
Séance insolite à l’école Françoise-Dolto lundi 27 février 2023. Claire Dequero, professeure des écoles, était retenue par des parents d’élèves furieux de la fermeture annoncée d’une classe.
Alors que l’enseignante reprenait le chemin de l’école après deux semaines de vacances, elle ne s’attendait pas à une rentrée si mouvementée, ou calme, cela dépend de quel côté vous vous placez. « C’était la surprise », glisse la maîtresse d’école devant des parents plutôt fiers de leur coup !
« Pas une prise d’otage »
A 8 h, les parents d’élèves ont pris possession de sa classe et ont enfermé avec eux Claire. « On est venu assez tôt pour un petit blocus symbolique. Ensuite, nous sommes rentrés dans la salle de classe », explique Léa Bodénan.
« Nous voulons rentrer dans un réel dialogue. Nous ne pouvons nous contenter de chiffres qui sont plus que discutables. »
Autour d’une petite table, en compagnie de Renaud Cousin, ils partagent leur repas avec Claire. « On avait pris des provisions, ce n’est pas une prise d’otage non plus », sourient les acteurs en colère.
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Rejoints par Guillaume Orsal, ce sont des tours de garde qui s’organisent pour occuper la classe. « Nous sommes là entre 12 h et 14 h, ensuite, d’autres parents prendront le relais. Nous serons une dizaine dans la journée à être passée. » Toujours par binôme.
La vitesse supérieure
Sur la porte de la classe, l‘affichage est clair, pancartes, et même long texte citant les arguments de l’incompréhension de cette fermeture de classe sont placardés. Ce n’est pas la première fois que les parents de cette école s’unissent pour faire face à la décision de l’Éducation Nationale.
Les actions s’enchaînent même. Il y avait eu une manifestation devant l’école, ils avaient ensuite passé les portes de l’établissement pour un sit-in. Les voilà maintenant dans une salle de classe. « On passe la vitesse supérieure, et on a bien l’intention de continuer. Il y en aura d’autres », promet Léa qui dénonce les mêmes problèmes depuis des semaines.
Avec cette occupation, « nous voulons montrer dans quelles conditions évolueront les enfants et les professeurs l’année prochaine ».
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Renaud Cousin, tient à ajouter, « qu’est-ce que ce sera l’année prochaine quand un professeur sera malade ? Cela arrive et c’est presque normal ! Ils vont être 35 par classe, c’est délirant », s’agace-t-il en croquant un sandwich.
Les portes fermée et condamnée
La directrice, Julie Marey, est venue prendre connaissance de ces actes ce lundi matin « avant de prévenir l’inspection », informent les parents. Elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus, les parents étant reclus dans cette salle de classe. Pour la porte d’entrée, le verrou a suffi. Mais, « nous avons condamné la porte entre les deux salles de classe avec des chaises, des tables… »
Que veulent-ils réellement ? Sauver la classe, c’est une certitude. Mais, déjà, un peu de considération dans un premier temps.
On inonde de mails l’inspection, nous n’avons aucune réponse. Nous voulons rentrer dans un réel dialogue. Nous ne pouvons nous contenter de chiffres qui sont plus que discutables.
Quant à Renaud, il précise : « c’est du jamais vu ce mouvement d’ampleur de fermetures. Ils veulent l’égalité des chances, mais ne font rien pour. C’est comme la fermeture des lits dans les hôpitaux… Nous ne faisons pas ça que pour nos enfants, c’est aussi pour les autres, et ceux qui vont arriver ».
« On ira encore plus loin »
Plus introspectif, Guillaume lance : « je me suis mis à leur place, je me demande ce que j’aurais fait. Ce n’est pas le blocage d’une classe qui leur fait peur. Ils gagnent toujours au final, ils font la technique de l’essoufflement ».
A Dolto, on espère tenir coûte que coûte. Et quelques idées émergent pour la suite : « on ira encore plus loin avec une occupation nocturne, ou de deux classes en plein cours, un blocus complet… »
Voyant la même situation du côté de Cloyes-sur-Loir, avec des parents vivement engagés également, le petit collectif nogentais a pris contact avec eux. « Peut-être qu’à plusieurs, on aura plus de poids… » Qui ne tente rien…
Dans tous les cas, un prochain rassemblement est déjà prévu mardi 7 mars 2023 devant l’inspection de Nogent-le-Rotrou.