Il est le cinquième français (sur dix) être parti dans l’espace. Jean-François Clervoy y a effectué trois missions, entre 1994 et 1999. À Midi Libre puis en conférence, ce samedi, il a livré plusieurs de ses réflexions. Morceaux choisis…
1. La couche d’ozone qui se résorbe : « La science arrive à trouver des solutions »
« Ma première mission (Atlas-3, novembre 1994, NDLR) était dédiée à l’étude de la composition de l’atmosphère terrestre, et notamment, le trou d’ozone. Les instruments qu’on a mis en œuvre, les satellites qu’on a largués ont contribué à affirmer le rôle des CFC (chlorofluorocarbones) dans la variation de la densité d’ozone, même si la concentration a toujours fluctué. Les CFC ont été interdits et on constate depuis un moment que le trou d’ozone se résorbe. La science arrive à trouver des solutions. Je suis de nature optimiste : au pied du mur, l’être humain est capable de faire ce qu’il faut. «
2. La Lune, une étape vers Mars
« La Lune, on y retourne d’abord en la considérant comme lieu de répétition et d’entraînement de ce qu’on veut faire un jour sur Mars. Le jour où on enverra des humains sur Mars, ils ne verront plus la Terre. Ils ne pourront plus converser avec les humains. Et s’il y a une catastrophe, il n’y aura aucun retour possible d’urgence. C’est pourquoi je milite pour qu’on puisse pouvoir partir sur Mars, un jour, à plusieurs vaisseaux. »
3. Corriger les erreurs pour éviter les catastrophes
« Mes trois vols spatiaux ont eu lieu entre les deux catastrophes de la navette spatiale Challenger (1986) et celle de Columbia (2003). Dans ces deux cas, on a perdu l’équipage et le vaisseau. Bien sûr les catastrophes existent. Mais dans nos sessions d’entraînement, de préparation, on nous explique tous les incidents graves qui ont eu lieu et ce qu’il faut corriger pour que ça n’arrive plus. »
4. La Terre, « un spectacle hallucinant de beauté »
« Quand vous êtes dans l’espace et que vous regardez la Terre, vous êtes ému, car c’est un spectacle hallucinant de beauté. On fait 16 fois le tour du monde par jour ! On se dit quelle chance on a d’être apparu sur elle ! Comparativement, Mars, est de très loin plus hostile que l’endroit le plus hostile sur Terre ! En vérité, la Terre, elle nous survivra. C’est nous qui sommes fragiles. »
5. Apprendre à vivre ailleurs
« Même si l’humanité arrivait à se rendre pérenne, elle ne pourrait plus vivre, à terme sur Terre. Le soleil, il lui reste 4,5 milliards d’années à vivre. Et avant, il deviendra une géante rouge. D’ici un milliard d’années, la Terre sera inhabitable. Et d’ici là, il y aura peut-être d’autres impacts d’astéroïdes, d’autres supervolcans… Si on n’a pas appris à vivre ailleurs, il n’y aura plus d’humanité. »
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