Par SudOuest.fr avec AFP
La pop star de 37 ans, adulée au Maroc et célèbre dans tout le monde arabe, doit comparaître devant la cour d’assises pendant cinq jours
Le procès du chanteur star marocain Saad Lamjarred, 37 ans, accusé d’avoir violé et frappé une jeune femme dans une chambre d’hôtel en 2016 à Paris, s’ouvre lundi dans la capitale pour cinq jours. Il encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
Âgée de 20 ans Laura P. raconte avoir suivi le chanteur et un couple d’amis à un « after », après avoir fait leur connaissance en boîte de nuit. À la fin d’une soirée chargée en alcool et cocaïne, elle a accompagné Saad Lamjarred à son hôtel. Sur place, ils ont bu du champagne, dansé, se sont embrassés.
« No proof »
Puis, selon son récit aux enquêteurs, il est devenu plus entreprenant et elle s’est dérobée. Il l’aurait alors saisie par les cheveux, avant de s’allonger sur elle, de déboutonner son pantalon et de lui lécher le corps. Comme elle se débattait, il lui a donné un coup de poing, a-t-elle déclaré. Il l’aurait ensuite pénétrée brièvement alors qu’elle le repoussait, le mordant et le griffant, avant de la frapper encore.
Laura P. a expliqué avoir réussi à lui échapper et lui avoir dit qu’elle porterait plainte : il lui a alors offert de l’argent et un bracelet, selon elle. Avant de la renverser sur le lit et de l’agresser à nouveau.
Des employés de l’hôtel ont relaté avoir recueilli une jeune femme au t-shirt déchiré « en pleurs », « terrorisée », et stoppé l’homme vraisemblablement ivre qui la poursuivait. « No proof » (pas de preuve), aurait lâché Saad Lamjarred avec un sourire arrogant, selon un agent de sécurité.
« Ego surdimensionné »
Le chanteur a lui soutenu qu’il n’avait fait que se défendre quand Laura P. l’avait subitement attaqué alors qu’ils s’embrassaient en se déshabillant. Il a contesté toute pénétration et s’est dit « incapable » de frapper une femme. Il ne l’aurait poursuivie que pour éviter le « scandale » car il était connu.
Ses avocats, Jean-Marc Fedida et Thierry Herzog ont affirmé que Laura P. s’était rendue volontairement dans la chambre, qu’elle n’avait pas clairement manifesté son absence de consentement, et qu’aucun élément ne prouvait qu’il y avait eu pénétration.
L’expert psychiatrique qui a examiné la star pendant l’enquête a décrit un homme au comportement « immature », doté d’un « ego surdimensionné qui limite sa tolérance aux frustrations ».
Accusé d’autres viols
Incarcéré dans la foulée, il a été libéré sous bracelet électronique en 2017, avant d’être à nouveau brièvement placé en détention en 2018 car mis en examen pour le viol d’une autre jeune femme à Saint-Tropez.
Au cours de l’instruction, il a été mis en examen pour une autre affaire, jointe au dossier : il était accusé d’avoir violé et frappé une jeune femme à Casablanca en 2015, dans des circonstances similaires. La plaignante s’est ensuite mise en retrait de la procédure en évoquant de lourdes pressions familiales et le juge a ordonné un non-lieu.
Saad Lamjarred a aussi été mis en cause pour viol aux États-Unis en 2010 dans des circonstances proches. Les poursuites ont été abandonnées après une transaction dont le montant n’a pas été dévoilé.