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La prostitution à Lyon bientôt réglée grâce aux All Blacks ?

Un mercredi de février. Il est 17h30, le soleil commence à se coucher à la Plaine des jeux de Gerland. Des dizaines de jeunes s’entraînent sur les terrains de ce complexe sportif du 7e arrondissement de Lyon. Clubs d’athlétisme, de football, de rugby ou encore de tennis de table… « Au total, il y a environ 1.000 enfants inscrits, de 4 à 18 ans, qui viennent chaque jour de la semaine, entre 17h et 20h30 », indique Olivier, père d’un jeune rugbyman. Avant d’ajouter : « Et ils ont pris l’habitude de devoir s’entraîner avec les prostituées. »

Sur la pelouse, l’homme regarde le match mais aussi les dizaines de voitures qui ralentissent aux abords des camionnettes. Quelques-unes se garent. « En septembre, les trois rues qui encerclent la plaine étaient remplies de fourgons. On en avait compté 150 », précise ce père de famille qui a lancé une pétition avec des centaines d’autres parents, excédés par la situation. Il y en a désormais une cinquantaine. Depuis le début de l’hiver, ils alertent les pouvoirs publics sur la situation étant « très inquiets pour leurs enfants ».

La ville ne veut pas « déplacer le phénomène »

« Le problème, c’est tout ce que ce que cette activité induit comme la violence, des proxénètes et de la drogue, expose le papa. Une fille de 11 ans s’est fait suivre par un client. Des enfants voient des femmes nues, des hommes qui se masturbent. Des voitures de parents se font braquer. » Le collectif demande de « mettre un terme immédiatement et définitivement à ces activités ». Il assure ne « rien avoir contre ces femmes » mais « craint qu’un drame se produise », souligne Olivier.

« L’urgence dure depuis des années », répond Mohamed Chihi, adjoint au maire de Lyon, délégué à la sûreté, à la sécurité et à la tranquillité. Il cite la stratégie des mandats précédents qui n’a fait que « déplacer le problème » à coups « d’arrêtés interdisant le stationnement des camionnettes de prostituées ». « Nous n’avons touché à aucun arrêté mis en place, ce qui fait que l’ensemble de la zone est couvert excepté une partie de l’allée Pierre de Coubertin, mais nous n’allons pas continuer sur ce terrain-là, affirme l’adjoint. On ne combat pas le proxénétisme par des arrêtés anti-stationnement. Ce n’est pas de cette manière que la prostitution disparaîtra, la preuve. »

Des patrouilles de policiers pour résoudre le problème

L’élu rappelle que « les patrouilles des policiers municipaux sont extrêmement nombreuses » pour « faire partir les véhicules des axes non autorisés » et pense qu’il faut « appliquer plus durement la loi de 2016 en verbalisant les clients », ce que « seuls les policiers nationaux peuvent faire ». Il développe : « Plutôt qu’opérer la contrainte sur les clients, nos prédécesseurs ont contourné l’esprit de la loi, qui visait à protéger ces femmes, et ont fait peser la responsabilité sur ces victimes d’un système. Ce ne sera pas notre cas. »

Mais alors, comment protéger les prostituées tout en préservant les enfants ? « On ne peut pas balayer la problématique pour la mettre sous d’autres yeux », exclut d’emblée l’adjoint. Dans cette optique, la municipalité écologiste se concentre, « depuis son arrivée en activité », à « la sécurisation des lieux ». Afin d’ « éviter toute situation de cohabitation » et « mettre à l’abri » les gamins, l’un des parkings a été condamné. « On veut favoriser l’accès des terrains par l’avant de la plaine », précise Mohamed Chihi. Ainsi, les petits sportifs ne passent plus près des camionnettes.

La construction d’un muret et d’une clôture « robuste » tout au long du complexe est également en cours. « Elle devrait être terminée en fin de trimestre. Toutefois, ce mur n’est pas une réponse au phénomène de prostitution mais une réponse aux intrusions et aux détériorations, signalées par des clubs dès le début de mandat », insiste l’élu.

Une situation « urgente » face à l’accueil des Néo-zélandais

La situation semble s’être apaisée depuis le début de l’année. Lors de ce soir de février, Olivier reconnaît « un nettoyage » des rues. « Une bonne cinquantaine de camions est encore présente sur Jean-Bouin », montre-t-il tandis qu’un véhicule de police municipale contrôle une voiture près d’une camionnette. Quelques minutes plus tard, c’est un véhicule sérigraphié « police nationale » qui demandera à trois fourgons blancs de se déplacer.

Mais les inquiétudes du père de famille restent irrésolues. Il s’est aperçu que lorsque avaient lieu des rencontres sportives du Lou, l’équipe de rugby lyonnaise, la mairie prenait des arrêtés. « Hop ! Les soirs de matchs les fourgons disparaissent miraculeusement avant de revenir les jours qui suivent, s’énerve-t-il. On comprend donc que les événements sportifs passent avant la sécurité de nos enfants ! »

Quid alors de la Coupe du monde de rugby dans quelques mois et l’accueil des All Blacks, l’équipe néo-zélandaise, à Gerland ? L’adjoint à la sécurité avoue que la « situation est urgente ». « La cohabitation entre ces publics [les prostituées et les joueurs] n’est pas souhaitable, ça montrerait une image déplorable de la France », reconnaît Mohamed Chihi. « On travaille dessus en collaboration avec les services de l’Etat pour amorcer la situation, tout en évitant de pousser la misère ailleurs sans jamais la traiter », conclut-il sans apport de réponse concrète.

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