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Lyon. Camille a changé de sexe : « Je suis une femme, point barre »

Camille a changé de sexe et d'état civil pour devenir une femme.
Camille a changé de sexe et d’état civil pour devenir une femme. (©Ludivine Caporal/actu Lyon)

Plus de 10 ans. C’est le temps qu’il aura fallu à Camille pour se sentir enfin elle-même. Née dans un corps d’homme, la jeune Lyonnaise de 30 ans a effectué une lourde transition pour être, physiquement et légalement, la femme qu’elle a toujours été dans sa tête.

Il y a cinq ans, elle a changé de sexe et d’état civil. Une « renaissance » pour celle qui « ne s’est jamais reconnue en tant que garçon ». 

« Je n’ai rien à cacher »

Assise en terrasse d’un bar de la Croix-Rousse, lunettes sur le nez, Camille arbore un grand sourire. Parler de son histoire en public n’est pas un problème pour elle. Elle s’assume et n’a « rien à cacher ».

Ou presque rien. La seule chose que la jeune femme refuse de dévoiler est son prénom d’avant, celui qu’on lui a assigné à la naissance. « On ne m’a jamais appelé comme ça », justifie-t-elle.

Mis à part ça, Camille n’a aucun mal à dévoiler son parcours. Elle le fait d’ailleurs sur les réseaux sociaux, où elle répond aux questions qu’on lui pose sur la transidentité. Même celles qui font parfois preuve de méchanceté ou de maladresse.

Je veux aussi montrer que j’ai une vie normale et qu’elle ne s’arrête pas à ça. J’ai été une personne trans car j’ai été en transition. Aujourd’hui c’est terminé et je suis une femme, point barre.

Camille

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A 13 ans, Camille « pète un plomb »

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Camille a toujours été très féminine. Elevée et entourée exclusivement par des femmes lorsqu’elle était enfant, elle se sentait « naturellement » l’une d’entre elles, sans jamais se poser trop de questions. Jusqu’à ce que la puberté arrive.

C’est à 13 ans, lorsque son physique commence à changer, qu’elle comprend qu’elle est différente. Qu’elle « n’est pas dans le bon corps ». « J’ai pété un plomb. J’ai fait une dépression. Je ne comprenais pas pourquoi ça arrivait à moi et pas à mes copines », raconte-t-elle.

Un soutien indéfectible de sa famille

Elle cherche alors des réponses sur Internet et découvre qu’elle n’est pas la seule à ressentir « ce mal-être ». « Ça a débloqué quelque chose en moi », avoue-t-elle.

Elle peut compter, à l’époque, sur sa famille et ses amis qui n’émettent aucun jugement. Mieux, ils commencent même à la genrer au féminin et à l’appeler Camille dès ses 14 ans. Un soutien indéfectible qui va grandement l’aider dans tout son parcours.

Je n’ai jamais fait de coming-out. On m’a toujours acceptée comme j’étais, jamais posé plus de questions que ça. J’ai eu beaucoup de chance, j’étais très bien entourée.

Camille

« C’était mon obsession »

Camille n’a plus qu’une idée en tête : devenir la femme qu’elle se sent être. Le traitement hormonal et les opérations pour y arriver étant particulièrement onéreuses, elle arrête l’école en 3e pour faire un CAP coiffure et ainsi s’assurer, rapidement, un travail et une rentrée d’argent. 

« Mon but dans la vie, c’était d’avancer dans ma transition. Tout le reste n’était que futilité. C’était mon obsession », lâche-t-elle. 

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« Je ne voulais pas faire subir mon corps à quelqu’un »

A ses 16 ans, elle commence enfin l’hormonothérapie, qui lui permet notamment de bloquer la testostérone. Puis a recours à la chirurgie esthétique pour refaire son nez qu’elle trouve trop masculin et au laser pour éviter que sa barbe ne pousse.

Elle se fait également opérer de la poitrine à ses 21 ans et se fait des injections au visage pour le « reproportionner ». Mais malgré tous ces changements qui la font se rapprocher d’elle-même petit à petit, Camille ne s’aime pas encore et a du mal à se laisser aller à une vie intime.

Je n’acceptais pas mon corps et je ne voulais pas le faire subir à quelqu’un. Je me préservais pour éviter d’avoir trop de choses à expliquer malgré le fait que je me sois toujours assumée.

Camille

Des années de suivi médical jusqu’à la vaginoplastie

Entre-temps, et depuis ses 18 ans, elle est prise en charge par des médecins et des psychiatres du protocole du Grettis (groupe de recherche et de traitement des troubles de l’identité sexuelle), basé à Lyon. 

De longues années de rendez-vous, de suivi physique et psychologique s’en suivent, jusqu’à l’étape « finale » : son opération de vaginoplastie, en 2017. « C’était ma renaissance, ma délivrance« , lâche-t-elle, encore émue.

Lorsque je me suis réveillée, j’ai mis les mains sur mon sexe et je n’ai plus rien senti. J’ai pleuré pendant une semaine, c’était tellement de bonheur. Je ne me souviens même plus de la douleur physique.

Camille

« Si je n’avais pas pu faire tout ça, je ne serais plus là aujourd’hui »

Après son opération, Camille demande et obtient son changement d’état civil, pour être enfin reconnue en tant que femme aux yeux de la loi. Une démarche qu’elle pouvait d’ailleurs entamer avant de changer de sexe. « Mais c’était important pour moi de le faire après. Ça mettait un point final à ma transition », explique-t-elle.

Au total, 25 000 euros ont été nécessaires à sa transition, dont 9 000 euros pris en charge pratiquement en totalité par la Sécurité sociale pour la vaginoplastie. Une somme que la jeune Lyonnaise ne regrette pas une seconde d’avoir dépensée, puisqu’elle le dit sans détour : cela lui a sauvé la vie. 

« Si je n’avais pas pu faire tout ça, je pense que je ne serais plus là aujourd’hui. C’était indispensable à ma vie et ça aurait été impossible autrement ». 

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Ne pas faire attention au regard des autres

Aujourd’hui bien dans ses bottes et dans son corps, Camille a même rencontré un homme qui a su comprendre et accepter son parcours de vie. Une personne qui partage son quotidien depuis quatre ans et avec qui elle s’est fiancée. 

« On a passé de longues nuits à en parler. Bien sûr, j’avais de l’appréhension car je sais que c’est quelque chose qui bloque et freine les gens. Mais au final, il a décidé d’aimer une personne et pas un genre. »

A toutes les personnes qui passeraient par les mêmes étapes, qui se poseraient les mêmes questions et qui souffriraient d’une situation similaire, Camille dit « de s’accrocher, de vivre pour soi, de s’écouter et de ne pas faire attention au regard des autres. »

Des conseils qu’elle s’est forcée de s’appliquer à elle-même durant des années pour être une femme libérée et heureuse. Celle qu’elle avait toujours rêvé d’être et qu’elle s’est donnée les moyens de devenir.

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