La Dacquoise de 49 ans est mise en examen, depuis le 20 janvier 2022, pour l’empoisonnement aux antidépresseurs de sa fille Enéa, tout juste majeure, ayant entraîné son décès le 13 novembre 2019. Elle a menti…
La Dacquoise de 49 ans est mise en examen, depuis le 20 janvier 2022, pour l’empoisonnement aux antidépresseurs de sa fille Enéa, tout juste majeure, ayant entraîné son décès le 13 novembre 2019. Elle a menti sur l’état de santé de sa fille et l’a fait visiter par 32 médecins en deux ans.
Selon nos informations, elle ne devrait pas obtenir satisfaction et sa détention devrait être prolongée d’au moins six mois. « Les éléments du dossier ne lui laissent pas beaucoup d’espoir, indique une source proche du dossier. Plus ça avance et plus les éléments s’accumulent contre elle. Toutes ses incohérences sont reprises et étudiées, notamment l’accumulation de prescriptions médicales et la notion de soumission chimique. »
« Dépassée par les événements »
L’avocat bordelais Gérard Danglade s’inscrit en faux : « Elle aurait pu être remise en liberté. D’autant qu’il n’y a pas beaucoup plus d’éléments qu’avant. L’enquête sociale et familiale ne révèle aucun élément majeur. On parle du syndrome de Münchhausen par procuration (trouble factice par lequel une personne provoque une pathologie chez son enfant puis fait appel au médecin pour le soumettre à des traitements inutiles, voire dangereux, NDLR) mais ce n’est pas cohérent. D’ailleurs, avant le drame, aucun juge n’a jamais envisagé de retirer les filles à leur mère. Personne n’a décelé de danger particulier. »
Depuis sa cellule, Maylis Daubon clame toujours son innocence. Son avocat poursuit : « Elle ne comprend toujours pas ce qui lui arrive. Elle est dépassée par les événements. Elle est très choquée et, physiquement, elle n’est pas en bon état. »
Qu’en est-il de l’enquête ? « Sur le plan factuel, pas grand-chose n’a évolué, certifie l’avocat bordelais. Il n’y a pas eu d’aveux de qui que ce soit qui la mettrait en cause. Ce dossier repose sur un faisceau de présomptions. Il y a quelques incohérences entre les déclarations de ma cliente, notamment sur son emploi du temps, mais pour autant il n’y a pas de preuve. Elle est parfois un peu affabulatrice mais aucun élément de sa personnalité ne tend à montrer sa culpabilité. »
Une première en France
Dans ce dossier, le petit ami de la sœur cadette d’Enéa est également mis en examen pour complicité d’empoisonnement. Il vivait au domicile familial quand la jeune fille est décédée. Il a été placé sous contrôle judiciaire et laissé libre. Selon nos informations, il continuerait de vivre avec la sœur de la défunte dans cette maison de Dax. Gérard Danglade confirme : « Elle est placée sous le régime de témoin assisté et il vit avec. On me parle de risque de concertation quand je demande la libération de ma cliente, alors que mère et fille ne se voient pas et ne s’écrivent pas, et là, il n’en est pas question ! », dénonce l’avocat.
Contacté, Me Thibault Laforcade, qui porte la parole du père de la victime, se refuse au moindre commentaire. Les investigations se poursuivent. Elles sont confiées aux policiers de Dax, soutenus par la direction zonale de la police judiciaire de Bordeaux. Une multitude d’investigations techniques ont été engagées et plus de 80 auditions menées. Les enquêteurs arrivent au bout des actes principaux.
« L’instruction touche à sa fin, estime Gérard Danglade. Deux experts – un psychologue et un psychiatre – ont été mandatés pour rencontrer ma cliente. On devrait avoir les résultats dans la foulée. » Cela permettra d’obtenir des clés, des explications sur le fameux syndrome de Münchhausen par procuration. « D’ici trois ou quatre mois, nous devrions être fixés pour un procès en fin d’année ou début 2024 », conclut l’avocat bordelais. Selon les réquisitions définitives, ce serait une première en France qu’un lien soit établi avec ce syndrome dans un dossier criminel.