
Cent pour cent d’augmentation sur la facture d’électricité pour Loudéac en 2023… C’est l’estimation du SDE 22, le syndicat en charge du groupement de commandes en énergie dont dépend la ville.
Grâce à sa chaufferie bois-gaz et à son réseau de chaleur, la ville du Centre-Bretagne est relativement épargnée pour ce qui est des dépenses de chauffage d’un certain nombre de ses 77 bâtiments. Reste que ces derniers représentent tout de même 60 % du montant global de la dépense en énergie électrique.
Il est encore possible d’agir sur les mesures d’isolation, de s’assurer que le personnel municipal respecte les gestes « anti-gaspi« , etc. mais le poste principal sur lequel la municipalité peut agir efficacement dés aujourd’hui, c’est celui de l’éclairage public.
2540 lampes (dont 15 % sont des leds) éclairent les rues de la commune en consommant 815 000 kWh par an pour un coût de 122 270 € l’année dernière. Un coût qui doit doubler, donc cette année, à moins de réduire drastiquement cette consommation.
Philippe Presse, maire adjoint en charge des travaux ne se fait pas d’illusion, cependant : « On aura une augmentation, c’est certain, mais nous allons essayer de limiter cette augmentation ».
Extinction à 23 h

C’est pourquoi, à compter du 25 et du 26 janvier 2023, la municipalité va expérimenter une réduction de la durée de l’éclairage public. Une heure de moins dans les lotissements (extinction à 21 h 30 au lieu de 22 h 30). Dans le centre-ville, là où il y aurait le plus d’économies à faire, les luminaires s’éteindront de 23 h à 4 h du matin en semaine (du dimanche au jeudi), afin d’assurer la sécurité des nombreuses personnes qui se rendent au travail à cette heure-là dans les usines qui tournent en 3-8.
Les vendredis et samedis, l’éclairage fonctionnera jusqu’à 1 h 30 et sera interrompu jusqu’à 6 h 30.
Les bâtiments comme l’église, la mairie et la chapelle Notre-Dame-des-Vertus ne seront plus éclairés après 21 h 30, sept jours sur sept.
Jusqu’à 100 000 € d’économie
La municipalité a calculé qu’en procédant ainsi elle parviendra à diminuer de 44 % sa consommation et réaliser ainsi « une économie de 50 000 € à 100 000 €, en fonction de l’engagement de l’Etat ». Elle devrait également bénéficier de mesures d’aides gouvernementales (« amortisseur électricité », « bouclier tarifaire offre de marché ») mais à ce jour, « les modalités ne sont pas encore toutes arrêtées ».
Loudéac consacre à l’énergie (fioul, bois, électricité) un budget annuel de 600 000 €, dont 400 000 pour l’électricité. « Nous allons sans doute devoir y ajouter 300 000 €« , craint Anthony Kerichard, le directeur des services techniques. Pour le moment, le contrat garantit des prix fixes du gaz jusqu’à la fin 2023. Mais il s’attend par ailleurs à une hausse « pas négligeable » en 2024.
« On sera attentifs aux éventuelles conséquences en matière de sécurité »
Loudéac dans le noir : risqué ?
« Le noir est anxiogène, on en est bien conscients », admet le policier municipal Olivier Gilbert, bien placé pour le savoir à l’occasion de certaines rondes nocturnes. La réduction de l’éclairage public « entraînera fatalement un sentiment d’insécurité » chez une partie des Loudéaciens. Un « sentiment » à relativiser, cependant. Il rappelle qu’à Loudéac, la délinquance de rue est très peu présente. « Mais si d’aventure, on observait une recrudescence de ce fait à certains endroits, on reviendrait bien sûr sur certaines choses. Rien n’est figé et la priorité reste la sécurité. Des personnes, d’abord et des biens ensuite. Cela passe avant tout ».
Mais il n’est pas du tout établi de relation de cause à effet entre baisse de l’éclairage public et hausse de la délinquance. Olivier Gilbert en est convaincu : « Je dis toujours que la lumière attire les papillons… »