
Comme chaque mois, le Centre culturel impérial de Montmirail va changer de décor. Remplaçant la magnifique exposition d’art africain de Kattia Baker, Carole Thiéfine vient y montrer ses tableaux pour la toute première fois. « C’est ma première expo parce que je peins, mais je suis de nature assez discrète », explique l’artiste.
Discrète, elle l’est, mais une fois enfermée dans son atelier, elle laisse exploser toute sa passion et sa force. Là, elle prend des toiles blanches et les couvre de tout son talent. Une passion qui la brûle depuis toujours, mais qui ne se sera révélée que tardivement, lors de sa retraite.
Une vie de labeur dans le brouhaha
Carole est discrète et pourtant son métier ne s’y prêtait guère. Elle a passé presque toute sa vie dans la restauration avec son époux Bruno. Briarde d’origine et de cœur, elle se souvient de son enfance et de ses belles années passées à Villeneuve-sous-Bellot, à un jet de pierres de Verdelot où elle vit aujourd’hui : « J’ai toujours aimé la Brie et j’y suis chez moi. J’ai travaillé toute ma vie sur Paris, mais mon cœur est à la campagne. »
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Si elle est briarde, une toute petite partie d’elle est parisienne puisque son papa n’est pas un Briard comme sa maman. Il est de Paris.
Quand, devenue jeune femme, Carole rencontre son grand amour, Bruno, elle part avec lui pour Paris. Elle y exercera plusieurs métiers, dont un, déjà dans le monde de l’art. L’ébénisterie d’art lui donnera l’opportunité de rencontrer les plus grands créateurs, antiquaires et clients du monde. Elle se nourrira de toute cette beauté et du génie de l’être humain : « J’ai toujours été fascinée par la beauté que peut créer l’homme quand il s’en donne la peine. Peinture, musique, sculpture, films… On peut faire de si belles choses. Dommage que l’homme préfère souvent la laideur, la violence et la guerre. »
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Quittant le monde des créateurs, elle suit son époux dans l’aventure commerciale. Tous deux vont ouvrir leur première affaire puis une seconde avant de goûter à la retraite. Ce n’est plus dans l’art, mais dans la brasserie et la restauration. Cette aventure commence à Arcueil, dans le Val-de-Marne. Une Brasserie comme on la vit tous les jours. « La brasserie peut aussi être une sacrée pièce de théâtre », confie Carole. « Il s’y joue des romances et des drames, des joies et des peines. On est là tous les jours avec les habitués et les gens de passage et c’est un film qui défile. »
Puis, après de longues années, changement de décor, changement de ville. Cette fois, ce n’est plus le même commerce. Direction Clamart, dans les Hauts de Seine. « Changement de décor et de pièce de théâtre », sourit Carole. « Pourtant, les acteurs jouaient les mêmes rôles. »
« Coco, la femme artiste qui a changé ma vie »
Une vie de labeur que connaissent tous ceux qui ont travaillé dans la restauration. « 35 heures ? J’en ris », explique cette femme qui travaillait 15 heures par jour !
Pour se détendre cependant, Carole avait une échappatoire : l’Ardèche chez son amie Coco. Coco est une artiste accomplie. Et c’est dans son atelier que Carole aimait se retrouver pour oublier le boulot et Paris. Avec Carole, elle va aussi d’expo en expo à admirer le travail des grands. Puis, elle se retrouve dans cette ambiance si particulière d’un atelier d’artiste : odeurs de peinture, bazar plus ou moins organisé, tableaux jonchant le sol ou accrochés en hâte sur le mur. Taches de couleurs sur tout et partout : « Que j’aime cette ambiance », confie Carole.
Alors, son amie Coco la voit observer et lui met un pinceau entre les mains : « Peins, éclate-toi, amuse-toi ! » Et c’est ce que Carole va faire. Et c’est ce que Carole continue de faire.
« Je vois tous les artistes qui ont exposé ici au centre culturel impérial et qui ont tellement de talent. Je suis à la fois honorée, mais aussi terrifiée de passer après tant de merveilleux talents. Je n’ose pas », nous explique l’artiste.
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« Je ne veux pas qu’on me prenne pour ce que je ne suis pas. Je peins pour mon plaisir. Je peins pour rendre coloré tout ce qui m’entoure. Je ne cherche pas les récompenses ou les félicitations, au plus un sourire ou un encouragement. »
Les sourires et l’admiration, elle les aura lors de cette exposition, c’est garanti, car son talent est grand et n’a d’égal que son immense gentillesse.