
Alors qu’Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se déchiraient pour la place de 1er secrétaire du Parti Socialiste, une centaine de militants et sympathisants étaient réunis dans le hall de de la salle des fêtes des Andelys (Eure) pour assister aux vœux de l’association « Les Andelys ensemble ».
Après trois années sans cérémonie de ce type, Martine Seguela, conseillère municipale et régionale, avait choisi de ne pas rédiger un discours mais de faire quelques repères.
Durant un peu plus d’une demi-heure, l’élue a évoqué son rôle au Conseil régional de Normandie, le travail du groupe d’opposition Les Andelys ensemble au sein du Conseil municipal des Andelys mais aussi les actions passées et à venir menées par l’association.
Le système Morin
Martine Seguela, qui appartient au groupe « La gauche normande » au sein du Conseil régional, a dénoncé le système instauré par le président Hervé Morin.
« Hervé Morin a dû lire le mot démocratie il y a longtemps. Il en a oublié la notion de débat démocratique. Le budget de la Région d’un montant de 2 milliards d’euros c’est 2 h 30 de débat et chaque groupe d’opposition a 15 minutes de prise de parole. Cela ne me semble pas être respectueux de la démocratie et des électeurs que nous représentons ».
La 2e chose qu’elle défend au sein de la Région c’est la mobilité par le train.
« Dans le département de l’Eure, il y a de gros problèmes. Nous voudrions qu’au lieu d’acheter de superbes voitures dans lesquelles vous allez être assis pour prendre le train, enfin quand il ne les a pas supprimés, c’est de remettre en marche des voies ferrées pour faire Verneuil-Évreux-Rouen. Ce qu’on aimerait bien aussi c’est qu’à la gare de Gaillon-Aubevoye, le bus Nomad de la Région ne parte pas 2 minutes avant que le train arrive. Cela pose un réel problème parce qu’il faut que l’on arrive à désenclaver notre ville ».
À propos de la commission Éducation, Formation professionnelle dans laquelle elle siège, la conseillère régionale s’intéresse aux lycées, à ce que l’on mange dans les lycées avec notamment le plan Manger normand. « C’est bien sauf qu’il y a 4 % de produits de l’agriculture bio qui sont dans les menus de vos enfants ».
Martine Seguela a insisté sur le rôle fondamental que joue la Région dans le quotidien de chacun à travers l’aménagement du territoire, le développement économique, les fonds européens, l’agriculture et la pêche.

Le retour des cafés citoyens
Les Andelys ensemble comporte deux volets, le premier est associatif et le deuxième municipal. En ce qui concerne l’association, elle a organisé plusieurs cafés citoyens en 2022.
« Nous avons renoué avec ce qui était notre ADN en 2019 grâce à la brasserie Nicolas-Poussin qui nous accueille. Nous bénéficions du hall de la salle des fêtes ce soir mais nous n’aurons plus le droit de louer une salle pour le restant de l’année ».
Martine Seguela a salué les associations andelysiennes que l’auditoire a chaleureusement applaudies. « On a fêté les 100 ans du CSA, on a retrouvé notre foire à tout avec l’Ucial même si c’était peut-être à parfaire ».
2022 ça a été aussi des inquiétudes avec l’entreprise Holophane. « Ce qui constitue notre ADN industriel, le travail du verre que j’admire tant s’est retrouvé dans la tourmente. La rencontre avec les syndicalistes, le placement en redressement judiciaire et une angoisse ».
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Elle a évoqué la vie chère, les files d’attente dans les stations-services.
« Malgré tout, l’association est restée à vos côtés avec trois actions majeures. En mars, il y a eu la soirée ‘Mots de femme’ au cours de laquelle des lectures de textes de femmes ont eu lieu. Mais cette soirée a permis à des personnes de parler des maux de femmes ce qui a été très émouvant ».
Quelques jours plus tôt, une rencontre avait été organisée avec les commerçants pour échanger sur la façon de dynamiser le commerce local mais aussi sur la place du marché, les places de parking, les relations avec la municipalité. En novembre, l’association a parlé des économies d’énergie et des écogestes.
« C’était un café citoyen très intéressant au cours duquel nous avons rencontré beaucoup de personnes que l’on ne voit pas d’habitude ».
Que sera 2023 ?
En 2023, l’association Les Andelys ensemble entend proposer plusieurs cafés citoyens dont les dates restent à définir. Cela commencera en mars avec une soirée Mots de femmes. « Nous estimons qu’aujourd’hui il faut que cette place existe aux Andelys. Nous avons besoin de poser non pas le féminisme comme quelque chose de réducteur mais comme quelque chose qui est porteur de sens, d’avenir et de vie sociale », précise Martine Seguela.
Une 2e soirée sera consacrée à la désertification médicale avec des intervenants qui connaissent bien le sujet, des médecins viendront en parler.
La 3e thématique abordée sera la ville de demain. « Nous vous inviterons à dire quelle ville vous souhaitez pour demain ».
Du côté de l’équipe municipale, plusieurs choses lui tiennent à cœur. « Nous avons suggéré à la majorité que ce n’était pas le regroupement des écoles Debré et Blanchard qu’il fallait faire mais plutôt celui des écoles Ferry et Lefèvre. On aimerait bien être entendu dans la commission Éducation. On aimerait également faire des propositions à la mairie concernant la création d’un centre culturel aux Andelys parce qu’on en a besoin. La 3e chose c’est une maison de santé pluriprofessionnelle et on avait envisagé de la mettre dans l’ancien hôpital une fois qu’il aura déménagé. Nous allons insister pour la végétalisation des cours car il n’y a pas beaucoup d’arbres mais il y a des enfants ».
« Apporter la contradiction »
Le groupe d’opposition municipale Les Andelys ensemble est composé de 4 élus sur 29. « C’est pas facile », a-t-elle indiqué en soupirant.
Et l’élue de préciser : « Notre rôle consiste à apporter la contradiction. Il faut dire quand il y a des choses qui vont ou qui ne vont pas. Et quand ça va bien on le dit aussi ».
Concernant la majorité de Frédéric Duché, elle a commencé par faire un constat d’échecs.
« Les friches en ville sont persistantes, le projet d’institut de la gastronomie ne va pas se faire même si ce n’est pas du fait de la municipalité, car le groupe Joël Robuchon International ne viendra pas. L’audit bâtimentaire a révélé qu’il faudrait 26 millions d’euros pour mettre aux normes ces structures vieillissantes que sont les gymnases, les écoles. Bien évidemment nous ne les avons pas ».
À propos du budget communal 2022 qu’elle a qualifié de « session de rattrapage », Martine Seguela a affirmé :
« En gros, on a remis dans le budget tous les trucs que l’on n’avait pas fait avant. Il va sans dire que nous avons voté contre. 2022 n’a pas été l’année d’un gros projet environnemental. Pas de végétalisation des cours d’écoles, pas de plantation d’arbres, ah si sur la place Nicolas-Poussin. Je pense que quand j’aurai 90 ans j’aurai un peu d’ombre parce que je suis petite ».
Elle s’est félicitée de la création du Conseil de développement environnemental et du travail effectué sur la trame noire. « L’extinction de l’éclairage public la nuit, c’est bien. Et ça permet d’économiser 70 000 € ».
Elle a pointé du doigt le recours à l’emprunt pour 1,2 million d’euros « car la Ville n’a pas les finances pour faire face à toutes ses obligations ».
Pour Martine Seguela, la faute en incombe au réaménagement de la place Nicolas-Poussin qui a coûté 3,2 millions d’euros dont 2,2 millions d’euros pour la Ville. « Ça plombe un peu car le budget, fonctionnement + investissement, c’est à peu près 16 millions d’euros. Tout ça pour des places de stationnement trop petites, de la minéralité, de l’artificialisation des sols, de la végétation arbustive et un piéton oublié ».