
[Article mis à jour le 13 février 2023]. Plus de quatre ans après la mort d’un ouvrier de 45 ans sur un chantier mené sur le terminal méthanier de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), NGE fondations, l’entreprise qui l’employait, a été condamné mardi 7 février 2023 pour homicide involontaire à 75 000 € d’amende par le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire. Les intérêts civils (le montant versé à la famille de la victime) seront débattus le 19 octobre 2023.
Atmosphère pesante lors du procès
Retour sur le procès qui s’est tenu le 10 janvier 2023 :
Un frère qui essuie ses larmes, un autre qui crie sa colère, une sœur qui exprime la douleur de toute sa famille (« Mon frère n’est pas rentré chez lui, mes parents ne s’en remettent pas… »), l’atmosphère est pesante dans la salle d’audience.
« On ne comprend pas »
La victime, un homme de 45 ans, père de deux filles, faisait partie des 800 salariés de l’entreprise NGE fondations, dont le siège est à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), entrée par l’intermédiaire de son frère qui y travaille « et qui culpabilise ».
Ce matin du 22 octobre 2018, des tubes en acier de gros diamètres, ayant été utilisés pour planter des pieux à une quarantaine de mètres, (« une profondeur exceptionnelle », dira son président présent à l’audience), sont retirés avec une grue sur le site du terminal méthanier du port Nantes-Saint-Nazaire à Montoir-de-Bretagne.
Si pour les quatre premiers, tout se passe normalement, lors de l’enlèvement du quatrième, le crochet s’ouvre. La charge de 2,5 tonnes tombe et ne laisse aucune chance au malheureux ouvrier.
« La victime ne devait pas être là »
Sur place, les trois personnes présentes, ayant entre 20 et 33 ans de maison et « très expérimentées », sont unanimes : « On ne comprend pas ». Le chef de chantier est formel : « Le crochet était bien fermé, j’en suis certain ». Sa sécurité n’a pas fonctionné, sachant qu’il avait été visité le 30 août avec une validité de six mois.
Le président de NGE, présent à l’audience, note que la victime ne devait pas être là :
« Dans le cadre d’un levage, on doit sortir de la zone. »
Il poursuit : « Il y avait un plan de prévention et un préventeur, nous avons réalisé ces manœuvres des milliers de fois ».
« Une faute imputable à l’employeur »
L’avocat rennais des parties civiles, Me William Pineau, dénonce « un comportement d’imprudence qui a conduit à une faute inexcusable. Il fallait mettre en adéquation l’engin de levage et la situation du chantier ». Pour lui :
« Il aurait été judicieux d’avoir une deuxième sécurité et la faute est imputable à l’employeur. »
De son côté, le représentant de l’Inspection du travail explique : « Des manilles auraient été préférables. Le crochet constamment en vibration tapait sur le tube, ce qui peut expliquer que le linguet cède au cinquième trou ».
« À Chantier exceptionnel, danger exceptionnel »
La procureure, Mathilde Defretin, reprend les termes du président : « À profondeur exceptionnelle, à chantier exceptionnel, danger exceptionnel. Il fallait un protocole et une formation spécifiques pour le retrait des tubes. Rien n’imposait la présence de la victime à cet endroit à ce moment-là », tance-t-elle. Elle requiert 100 000 € d’amende.
À lire aussi
- Près de Saint-Nazaire, l’entreprise Seveso Yara soumise à de nouvelles astreintes financières
En défense, Me Xavier Pietra, avocat venu d’Aix-en-Provence, s’adresse d’abord à la famille de la victime. Puis, il fait l’analyse des manquements reprochés à la société : « La méthode employée n’a rien à voir avec la victime qui n’aurait pas dû se trouver là. Il y avait un plan de prévention et un préventeur qui n’a rien signalé. Le rapport d’août sur le crochet stipulait que tout était aux normes ». L’avocat a demandé la relaxe.