Installé au Cailar, en Petite Camargue, l’éleveur de chevaux et taureaux de Camargue manifestera ce samedi 11 février à Montpellier pour défendre la ruralité et les traditions « attaquées », selon lui par les animalistes et certains écologistes.
Il n’était pas destiné à devenir manadier. Né à Montpellier et élevé à La Grande-Motte, Renaud Vinuesa est venu aux traditions taurines à l’adolescence « par la fête d’Aigues-Mortes où mon père m’emmenait…
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Puis, quand ma grand-mère a gagné 10 000 francs au tiercé, elle m’a acheté un poulain ». Il s’appellera Galopin et signera un amour définitif et indéfectible pour la Camargue et son cortège de traditions.
« J’ai la vie dont j’ai toujours rêvé »
À force de travail, le cavalier émérite deviendra éleveur. Il parviendra à créer sa manade, grâce à un coup de main de Louis Nicollin, au Cailar (Gard), l’épicentre de la culture camarguaise, à quelques encablures de l’historique manade de Fanfonne Guillerme. Il sait qu’avec son élevage de chevaux et de taureaux de Camargue, il ne fera jamais fortune : « Mais j’ai la vie dont j’ai toujours rêvé ». C’est beaucoup de travail. Beaucoup plus de passion.
Il vit les attaques des animalistes et d’une partie des écologistes comme « injustes et sans fondement mais a malheureusement beaucoup d’écho. On ne peut pas débattre avec eux, car ils ne savent pas de quoi ils parlent. Leur intolérance est trop radicale. J’ai juste envie de leur dire : « Venez, vivez avec nous et après on parlera ».
Ces attaques sont nées d’une tribune parue dans Le Monde pour demander de cesser certaines pratiques « archaïques », comme la ferrade du cuir des jeunes taureaux ou l’escoussure (découpe partielle du cartilage de l’oreille typique pour chaque manade).
« J’applique mon protocole »
Des techniques contestées, incomprises selon Renaud Vinuesa : « S’il fallait le rapprocher à la douleur pour un humain, cela serait similaire à un piercing ou un tatouage. Mais cela n’a pas de sens de le comparer ». Sur le bistournage, cette technique de castration à l’aide d’une corde, il raconte son vécu : « Au départ, j’anesthésiais les taureaux avant la castration. Mais on ne peut pas enfermer un taureau après. Et quand vous remettez un taureau faible dans son troupeau, il risque la mort ».
Aujourd’hui il préfère castrer ses biòus : « J’applique mon protocole. À quatre, taureau debout, je castre et je le remets dans son milieu. Cela se passe rapidement et sans problème. Quelques minutes après, je vous mets au défi de voir que le taureau souffre ».
Mais le manadier n’est pas dupe. Les arguments des animalistes relèvent « d’attaques sur notre mode de vie. Je vois la tendance sociétale évoluer. Moi je défendrais l’ensemble des valeurs de la ruralité. Je ne suis pas chasseur mais je les défendrai comme je défendrai la corrida, les pêcheurs, les agriculteurs… J’aime le slogan : « Ensemble ». Malgré la colère sourde, le manadier ne veut pas s’enflammer : « Je veux juste leur dire que mes taureaux sont heureux. Je signe de suite pour avoir la vie d’un de mes taureaux ».
Le 11 février « sera un moment historique »
Le manadier se vit « comme un régulateur de la sauvagerie naturelle. J’assume la conquête de l’homme sur l’animal, prétendre le contraire serait idiot. Notre évolution, notre civilisation sont nées de cette conquête. Il faut comprendre que la nature est bien plus cruelle que nous ». Cela ne l’empêche pas d’aimer sans concession ses 70 chevaux et 180 taureaux de Camargue.
« J’ai fait naître un millier de taureaux mais je dois garder un équilibre ». Certaines bêtes doivent partir à l’abattoir. « Aucun éleveur ne jubile à l’idée de voir partir un animal. J’ai fait le choix de prendre quelqu’un qui s’occupe du transfert ». Un intermédiaire qui lui fait perdre 30 % de la valeur de la viande.
Renaud Vinuesa sera de la manifestation de ce 11 février à Montpellier. Il prendra la tête d’une cavalerie de 300 chevaux qui défileront du Zénith à l’Esplanade. Sa présence ne souffre d’aucun débat : « Ce sera un moment historique et j’espère qu’ils comprendront que nous défendrons jusqu’au bout notre mode de vie… »
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