
Michaël Delafosse a présenté les ambitions confiées à l’équipe portée par West 8 Urban Design & Landscape Architecture pour le grand parc du Lunaret. Un futur poumon vert de 172 hectares au nord de Montpellier qui réunira le bois de Montmaur, la base de Lavalette, le parc zoologique et sa réserve naturelle. « On pose ici un niveau d’ambition absolument inédit sur un espace lui-même inédit » a souligné le maire.
Le parc zoologique du Lunaret
À Montpellier, l’histoire est connue. En 1910, neuf ans avant sa mort, Henri de Lunaret céda à la Ville, le domaine de La Valette, comptant 350 hectares, avant qu’un bail emphytéotique soit conclu en 1939 pour y établir l’École nationale supérieure d’agronomie à l’endroit où se trouve actuellement Agropolis. Plus haut, et bien plus tard, suite à la volonté de François Doumenge, adjoint de François Delmas, après avoir été façonné par une centaine de harkis, le zoo fut inauguré en 1964 avec déjà une particularité. Conformément au lègue d’Henri de Lunaret, le public devait pouvoir profiter des lieux gratuitement. Une volonté qui a perduré dans le temps.
Le parc zoologique et sa réserve naturelle, site le plus visité de Montpellier avec plus 500 000 visiteurs par an, a traversé les années avec plus ou moins de flamboyance. Ces dernières décennies, entre des manques d’investissements et un éveil écologique de plus en plus prononcé avec comme conséquence directe le départ de plusieurs animaux, la rumeur lui fit fermer ses portes à de nombreuses reprises.
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À partir de 2015, Philippe Saurel lança un plan de déboisement sélectif contre les risques incendies, y installa une clinique vétérinaire et présenta ce qui devait être un important projet de rénovation. La pandémie et les élections ont balayé les visuels affichant de vastes enclos… mais pas les problèmes. « La Préfecture de l’Hérault s’est très sévèrement adressée à la Municipalité, à mon prédécesseur et moi-même. Nous avons dû prendre des dispositions réglementaires importantes à la fois pour la sécurité du public et le bien-être animal » rappelle Michaël Delafosse.
« Je le dis, ici, nous ne serons jamais Beauval »

La volonté est désormais de passer à un autre chapitre. « Notre parc zoologique a vocation à s’inscrire à la fois dans les orientations imposées par le législateur et les réglementations et à être un parc zoologique public et gratuit qui doit trouver son identité dans ce que doivent être les zoos publics dans les 20-30 prochaines années. Je le dis, ici, nous ne serons jamais Beauval. Beauval, c’est 25 euros et une forme de Disneylisation du parc animalier. Cela existe, pourquoi pas, mais cela ne sera pas nous » appuie l’édile en précisant : « Ce ne sera pas la course aux espèces qui ne sont pas adaptées à notre climat. Nous sommes un zoo public, de culture scientifique. C’est un service public financé par le contribuable, ce n’est pas DisneyLand ici ». Le projet d’hôpital de la faune sauvage, doté d’une enveloppe de 5M€ et dont l’ouverture est prévue au deuxième semestre 2025, viendra compléter cette orientation. En lien avec la Ligue de Protection des Oiseaux et l’association Goupil, il sera situé en face de l’entrée du zoo sur une surface de 2 000m2 comprenant un bâtiment d’accueil, un centre de soin et des espaces de convalescence
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Après avoir pris au 1er février ses nouvelles fonctions de directrice du parc du Lunaret, qui doit faire avec un budget de fonctionnement annuel de 900 000€, Marine Baconnais s’inscrit évidemment dans cette logique. Dans les six prochains mois, elle devra affiner ses idées pour le zoo, avec notamment la perspective d’un méta-enclos présentant une mixité d’animaux, dans l’optique d’un projet qui dépasse les 80 hectares du parc zoologique.
« Un parc à échelle humaine »
Ce dernier s’inscrit en effet pleinement dans le projet de futur grand parc de Lunaret, qui réunira également la base de La Valette et le bois de Montmaur, destiné à devenir « le grand poumon vert de la Ville de Montpellier » annonce le maire. L’aménagement de cet espace de 172 hectares a été confié à une équipe portée par West 8 Urban Design & Landscape Architecture associée à Inca Architecture pour la programmation, l’économie de projet et l’expertise VRD, Intervia Etudes pour l’expertise bâtiment, Envilys pour l’expertise agronomique et l’association Écologistes de l’Euzière pour l’expertise écologique.

« Cela nous tient à coeur que le parc soit un parc à échelle humaine. On démarre le sujet et on veut être à l’écoute et dans les échanges avec les acteurs politiques. La volonté est là. Le projet n’est pas encore là mais la vision est déjà là et c’est à nous de la traduire » explique Maarten Van De Voorde, architecte urbaniste, directeur West 8 France et Belgique. Le porteur du projet, habitué à travailler sur des dossiers internationaux en milieu urbain, poursuit : « Nous n’allons jamais faire un parc classique, ce sera un parc contemporain qui s’inscrit dans les constructions déjà présentes, dans un programme que nous allons évaluer, et qui fera la liaison avec les universités, les hôpitaux… Et bien sûr, on parle d’un territoire écologique très important pour la ville ». Un vaste espace, plus facile d’accès (ndlr : aujourd’hui, ligne 1 de tramway, arrêt Universités Sciences et Lettres plus navette en bus). qui sera desservi en 2025 par trois arrêts de la ligne 5 de tramway et qui pourra ainsi profiter au plus grand nombre avec la gratuité des transports en commun, comme n’a évidemment pas manqué de le promouvoir Michaël Delafosse. C’est d’ailleurs à cet horizon que les premiers signes d’aménagement de ce grand parc du Lunaret devraient être visibles.
« Les crédits sont là »
Le projet étant en effet lancé par ses ambitions, peu d’éléments sont à présenter. Pour autant, Michaël Delafosse souligne : « Je vais être très clair. Nous avons délibéré dans la PPI, une autorisation de programme de 45M€ sur l’aménagement du grand parc du Lunaret. Il y a un mandat confié à Altémed pour mettre en oeuvre ce projet et l’ensemble des équipements attenants ». L’occasion d’envoyer un tacle à son prédécesseur : « Je dis cela car nous avons été dans l’opposition municipale et à l’époque nous avions voté une autorisation de programme de 30M€ pour le seul Lunaret. Le rapport de la Chambre Régionale des Comptes, qu’il faut écouter même si cela n’est pas toujours agréable, avait pointé comme dysfonctionnement de la collectivité la non consommation de ces crédits. Nous avions voté ces crédits, je ne veux pas polémiquer, il y avait à l’entrée du zoo un grand panneau annonçant le grand réaménagement… cela n’a pas été fait. Ce qui n’a pas été fait aussi, et qui pour moi n’a pas été simple, ce sont des éléments de sécurité. D’où les fermetures que nous avons dû parfois assumer pour la sécurité du public ». Dans ce nouveau contexte, l’avenir du zoo semble aujourd’hui plus serein.
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Sur les 45M€ du projet du grand parc du Lunaret, 2M€ sont consacrés aux études, 1M€ à l’espace pédagogique, 3M€ aux aménagements dans le parc et 24M€ à restructuration du zoo. « Les crédits sont là. En tant que maire, avec l’équipe municipale, nous faisons de l’exécution budgétaire, un des points de bonne gestion de l’argent public. Après les mobilités et les enjeux de rénovation urbaine, les grands espaces verts publics sont la troisième priorité de notre mandat. Cette enveloppe en est une illustration ». Michaël Delafosse a ainsi lancé ses équipes au travail afin de donner rendez-vous pour pouvoir « montrer très vite le plan stratégique du grand parc et les phasages des premiers équipements ». Autrement dit, passer à des éléments plus concrets avant quelques travaux…