
A Wambrechies, près de Lille (Nord), des paroissiens aiment leur prêtre et le lui montrent. Sans voiture, le père Norbert Kinbani avait du mal à se déplacer. Michèle Rohart a lancé une cagnotte pour l’équiper en voiture électrique sans permis. Et en deux mois et demi, la somme est presque atteinte !
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Des tirelires dans les commerces
A 78 ans, elle n’est pas très douée avec les réseaux sociaux, mais elle a trouvé un moyen simple et efficace : des tirelires dans les commerces. Cela lui a demandé un peu de bricolage : « J’ai demandé à un ami de me faire un dessin sympa du père Norbert, je l’ai collé sur un boîtier que j’ai fait moi-même, et je suis allé voir huit commerçants de Wambrechies, les pharmacies, une boulangerie, le fleuriste… »
Pour être transparente, elle a même créé un compte en banque spécial pour collecter les dons, « que je clôturerai quand la voiture sera financée ».

Le prêtre, c’est Norbert Kingani, présent dans la paroisse de Wambrechies depuis 2012. Il est prêtre associé, au service de Wambrechies mais aussi du doyenné Rives et Deûle. Son quotidien, c’est « célébrer les sacrements comme l’eucharistie, les mariages, les baptêmes, les funérailles ».
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A pied ou en bus, souvent en retard
Il passe aussi beaucoup de temps dans les Ehpads du secteur, pour rencontrer les personnes âgées, donner le sacrement des malades. Il accompagne également des mouvements : Chrétiens en monde rural, Service évangélique des malades, le Mouvement chrétien des retraités.
Son problème, c’est le temps de déplacement. Toujours à pied ou en bus, il met parfois une heure à faire Wambrechies – Marquette par exemple, même si des paroissiens l’aident parfois. « Et il arrive souvent en retard, même aux messes qu’il célèbre », note Michèle. « Un ami lui a offert une trottinette électrique, mais ce n’est pas adapté aux longues distances et au mauvais temps » ajoute-t-elle. Alors, elle a eu l’idée de la voiture électrique.
Qui est Norbert Kingani ?
Originaire de la République Démocratique du Congo, il est ordonné en 1990 dans la congrégation des Oblats Missionnaires de Marie. « J’ai d’abord été missionnaire ‘ad intra’ comme on dit, à l’intérieur de mon pays. Puis, ‘ad extra’, au Rwanda, où j’ai dû me cacher dans la forêt en 1994, au moment du génocide, avant d’être évacué par le couloir humanitaire français ».
Son supérieur lui propose quelques années plus tard une expérience en France, car il parlait anglais en plus du français. Le père Norbert est arrivé en France en 2002, à Lourdes d’abord pendant 4 ans, au service des jeunes du monde entier. Il est alors le premier chapelain noir du sanctuaire de Lourdes. « J’ai rencontré là-bas Mgr Defois, qui était alors évêque de Lille. Il m’a invité à venir dans son diocèse. J’ai accepté ». C’était en 2006.
Il commence par rejoindre l’église Saint-Maurice de Lille. Puis en 2012, il est nommé à Wambrechies.
Il restera dans le Nord, il est aujourd’hui « incardiné » dans le diocèse de Lille, c’est-à-dire que c’est désormais son diocèse officiel.
Si Michèle Rohart a eu cette idée, c’est que des liens d’amitié se sont noués avec le prêtre. « Il est très proche des gens ! » Ce n’est pas la première fois qu’elle l’aide. Elle l’a déjà soutenu pour obtenir la nationalité française. « Quand je me suis rendu compte qu’il n’avait pas demandé à être naturalisé, je lui en ai parlé. Pour les démarches, il fallait des recommandations, et passer une sorte d’examen. J’ai été voir plusieurs maires des environs qui ont écrit une lettre en sa faveur, et j’ai fait révisé Norbert jusqu’aux noms des ministres de l’époque ! »
Le prêtre renchérit : « Les chrétiens de Wambrechies, ils m’ont adoptés et moi aussi, je les ai adoptés ! »
Pourquoi une Ami ?
Pourquoi avoir choisi de financer une Ami, de la marque Citroën ? « Catéchiste au collège de Marcq, j’ai vu le succès de cette voiture auprès des jeunes. Je la trouve pratique, et c’est la moins chère des voitures électriques sans permis », détaille Michèle.
Le prêtre a un permis « classique », mais il l’a passé en Afrique et il n’est pas valable en France. Il aurait dû le repasser, et le coût financier, environ 1500 euros plus la voiture, était excessif pour ses moyens.
Pour l’anecdote, la direction de Citroën, touchée par la médiatisation autour d’un véhicule qu’elle produit, a contacté directement Michèle Rohart. « Ils m’ont proposé deux mois d’attente au lieu d’un an normalement. J’ai accepté ! »
Le véhicule coûte environ 6500 euros, plus la garantie et l’assurance. La somme est presque atteinte. Le père Norbert a passé en auto-école la formation pour conduire un véhicule sans permis. Bientôt, il n’arrivera plus en retard !
Touché par cette démarche solidaire, il se dit « ému ». « Je vois que bien vivre avec les gens, être fidèle à ma mission portent du fruit. J’ai des amis, et bientôt… une Ami ! » s’amuse-t-il.