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« Je veux rentrer chez moi » : sans aide à domicile après un AVC, Daniel vit en Ehpad

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Daniel Noël, victime d’un AVC en juin 2022 et depuis résident à l’Ehpad de Jugon-les-Lacs (Côtes-d’Armor), aimerait rentrer chez lui. ©Agnès ESTEVES DA SILVA / Le Petit Bleu

« Je veux seulement rentrer chez moi ! » C’est le cri du cœur de Daniel Noël, résident de l’Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Jugon-les-Lacs (Côtes-d’Armor), depuis juin 2022.

Un lieu que le septuagénaire a intégré deux semaines après son accident vasculaire cérébral (AVC), le 27 juin. 

Hémiplégique

Devenu hémiplégique, c’est-à-dire paralysé, du côté droit, Daniel Noël n’a pas été accepté en structure de rééducation.

« À l’hôpital de Saint-Brieuc, où il a été pris en charge pour son AVC, on nous a dit qu’il ne faisait pas assez de progrès pour aller en rééducation. Ils nous ont proposé cet Ehpad car il y avait une place », témoigne Jérôme, le fils de Daniel Noël, très investi auprès de son père, tout comme sa sœur, Nathalie, présente au quotidien.

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Peut-être stimulé par ses enfants qui ont choisi de ne pas baisser les bras, Daniel a fait des progrès. Et, à force d’acharnement, « on appelait presque tous les jours ! », il a finalement pu bénéficier de séances de rééducation dans un centre, fin novembre.

Le kiné passait à l’Ehpad mais c’était assez bref à côté de ce qu’il a maintenant. Au départ, c’était surtout compliqué au niveau cognitif, il cherchait tous ses mots alors que le côté moteur était plus souple. Ses besoins sont réévalués mois par mois, mais, tant qu’il progresse, il continue la rééducation.

Jérôme Noël

« Ici, c’est pas comme à la maison »

L’amélioration au quotidien a renforcé l’envie de Daniel Noël de rentrer chez lui. Même s’il n’a rien à reprocher à l’Ehpad, « ce n’est pas comme à la maison ». Une maison, à Mégrit (Côtes-d’Armor), où l’attend son épouse.

« Quand il est entré à l’Ehpad, on a attendu un peu pour voir comment ça se passait là-bas, mais comme c’était moyen, et qu’il se sentait mieux sur tous les plans, à partir d’octobre on a commencé à faire des démarches », rembobine Nathalie.

Mais la famille Noël ne s’attendait pas à se trouver devant autant de portes fermées quand elle a frappé à celles des structures d’aides à domicile. Car l’état de Daniel nécessite le passage, deux fois par jour, d’une aide-soignante, pour le lever et le coucher, l’habillage-déshabillage et la toilette.

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Des listes d’attente

Or, dans les associations d’aide à domicile dont le secteur de Mégrit dépend, tout est complet et il y a même une liste d’attente. Une situation de plus en plus intenable pour Daniel, qui trouve le temps long, à 74 ans, loin de son épouse et de sa maison.

« C’est un ancien carrier, ancien agriculteur, il est attaché à sa maison et n’est pas très sociable. Il reste dans sa chambre toute la journée devant la télé… », regrette son fils. Alors, depuis près de trois mois, la famille Noël attend et s’agace.

En France, on nous dit que tout est fait pour favoriser le maintien à domicile, mais impossible d’avoir quelqu’un ! Les infirmières libérales ne font plus ça ou alors c’est trop loin, elles sont débordées. Et il n’y a pas de place auprès des associations d’aide à domicile, on est sur liste d’attente depuis des mois.

Jérôme Noël

Pas assez de professionnels

Ce que ne contredit pas Nathalie Chauvel, directrice du SSIAD (service de soins infirmiers à domicile) de Plélan-Plancoët, dont dépend le lieu de résidence de Daniel Noël. « Nous avons un nombre de places, l’équivalent de lits à l’hôpital, et une fois qu’elles sont occupées, on met les gens sur liste d’attente », confirme la directrice. « De toute façon, même si on avait plus de places, on n’aurait pas assez de professionnels… » 

Ces places de bénéficiaires d’aide à domicile sont déterminées par l’ARS Bretagne (Agence régionale de santé). Pour le secteur de Plélan-Plancoët, 54 places sont attribuées au SSIAD, avec une liste d’attente de 23 personnes. Ensuite, des critères fixés par l’association, permettent au service de prioriser certaines situations sur cette liste d’attente.

Monsieur Noël n’est pas en danger, puisqu’il est à l’Ehpad, alors que certaines personnes se retrouvent toutes seules chez elles.

Nathalie Chauvel, directrice du SSIAD

« On regarde aussi dans quelle situation est l’aidant, pour le soutenir car les conjoints sont parfois plus malades que les personnes aidées… On tient compte aussi de la chronologie et de nombreuses personnes ont fait leur demande avant celle de ce monsieur. Que diraient-elles s’il passait avant tout le monde sans raison objective ? », interroge Nathalie Chauvel.

Favoriser le maintien à domicile

Malgré les annonces médiatiques récurrentes des gouvernements pour favoriser le maintien à domicile de la population âgée, il semble que les lignes bougent peu en la matière.

On aimerait bien prendre tout le monde, mais c’est impossible. D’autant qu’on manque de personnel partout.

Nathalie Chauvel, directrice du SSIAD

Quelques aides-soignantes supplémentaires seraient donc les bienvenues dans les associations qui gèrent le maintien à domicile public, mais aussi, et de plus en plus, des auxiliaires de vie.

« Il y a encore un an ou deux, dès qu’on nous appelait, on pouvait répondre à la demande des personnes qui avaient besoin d’être assistées dans leur quotidien en dehors du soin, mais, même là, aujourd’hui, on a une liste d’attente », constate Nathalie Chauvel.

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Cependant, près de quatre mois après les premières démarches, alors que la famille Noël ne voyait pas d’issue à son problème, elle a récemment reçu une réponse positive de l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural) Penthièvre-Arguenon.

Daniel devrait en principe pouvoir rentrer chez lui, dans les prochaines semaines, et oublier ces longs mois d’ennui.

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