Plusieurs milliers de syndicalistes tunisiens ont manifesté samedi, notamment à Sfax dans le centre-est du pays, pour protester contre l’arrestation de l’un de leurs responsables, ainsi que contre la dégradation de la situation économique. « La Tunisie n’est pas à vendre » ou « non à la suppression des subventions », ont scandé les manifestants à Sfax, importante métropole économique et bastion historique du syndicalisme tunisien. Certains ont brandi des baguettes de pain en guise de protestation contre la flambée du coût de la vie.
A l’appel de la puissante centrale syndicale UGTT, d’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes comme Kairouan (centre) Nabeul (nord-est) ou Tozeur (sud). « Le gouvernement a échoué à mettre le pays sur la voie des réformes économiques et sociales. Tout ce qu’il a réussi à faire, c’est attaquer le syndicat », a déploré Othman Jallouli, un dirigeant de l’UGTT dans un discours à Sfax. « Aujourd’hui, tout syndicaliste peut être licencié simplement pour avoir exprimé une opinion », a-t-il déclaré.
Un procès le 23 février
Venue apporter la « solidarité de la part de 45 millions de travailleurs en Europe », la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, Esther Lynch, s’est également adressée à la foule à Sfax. « Nous disons aux gouvernements : ne touchez pas à nos syndicats, libérez nos dirigeants », a-t-elle déclaré.
Les manifestants protestaient notamment contre l’arrestation fin janvier d’Anis Kaabi, responsable pour la branche autoroutes de l’UGTT. Il est en détention provisoire dans l’attente d’un procès fixé au 23 février, pour avoir lancé une grève sur les péages et occasionné des pertes financières à la société publique Tunisie Autoroutes. L’UGTT, qui s’estime « visé » par le président tunisien Kais Saied, avait annoncé pour les prochaines semaines des sit-in et rassemblements contre la politique du chef de l’Etat, qui devraient culminer lors d’une marche à Tunis le 11 mars.