Par Sophie Carbonnel
Pour la Saint-Valentin, l’Association de victimes de violences intrafamiliales de Charente-Maritime a disposé, à La Rochelle, autant de croix blanches et de roses que de victimes tuées par leur conjoint en 2022 et 2023
Angélique, Catherine, Valérie, Éva et plus d’une centaine d’autres n’auront pas droit à un dîner au restaurant ou à un bouquet de fleurs ce mardi 14 février pour la Saint-Valentin. Toutes ces femmes sont mortes, tuées par leur conjoint. Pour ne pas les oublier, l’Association de victimes de violences intrafamiliales (Avvif) de Charente-Maritime a organisé une action cours des Dames à La Rochelle à 17 heures. Le lieu choisi est hautement symbolique.

Romuald Augé/ « SUD OUEST »
111 croix blanches avec un prénom et surmontées d’une rose pour les 111 femmes victimes en 2022 et 17 autres pour celles de 2023 ont été érigées. « Nous voulons sensibiliser, explique Noémie Ripaud, membre de l’association. L’année 2023 commence vraiment très mal. »
L’an dernier, selon les chiffres de la préfecture, 2 028 faits de violences intrafamiliales ont été enregistrés par les services de police et de gendarmerie en Charente-Maritime. C’est 2,27 % de moins qu’en 2021 et 19,36 % de plus qu’en 2019, dernière année de référence. Elles représentent 34,41 % des atteintes volontaires à l’intégrité physique. En 2022, la juridiction de La Rochelle a compté quatre homicides dont deux conjugaux.
Un « violentomètre »
Malgré les mesures prises et l’amélioration de la prise en charge des victimes par les forces de l’ordre (654 gendarmes sur les 750 du groupement de Charente-Maritime sont formés aux violences intrafamiliales), les statistiques ne sont pas bonnes. Les femmes ont toujours peur d’aller déposer plainte. « Nous venons en soutien de ces victimes pour les accompagner », ajoute Noémie Ripaud. Forte d’une quinzaine de membres, l’Avvif 17 poursuit ses actions de prévention et de formation.
Sur le cours des Dames, les curieux s’arrêtent. Les bénévoles engagent la conversation avec eux. Ils distribuent également des « violentomètres », un outil pour « mesurer si la relation amoureuse est basée sur le consentement et ne comporte pas de violences ». Sous forme de tableau, on peut y voir une échelle des situations dans le couple qui peuvent mener jusqu’à une mise en danger.