiel, avec la Voie verte à proximité, c’est pourquoi il fallait le réhabiliter pour attirer les visiteurs.
Pour rester dans la même optique que le projet mené dans les années 1990, « nous avons sollicité Denis Comont [le même paysagiste qu’à l’époque] pour nous rappeler les principes directeurs initiaux et pour savoir comment les traduire dans une réhabilitation, affirme Corentin Bourachot, chef de projet ingénierie Petites villes de demain. Étant donné que cet objet est assez singulier, nous pensions que ce serait bien d’avoir cette passation pour ne pas dénaturer le site. »

Des modifications, mais aussi des conservations
Les normes écologiques ayant changé depuis les années 1990, plusieurs dispositifs vont devoir être supprimés ou modifiés. « Avec la création du réseau Natura 2000, les espaces de fonds de vallée jouxtant le jardin et les cours d’eau sont identifiés comme ayant un très fort potentiel écologique », annonce Denis Comont. Par exemple, « les berges bâchées [les bâches en plastique avaient été mise en place dans la rivière] sont un non-sens, donc nous allons les modifier », affirme Antoine Mazy, le nouveau paysagiste architecte. Les bâches en plastique et l’enrochement vont être remplacés par des végétaux retenant les berges.
Certaines essences, entrant dans les interdictions prévues par la réglementation, vont également être remplacées. Certaines peuvent représenter un danger pour le lieu. Par exemple, les plantes exotiques aquatiques se dispersent facilement, à l’instar du bambou. «Nous ne pouvons plus refaire le jardin aquatique des années 90, nous devons maintenant mettre des espèces locales », annonce Clothilde Hoogterp. Les iris, les salicaires, le jonc, les chênes ou encore les groseilliers maquereaux vont ainsi être plantés dans les allées. Pour autant, le nouveau projet n’est pas de repartir d’une page blanche. « Les arbres, plutôt exotiques, n’ont pas tendance à coloniser tout le reste de la vallée [contrairement au bambou], précise Denis Comont. Ce serait complètement délirant de les enlever. »

La petite histoire du jardin aquatique
Le jardin aquatique vient de fêter ses trente ans. Dans les années 80, la commune souhaitait faire de cette parcelle, encore vierge, une carrière. Cependant, les architectes des Bâtiments de France s’y sont opposés. En effet, cette dernière se trouve à moins de 500 mètres de l’église, classée aux Monuments historiques. C’est à ce moment-là que « quelqu’un du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) » a l’idée de transformer cette pâture non-constructible et inondable en jardin aquatique et fait appel à l’équipe de Denis Comont. Des allées hors d’eau en période de crues et des bassins en creux ont été mis en place, « il y avait de l’eau dans les massifs en creux et cela faisait comme un bras de Charentonne », explique Denis Comont. Une sorte « d’île exotique avec 80 types de végétaux » était également visible.
À l’époque, le projet avait couté 1,5 million de francs, soit un peu moins de 230 000 €.
L’équipe de Denis Comont et Antoine Mazy est venue le jeudi 15 décembre 2022 faire sa première réunion de travail sur site. Ce ne sont que les tous débuts de ce projet de réhabilitation, les travaux ne commenceront pas avant plusieurs mois voire plusieurs années et le budget n’est pas encore totalement fixé.