Home En bref Justice à Cahors. Pendant 30 ans il subit le rejet de la belle-famille, jusqu’au jour où il « explose » !
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Justice à Cahors. Pendant 30 ans il subit le rejet de la belle-famille, jusqu’au jour où il « explose » !

Sans excuser les faits, M Belou a rappelé le contexte familial.
Sans excuser les faits, M Belou a rappelé le contexte familial. (©JCB )

Une bien étrange affaire dont le tribunal correctionnel de Cahors a eu à connaître le 16 décembre 2022, avec cette histoire de violences et de haine recuite, sur fond d’histoire de belle-famille…

C’est un peu comme si une tornade s’était abattue sur le lieu de leurs vacances, dans un des lieux-dits d’un village du Lot, non loin de Cahors, ce 23 juillet 2022. Lorsque R. arrive au volant de son 4×4, pour « demander des excuses à des membres de sa belle-famille », l’un d’eux s’est enfui en courant, l’autre s’est caché derrière des arbres. Et ce sont des vacanciers accueillis en ces lieux, qui vont faire les frais d’un homme en furie et de surcroît passablement éméché.

Il arrive à fond en 4×4 !

Tout le monde s’écarte au passage du véhicule et R. prend un malin plaisir à détruire du mobilier de jardin sous le regard éberlué des petits et des grands. Puis il jette des bouteilles en verre. Son comportement terrifie les hôtes de cette maison, qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. La plupart d’entre eux n’avaient jamais vu R. Plusieurs enfants apeurés par la scène se réfugient dans les chambres, certains se cachent sous les lits. Cet épisode terminé, R. reprend son véhicule et se rend à 6 km, où il en remet une couche chez ses beaux-parents, leur reprochant d’avoir gâché sa vie et celle de leur fille…

Dernier acte de ce « pétage de plombs » (tel que le qualifie l’intéressé lui-même) : l’interpellation par les militaires de la gendarmerie. R. se démène avec violence et des coups atteignent les forces de l’ordre, qui ont du mal à contenir l’énergumène. Un gendarme reçoit un coup de tête ce qui lui occasionne 5 jours d’arrêt de travail. 9 infractions sont relevées par les enquêteurs, au nombre desquelles figurent des violences, des menaces avec arme (en l’occurrence des bouteilles de verre), des destructions de biens… Une dame tombée à même le sol s’est retrouvée le poignet fracturé, et une autre a eu l’épaule cassée.

Il venait « chercher des excuses »

« Certes, j’étais dans un état minable, mais quand je suis arrivé, ils ont levé les chaises à bout de bras, alors que je venais simplement chercher des excuses, car pendant 30 ans ma belle-famille m’a pourri la vie, celle de ma femme et celle de ma fille ! » déclare R. au tribunal. À la barre, on sent un homme à fleur de peau. Son avocat Me Laurent Belou, expliquera un peu plus tard, sans l’excuser, d’où vient la violence du comportement de son client. En attendant, l’ancien bâtonnier cherche à contenir R., tantôt lui faisant les gros yeux, tantôt se levant pour lui ordonner de ne pas couper la parole au tribunal… R. reconnaît globalement les faits et il répétera à maintes reprises : « Je voulais simplement des excuses et qu’elles soient publiques ! »

R. se plaint des conditions dans lesquelles les gendarmes ont procédé à son interpellation. Il montre une cicatrice au poignet due aux menottes…

Selon les dires du prévenu, c’est sa belle-mère qui aurait mis le feu aux poudres en lui passant un coup de téléphone « ironique », pour l’inviter à la piscine : « Viens à la piscine, si tu veux ! ». Appel mal ressenti, dans la mesure où cette belle-mère aurait passé son temps à tenter de dissuader sa fille de rester avec R. Non sans émotion, R. rapporte que lorsque la belle-mère a appris que sa fille était enceinte, elle lui aurait conseillé de se faire avorter… C’est dire à quel point la haine est recuite entre ces deux personnes !

La présidente du tribunal invite les parties civiles qui le souhaitent, à témoigner :

– « Je tiens à préciser que des enfants ont assisté à cette scène, ils ont eu très peur et plusieurs d’entre eux ont eu besoin d’un suivi psychologique… » déclare une mère en pleurs,

– « Nous avons vécu un moment d’horreur, on se serait cru dans un mauvais film d’horreur et les enfants ont eu peur… » souligne une autre mère de famille,

– « J’ai cru mourir ce jour-là et dire que je ne connais même pas cet homme… » termine ce témoin.

« Je ne voulais aucun mal à personne »

Commentaire du prévenu :

– « À tous ces gens, je ne leur voulais pas de mal, je ne les connais pas ! Je ne savais même pas qu’il y avait des enfants parmi eux ! » R. est le père d’une fille, petite-fille de ses beaux-parents. Il est sans emploi, après un souci de santé et il a déjà eu affaire à la justice, toujours dans le cadre des relations tendues avec sa belle famille. À présent, R. indique avoir entamé un suivi médical.

Me Émilie Geffroy, avocate des victimes qui se sont portées parties civiles, insiste sur le traumatisme occasionné par la scène évoquée précédemment. « Ces personnes se sont vues mourir ! » insiste-t-elle. Elle fait valoir les blessures d’une de ses clientes, qui a dû différer un projet professionnel, pour cause d’immobilisation. Elle demande une expertise médicale après une ITT de 45 jours et une provision de 3 000 €. Me Geffroy porte la parole également d’une cousine du prévenu, qui a été terrorisée par cette scène et qui ne veut plus revenir dans cette maison de famille. À cette occasion, l’avocate sollicite à l’encontre de R. une interdiction de paraître sur les lieux, plus 10 000 € et 260 € de frais de remboursement de l’intervention d’un hypnothérapeute. Pour un couple, Me Geffroy demande 4 000 € et 365 € de frais médicaux. Enfin l’avocate fait valoir des demandes à hauteur de 6 000 € pour une mère et son fils, plus 870 € pour frais médicaux. À titre personnel, Me Geffroy sollicite une somme de plus de 10 000 €, pour le suivi de l’ensemble des dossiers.

Vient le moment des réquisitions de Patrick Serra, Substitut du Procureur de la République du Lot. Le magistrat souhaite que la reconnaissance des faits par le prévenu, soit le signe d’une remise en cause de son comportement. Pour autant il s’interroge sur le fait que R. ait poursuivi son « offensive », quand bien même il ne se retrouvait pas en présence de membres de sa belle-famille. « Pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêté à ce moment-là ? » M. Serra admet que R. porte une douleur intérieure depuis des années, ce qui ne l’autorisait nullement à commettre des violences, qui plus est, à l’égard de personnes qu’il ne connaît pas. Au nom du Parquet, il requiert une obligation de soins et une peine de prison comme une épée de Damoclès de 13 mois avec sursis probatoire, pour une durée de 3 ans assortie d’une obligation de soins, interdiction d’entrer en contact avec les victimes, interdiction de paraître sur les lieux de l’agression…

30 ans de rejet de sa belle-famille

« J’aurais été présent sur les lieux où s’est déroulée cette scène de violences, j’aurais probablement partagé le même sentiment que les personnes qui ont témoigné » affirme Me Belou, avocat de R. L’ancien bâtonnier invite son client à travailler sur son comportement. Puis, Me Belou évoque le passé de R. ; un enfant rejeté par sa famille dès l’âge de 3 ans, devenu « enfant de la DDASS », placé en famille d’accueil ou dans des foyers, un enfant qui n’aura « aucune colonne vertébrale affective et dont nous ne supporterions pas nous-même ce qu’il a enduré… jusqu’à ce qu’il rencontre celle qui deviendra la femme de sa vie… qui sera son étoile »… Les mots de Me Belou arrachent des larmes au prévenu. C’est l’agneau, l’écorché vif, mis à nu. L’avocat a touché la corde sensible en expliquant comment R. a si mal vécu le fait d’avoir été rejeté par sa belle-famille. « On n’a pas accepté le jeune homme de par ses origines et cela est devenu pour lui une double peine ! » s’exclame l’avocat, indiquant au passage que seuls les grands-parents auront su être accueillants pour son client. Me Belou poursuit son évocation de la vie de R. : « Il a emmagasiné au fil des ans et pendant plus de 30 ans, le rejet de sa belle-famille, entretenu une rancœur à leur encontre, jusqu’au jour où tout a explosé ; il n’était plus lui-même ce jour-là ! » L’avocat développe cet embrasement émotionnel qui s’est emparé de son client, qui n’excuse pas les faits, mais leur donne tout de même un éclairage, qui n’est pas anodin. Me Belou invite le tribunal à fixer une peine de prison avec sursis probatoire qui soit le plus long possible et il prie le tribunal de ramener à de « plus justes proportions » les prétentions des parties civiles pour les dommages et intérêts.

Le tribunal a condamné R. à 12 mois de prison avec sursis probatoire pour une durée de 3 ans, avec obligation de soins, interdiction d’entrer en contact avec les victimes, interdiction de se rendre sur les lieux des violences, interdiction et confiscation d’éventuelles armes. Une expertise médicale est ordonnée. R. devra verser 1 500 € et 3 000 € de provision en acompte de la somme finale qui sera fixée en mai 2023. Pour le reste le montant total des dommages et intérêts est ramené à 5 520 € et le montant des honoraires d’avocat est réduit à 2 800 €.

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