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L’offre de santé est-elle suffisante dans le Cantal ?

Jean-François Collin, président de l'Ordre des médecins du Cantal:
Jean-François Collin, président de l’Ordre des médecins du Cantal: (©MB)

Et si les maisons médicales cantaliennes devenaient l’eldorado des jeunes médecins attirés par le département le moins pollué de France. C’est en tout cas la tendance que constate l’ordre des médecins du Cantal qui voit le nombre de sa population médicale prendre de la hauteur. Avec une trentaine de nouveaux médecins ces deux dernières années, une vingtaine de maisons de santé, et une politique qui se veut « incitative ».

Le médecin de village remplacé par la maison médicale

Les professionnels de santé sont une population qui évolue depuis une vingtaine d’années. Fini le médecin de campagne qui sillonne les routes en 2 CV à toute heure du jour et de la nuit. « Entre aujourd’hui et il y a 20 ans tout a été chamboulé », souligne Jean-François Collin, président de l’ordre des médecins du Cantal. « Les jeunes médecins veulent une organisation médicale qui leur permet une meilleure prise en charge du patient, une meilleure gestion de leur temps de travail ».

Il est vrai que le nouveau maillage territorial est différent mais cohérent sur l’ensemble du département. « Avec une organisation de la permanence et des soins qui comptent désormais trois grands secteurs de garde, des centres hospitaliers et plateaux techniques de pointe, le GHT Aurillac-Mauriac-Saint-Flour est encore plus performant. Un établissement privé qu’est le CMC complète le plateau technique ».

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Si certaines communes cantaliennes sont sous dotées en offres de soins, les dispositifs mis en place commencent à produire leurs effets.

La population médicale rajeunie et augmente dans les campagnes cantaliennes, alors que la ville préfecture pourrait connaître des difficultés à l’avenir. « Les maisons médicales sont dans l’air du temps et les campagnes constituent un intérêt certain en termes de qualité de vie. Une des possibilités est de proposer un poste de salarié à un médecin qui souhaiterait s’installer. C’est intéressant pour le département et la population médicale en apportant une offre de santé dans des territoires sous-dotés comme le sud Cantal ».

Un manque de médecins à Aurillac

Si la carence de médecins à Aurillac commence à se faire sentir, elle devrait s’accentuer dans les années à venir. « Ce que j’entends c’est que les Aurillacois ont de plus en plus de mal à trouver un médecin et se déportent sur la périphérie. Pour les spécialités, ils vont jusqu’à quitter le département ».

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L’installation de nouveaux médecins vient aussi de tous les problèmes connexes : manque de crèches, d’assistantes maternelles, d’emplois pour les conjoints. Sophie Culson souligne que « la crèche de l’hôpital est déjà remplie, les assistantes maternelles n’acceptent pas forcément les horaires atypiques. Le Conseil départemental a bien mis en place une conciergerie pour les accompagner individuellement, mais quand il n’y a pas la ressource derrière c’est compliqué ».

Le point de vue des pharmaciens

Le réseau pharmaceutique « maille correctement » le territoire avec ses 73 pharmacies, soit une officine pour 2000 habitants.

À Neussargues en Pinatelle, Frédéric Honoré occupe un local partagé avec la maison de santé. Ce pharmacien installé dans ses murs depuis 7 ans sait les difficultés du territoire et des patients parfois éloignés de leurs médecins traitants. « Nous sommes les premiers récepteurs de l’angoisse des malades. Dans ce contexte tendu, parfois nous jouons le rôle de médiateur, pour orienter, conseiller. Parfois nous faisons des avances de produits en attente d’un rendez-vous médical qui peut aller jusqu’à trois semaines après. Dans ce contexte, je vois trop de neussarguais partir consulter loin, et quand on sait que sans médecin sur place, vous perdez la première prescription, ça fait réfléchir ».

La configuration à Neussargues est le parfait exemple de ce que Didier Achalme, président de l’intercommunalité, voudrait voir se développer sur tout le territoire. « Nous avons racheté et réhabilité ces bâtiments en 2017. Nous l’avons proposé aux professionnels de santé. C’est gagnant-gagnant et je souhaite qu’on développe ce modèle-là ».

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Une démographie médicale problématique

Malgré une tendance à la revitalisation, il reste encore beaucoup de zones sous dotés en offres de soins dans le Cantal. Des pans entiers de la médecine sont en tension comme l’ophtalmologie, la gynécologie, la psychiatrie ou encore la médecine d’urgence. Pour Jean-François Collin, « Oui, la couverture n’est pas parfaite, mais la situation s’améliore. Pour la première fois nous sommes en solde positif avec plus d’installations que de départs à la retraite, tout mode d’exercices confondus ».

Multiplication des maisons de santé

Les situations évoluent et la multiplication des maisons de santé y est sans doute pour quelque chose. Le Conseil départemental se positionne avec un programme d’accueil pour les jeunes médecins et leurs familles. « Même s’ils sont des libéraux, les jeunes médecins souhaitent exercer dans de bonnes conditions et en groupe. Les maisons de santé offrent une cohabitation de disciplines intéressante et le salariat séduit de plus en plus la population médicale ».

Alors, les maisons de santé seront-elles les principales actrices du repeuplement médical dans le Cantal ? Pour Jean-François Collin c’est une bonne piste, avec de jeunes médecins qui souhaitent travailler en groupe. La télémédecine et la télé consultation sauront-elles prendre la place qu’elle mérite ? Pour Didier Achalme, le pire est derrière nous. « Le Numerus Clausus est tombé. On a peut-être encore une petite dizaine d’années à patienter », avant de voir toutes les communes cantaliennes retrouver la santé à leurs portes.

Marie Boudon

Un dossier complet est à retrouver dans notre édition de ce jeudi 16 février 2023.

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