Michel Cointat (1921-2013) a quitté Fougères en 1993, mais son empreinte est encore bien nette dans la ville dont il fut député-maire.
Empreinte matérielle, à travers des équipements construits ou restaurés à son initiative. Ce sont le centre culturel Espace III, les Urbanistes, la base de Chênedet, l’ancienne Aumaillerie, le parking sous terrain de la Douve…
Empreinte politique, aussi, pour celui qui fut maire pendant douze ans, député pendant vingt-six, et deux fois ministre.
Autant dire que le livre que vient de lui consacrer son second fils, Alain Cointat, intéressera les lecteurs fougerais. Ils y redécouvriront que le maire de leur ville réussit un long « itinéraire d’un homme politique, de De Gaulle à Mitterrand », comme le dit le sous-titre de l’ouvrage.
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Poète, résistant, forestier, ministre
Écrire une biographie de son père ? Alain Cointat se lance dans l’exercice en parlant…poésie, l’autre passion de son père.
Il évoque aussi des moments forts de l’enfance de Michel Cointat, comme cette broncho-pneumonie qui faillit l’emporter.
Ou bien cette tragique nuit du 6 février 1934, à Paris : à 13 ans, rentrant chez lui, le jeune Michel Cointat fut surpris par l’émeute, qui faillit renverser la République. Un vrai traumatisme.
Michel Cointat avait vingt ans en 1940. C’est l’âge où l’on tombe amoureux. Ce qu’il fit en rencontrant Simone (« Monette ») qui allait devenir sa femme deux ans plus tard.
Mais en 1940, avoir vingt ans c’était aussi être chahuté par l’Histoire. Étudiant à l’école nationale des eaux et forêts à Nancy, puis rapatriée à Paris, le futur maire de Fougères s’engagea dans la Résistance en 1943 (dans les Cévennes).
C’était un jeune marié, un jeune papa (de Christian, né en juillet 43), et un jeune combattant gaulliste.
De Gaulle, l’une des influences déterminantes dans la vie de Michel Cointat. Le récit de la première rencontre imprévue des deux hommes, dans une forêt, est d’ailleurs savoureux.
Haut fonctionnaire au ministère de l’Agriculture (sous Edgard Pisani, puis Edgar Faure), Michel Cointat s’engagea en politique à partie des années 60.
Un engagement dans les partis gaullistes successifs, qui l’amena à être deux fois ministre : de l’agriculture (janvier 1971 à juillet 1972, sous Georges Pompidou), et du commerce extérieur (octobre 1980 à mai 1981, sous Raymond Barre).
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Des campagnes électorales mémorables
Son élection comme député de la 5e circonscription d’Ille-et-Vilaine (celle de Fougères), en mars 1967, est mémorable.
Alain Cointat raconte quelques anecdotes de cette campagne des législatives : les méthodes (et les gros moyens) de Pierre de Bénouville, les passes d’armes avec le député sortant Jean Le Lann, comme cette réunion publique contradictoire dans la mairie de Romagné où chacun finit debout sur une table…
On lit aussi avec intérêt l’évocation d’autres campagnes pour rester député : l’élection à la proportionnelle en 1986 en même temps que Marie-Thérèse Boisseau, le duel perdu contre cette même Marie-Thérèse Boisseau, son ancienne suppléante, en 1993. A 72 ans, « le combat de trop » comme l’écrit Alain Cointat.
L’auteur n’oublie pas les élections municipales. Député depuis quatre ans, Michel Cointat devint maire de Fougères en 1971, succédant à Jean Madelain (sa liste remporta 25 sièges sur 27 dès le premier tour). Réélu en 1977, il fut en revanche battu en 1983, au second tour, par une liste d’union menée par Jacques Faucheux.
Une liste « anti-Cointat, hétéroclite, forgée à la dernière minute », énumère l’auteur.
Avec des candidats de deux équipes : celle de Jacques Faucheux (PS, PCF, écologistes) et celle de Louis Feuvrier. L’occasion pour Alain Cointat d’évoquer les quatre adversaires de son père lors de ces années difficiles pour la ville, plongée dans une grave crise industrielle.
En 2014, la ville de Fougères a baptisé boulevard Michel Cointat son ancienne route d’Ernée. Un symbole, car cet axe mène du centre-ville vers les zones industrielles de la Guénaudière et de l’Ecartelée, images de l’évolution industrielle et économique de la ville à partir des années 70, les années Cointat.
