Saad Lamjarred, 37 ans, , adulé au Maroc et connu dans tout le monde arabe, a aussi été accusé de viols à New York, Casablanca et Saint-Tropez. Dans cette dernière affaire, il a été renvoyé devant la cour d’assises du Var pour viol, selon un arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence datant de novembre 2021 que l’avocat général Jean-Christophe Muller – qui représente l’accusation à Paris – a fait verser aux débats mardi soir. La date du procès n’est pas encore connue.
Dans l’affaire de Saint-Tropez, la plaignante avait déclaré aux enquêteurs avoir rencontré Saad Lamjarred dans une célèbre boîte de nuit. Elle l’avait plus tard suivi à son hôtel, seulement dans l’intention d’y boire un verre, selon elle. Quand Saad Lamjarred a essayé de l’embrasser et qu’elle a refusé, « son visage a changé », avait-elle déclaré aux enquêteurs.
« Choquée »
Il l’aurait alors brutalement poussée sur le lit et se serait couché sur elle en lui maintenant les poignets, l’aurait déshabillée et lui aurait imposé un rapport sexuel. Elle, « tétanisée », s’était sentie « incapable de lui résister physiquement ». Une amie, venue la chercher, l’avait retrouvée « choquée », le « regard vide », et un employé de l’hôtel avait décrit une femme « anéantie », qui « tremble et sanglote ».
Saad Lamjarred a lui affirmé que ce rapport sexuel était consenti, et que la jeune femme avait « beaucoup » apprécié. Dans le téléphone du chanteur, les enquêteurs avaient trouvé un message d’une autre jeune femme parlant de violences. Entendue, elle avait elle aussi dénoncé des faits de viol dans des circonstances similaires.
Quand le document de renvoi aux assises a été distribué à l’audience, l’un de ses avocats l’a jeté au sol, furibond. Cet arrêt est effectivement très embarrassant pour le chanteur, tant les faits reprochés ressemblent à ceux jugés à Paris.
Des faits que Saad Lamjarred a exposé ce mercredi, au troisième jour de son procès. Il avait prévenu la veille : sa version est complètement différente de celle de Laura P. Pas de viol, pas de relation sexuelle, « jamais », jure le chanteur, sous le regard atterré de celle qui l’accuse.
Il est 18 heures quand la pop star s’avance à la barre, dans une petite salle d’audience remplie de curieux et de fans. Comme l’avait fait Laura P. la veille, il revient dans le détail sur ce mardi soir d’octobre 2016. Au début, leurs versions correspondent : la rencontre dans une boîte de nuit huppée de la capitale, la soirée qui se poursuit avec un premier « after », avant de continuer à son hôtel.
Versions bien différentes
À l’aise à la barre, presque souriant, Saad Lamjarred décrit le trajet en taxi. « On se tient la main, je la complimente sur sa beauté ». « On se fait des câlins, pas des câlins amicaux », insiste-t-il. « On se plaisait, ce n’était pas juste physique, j’aimais sa personnalité même si nous n’avions parlé que pendant deux heures ».
Dans la chambre, ils dansent, ils discutent. Puis elle lui dit « désolée, je ne pouvais pas t’embrasser devant tout le monde », et Saad Lamjarred prend ça comme un « signe ». Il se penche, l’embrasse, « un long baiser ». C’est ici que leurs récits se séparent radicalement.
« Et là tout à coup, il a poussé ma tête qui a cogné par terre », avait raconté Laura P. à la barre mardi, tremblante et en larmes. La jeune femme, 20 ans à l’époque, avait ensuite décrit ses cheveux qu’il avait tirés, à califourchon sur elle malgré ses refus répétés.
Selon elle, il l’avait déshabillée de force, puis avait léché son corps avant de lui infliger un premier coup de poing, puis deux pénétrations digitales, vaginale et anale, et une brève pénétration pénienne. Elle avait ensuite réussi à le repousser en le mordant dans le bas du dos. Saad Lamjarred raconte, lui, qu’ils étaient en train de se déshabiller quand il avait senti une « griffure très douloureuse dans le dos ».
« J’ai fait quelque chose que je regrette, je l’ai poussé au visage brutalement. C’était un réflexe involontaire, je n’en suis pas fier », dit le chanteur. Puis le chanteur se fait encore plus solennel : « Mme la présidente, je le dis aujourd’hui et je le dirai jusqu’à mon dernier souffle, moi, Saad Lamjarred, je n’ai jamais pénétré Laura P., de quelque manière que ce soit ». Sans se retourner, il s’adresse à elle. « Je suis désolé pour ce réflexe de violence, je ne voulais pas te faire pleurer », dit-il.
Et puis la voix de Saad Lamjarred se brise. « Par contre, mon futur, ma famille, ma vie, ma réputation… nous sommes tous les deux dans de mauvaises situations. J’essaie de sourire, de faire des vidéos, mais je n’ai pas envie de sourire », gémit dans un sanglot le chanteur, appuyé à la barre. « Mais ta gueule », entend-on murmurer sur le banc des proches de la partie civile.