
« À l’origine, ça devait s’appeler “Machine a remonté le temps” », sourit Benjamin Desmares. L’auteur gacilien publie aux éditions du Rouergue “Le meilleur des pères”, un court roman jeunesse (64 pages) qu’il présentera et dédicacera samedi 4 février 2023 à partir de 17 h 30 à la librairie La Grande Évasion au 21, rue Lafayette.
« L’idée de départ était d’écrire sur une gamine de 8 ou 10 ans qui remontait le temps, une hisoire pêchue », poursuit l’auteur déjà couronné d’un prestigieux prix au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil en 2017 pour “Des poings dans le ventre”, déjà aux éditions du Roergue, dans la collection DoAdo noir. « Mais quand j’ai commencé à écrire, l’histoire m’est tombée dessus. Au bout que quelques pages, ce que je racontais n’était pas marrant… »
Violences intrafamiliales
Le roman est le récit d’une famille dont le père inflige des violences à sa femme et sa fille. « Le mouvement #meetoo a eu la vertu de nous questionner sur nos comportements d’hommes blancs de 50 ans, nos blagues à la con, des choses auxquelles on ne prête pas d’importance », poursuit l’encadrant technique du chantier d’insertion Lever le Rideau de Redon, qui a écrit là une pure fiction, non inspirée par son vécu.
« Le caractère de mon héroïne est venu au fil de l’écriture. Je ne pars pas de fiche de personnage. Je me suis rendu compte que son verbe était assez frais, qu’elle pouvait vivre des choses très dures tout en conservant un cœur joyeux. »

Car dans la vie, tout n’est pas noir, et tout n’est pas gris. « On peut se comporter en salaud, taper sa femme et ses enfants et aussi partager des moments sympas avec eux. C’était l’occasion de parler des victimes de violences qui n’arrivent pas à partir. De ce que les gens de l’extérieur ne comprennent pas de ces relations toxiques… »
Refusé par un éditeur
Ce texte, « je l’ai écrit très vite, il y a trois ans ». Benjamin Desmares le propose à une éditrice rencontrée lors d’un salon littéraire. « Elle était contente et a commencé le travail de réécriture. J’adore ce temps d’échange, d’analyse et de critique, c’est le moment où le livre se fait. Mais l’éditrice part en congé maternité et est remplacée. Sa remplaçante me demande plusieurs fois de retravailler le texte. Après la énième version, je n’ai plus de nouvelles. Quand je reprend contact avec elle, l’éditrice m’avoue qu’elle me reproche de “trouver des excuses au personnage du père”. J’ai fait lire le texte à des militantes féministes. Leur retour, c’était que je décrivais bien la mécanique qui se joue, pourquoi c’est compliqué pour les femmes de partir. Quand un père est alcoolique : tout le monde compose avec, dans la famille… J’étais rassuré, mais fâché. »
Le texte ressort des tiroirs quand Benjamin Desmares le propose aux éditions du Rouergue. « “Il manque un truc”, a remarqué mon éditeur habituel. J’étais d’accord, j’avais le sentiment de ne pas être allé au bout de ce texte. J’ai ajouté des éléments qui manquaient, et les engrenages se sont parfaitement mis en place. »
« Ça faisait longtemps que je voulais explorer le thème du voyage dans le temps, surtout après avoir lu “22/11/63” de Stephen King. Le titre m’était venu trois ans avant que je me mette à écrire l’histoire. »
La fin d’un autre roman
Benjamin Desmares avouait en fin de semaine dernière être en train de « mettre la patte finale à l’écriture d’un roman commencé en 2019, que j’ai arrêté plus ou moins à un moment, un gros pavé jeunesse. J’en ai commencé un autre », sourit l’ex-étudiant d’arts plastiques, qui a exposé ses dessins l’été dernier à la librairie La Grande Évasion, et qui les publie régulièrement sur son compte Instagram. « Je suis parti sur une histoire d’horreur, qui devient un roman d’aventures », confie celui qui a composé spécialement une superbe nouvelle sur le thème des vampires dans l’anthologie “V” concoctée par le redonnais Yves Letort, où il côtoie son compère redonnais lui aussi Patrick Denieul.
À lire aussi
- Quatre auteurs de Redon dans l’anthologie “V” sur les vampires : dédicaces le 5 novembre à Libellune
Benjamin Desmares a une autre actualité : son roman “Des poings dans le ventre” sera joué pour la première fois sur scène ce vendredi 3 février à Orléans. Une initiative de Bastien Crinon de l’Aurachrome Théâtre. Il a assuré l’adaptation et jouera accompagné sur les planches par le contrebassiste Jean-Claude Olésak, désormais installé à Redon. « Mon roman devient un seul en scène de 40 minutes. » On n’attend plus que de le voir joué sur l’une des nombreuses scènes du Pays de Redon !