
Plus de 13 000 personnes, 350 chevaux, une cinquantaine d’élus, des manadiers, des agriculteurs, des chasseurs, des pêcheurs… la ruralité dans toute sa diversité a envoyé un message fort ce samedi 11 février à Montpellier aux élus écologistes et animalistes accusés de s’attaquer aux traditions et à la culture de tout un monde bien décidé à ne plus se laisser faire.
La ruralité dans sa diversité
Après les règlementations et débats récurrents visant la chasse ou la pêche, les restrictions imposées aux agriculteurs et dernièrement une tribune d’élus écologistes et animalistes, dont une dizaine de Montpellier, demandant une réforme de la bouvine… plus question pour le monde de la ruralité de se laisser faire. Cette manifestation avait déjà pour première mission de prôner l’union et de fédérer. Ils sont ainsi venus de tout le sud de la France pour défendre leurs traditions, cultures et modes de vie.

Dans une courte introduction, le maire de Saint-Brès Laurent Jaoul a rappelé « l’acte de résistance face à l’écologie punitive » que constitue la mobilisation de ce jour. « Il n’est pas question de nous laisser diriger par des bobos de Montpellier. Ces gens voudraient nous apprendre à élever nos bêtes. Nous ne sommes pas des barbares, nous aimons nos animaux, nous les vénérons » a soutenu Jean-Luc Meissonnier avec la triple casquette de maire de Baillargues, ancien raseteur et éleveur, en fustigeant l’élu du Parti animaliste Eddine Ariztegui qu’il qualifie de « dragon vert du CIRAD ».
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Les écologistes en ont pris pour leur grade tout au long des discours. « Quelle est la finalité de leur combat ? À quel moment vont-ils trouver leur bonheur ? » s’interroge Rémi Dumas en rappelant qu’il y a en France « 400 000 irréductibles paysans prêts à résister » gage selon lui d’une « agriculture de bon sens pour garantir la souveraineté alimentaire ».

Benjamin Cuillé, éleveur de taureaux à Générac, a plaidé pour « un droit à l’exception culturelle » face à « quelques bobos animalistes » en soulignant l’importance de « l’union. Ensemble nous ne devons rien céder aux totalitaires antispécistes ». Dans un plaidoyer pour la corrida, la Reine d’Arles Camille Hoteman « Il est interdit dans une démocratie, d’interdire un art » en appuyant « le taureau fait rêver, le taureau est au coeur de la tradition. Dans l’arène qui est un théâtre, il y a le taureau et l’homme, le taureau d’abord » et d’espérer « qu’en 2023, une France de la liberté et de la tolérance, comprendre la différence est un gage d’intelligence, l’accepter de liberté ».
« Qu’on nous foute la paix »

Président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen n’est pas venu « pour parler sanglier mais de ces blaireaux d’écologistes et animalistes » et a résumé l’esprit général : « C’est un bonheur d’être ici pour défendre la liberté d’être ce que nous sommes et que nous resterons. Nous sommes des gens biens qui ne veulent qu’une seule chose, qu’on nous laisse vivre dans nos terroirs et qu’on nous foute la paix ». Enfin Thomas Pagnon, président des jeunes de Provence et du Languedoc a assuré la transmission : « La jeunesse du sud de la France est attachée aux traditions et veut plus que tout la transmettre aux nouvelles générations ».

L’hymne provençal, La Coupo Santo concluait les prises de parole avant que les élus ne se dirigent vers l’Office de Tourisme sur la place de la Comédie. Chacun y a déposé dans un pot de la terre de sa commune et un olivier y a été planté. « En espérant qu’ils s’en occupent bien » a lancé Jean-Luc Meissonnier. Sans doute une mission confiée aux écologistes…

Willy Schraen, Patrick de Carolis, Olivier Nicollin… quelques réactions
Willy Schraen, président de la fédération nationale des chasseurs
C’était important d’être ici aujourd’hui ?
C’était très important d’être ici aujourd’hui car c’est la ruralité dans son ensemble, ce sont les traditions à la Française, les passions et nos héritages qui sont attaqués.
Est-ce un combat entre la ville et la campagne ?
Pas du tout. La ruralité n’est pas un point géographique. La ruralité est un mode de vie et un état d’esprit. Nous avons autant d’amis à la ville qu’à la campagne, ce n’est pas un problème. C’est toute une France que je dirai périphérique qui est attaquée sur ses valeurs et sa convivialité. En fin de compte tous les gens ici sont heureux, ils ont des passions qui ont en face d’eux des hommes tristes qui veulent que l’on soit triste comme eux. Nous ne sommes pas d’accord.
Cette tribune, même si elle ne visait pas les chasseurs, était l’attaque de trop ?
Les gens en ont marre. Pour la faire courte, il faut arrêter d’emmerder tout le monde et laisser les gens un peu vivre, il y a des sujets plus importants et demain il y en aura d’autres. Il faut laisser ces spécificités françaises s’exprimer, nous avons des héritages et ce que l’on veut c’est les transmettre à nos enfants. Nous adorons la nature, les animaux et avons des traditions qui évoluent toutes avec le temps. Maintenant, on veut nous forcer à tout bouleverser sur des temps très courts, pour le dire plus simplement à tout arrêter, nous ne sommes évidemment pas d’accord.
Olivier Nicollin, éleveur de taureaux
C’était important pour vous d’être présent ?
C’est essentiel dans un moment où notre façon de vivre est attaquée. En tant qu’éleveur, il faut que l’on soit très vigilant. Donc oui c’était important.
Vous vous êtes senti attaqué par la tribune ?
Dans l’absolu ce n’est pas une grosse attaque car très peu de monde en sont à l’origine mais contre toute attaque il faut répondre et être présent sinon ils arriveront à gagner du terrain et cela deviendra compliqué pour nous.
Voyez-vous cela comme une bataille entre la ville et la campagne ?
Non je pense que c’est une bataille entre des gens radicaux et des gens qui ne demandent rien à personne, qui veulent être tranquilles et faire ce qu’ils ont envie de faire à des moments où ils ont envie de le faire. En sachant que pratiquement tous les agriculteurs passent au bio, que tous les éleveurs font leur boulot comme il faut, on participe à la protection des terres et je ne pense que nos bêtes soient malheureuses… Il me semble que ces gens se trompent de cible. Ils pensaient peut-être que nous étions une cible facile, le rassemblement d’aujourd’hui prouve le contraire.
Patrick De Carolis, maire d’Arles
En tant que maire d’Arles, c’était une évidence pour vous d’être ici ?
La ville d’Arles est une ville taurine avec des arènes de première catégorie et surtout un territoire où sont élevés des chevaux et des taureaux. Je suis là pour défendre une diversité culturelle car la France est le pays de la diversité culturelle. Mais pour aussi défendre aussi une biodiversité car la Camargue sans le taureau ne serait plus la Camargue, une économie car ce sont des dizaines d’éleveurs qui travaillent sur le territoire et dont le fruit rejaillit sur l’économie arlésienne. Et c’est aussi un ascenseur social pour nos jeunes de quartier qui investissent les écoles taurines espagnoles ou camarguaises et qui vont trouver des métiers autour des chevaux et des taurins. Et on défend une singularité et une diversité car nous n’avons pas envie d’avoir l’uniforme de tout le monde. Aujourd’hui, il y a une vague d’uniformisation qui se propage et nous avons envie de vivre de la diversité bretonne, alsacienne, nordique, landaise, provençal… tout ce qui fait la France. Que des pratiques doivent s’améliorer et évoluer, bien sûr nous sommes ouverts au dialogue. Tout cela doit arriver à des échanges bénéfiques pour tout le monde.
Thierry Coste, conseiller ruralité et chasse d’Emmanuel Macron
Est-ce selon vous un combat entre la ville et la campagne ?
Non et on le voit aujourd’hui. C’est la bonne démonstration que le monde rural et le monde urbain ne sont pas séparés. Beaucoup de personnes ici sont des urbains qui ne supportent pas que l’on emmerde les gens. C’est bien de rapprocher ces deux mondes que l’on a voulu cliver. On peut ne pas pratiquer quelque chose comme la chasse, la corrida, la pêche… et la comprendre et l’aimer. C’est ça le bon message, en plus très positif, de mélange des cultures et des passions.
Qu’allez-vous glisser à l’oreille d’Emmanuel Macron sur cette mobilisation ?
Je lui dirai que la phase de reconquête est ouverte ici. On voit que les ruraux protestent mais en même temps ils réclament juste qu’on leur foute la paix donc ce sont des personnes qui s’assument comme heureux. Dans ce monde où tout le monde râle et pleure, je trouve que c’est plutôt bien. Il faut donc essayer de simplifier la vie à ces personnes qui en plus sont capables de partager leur passion à tant d’autres.
Revivez la manifestation en vidéos
Le cortège de 350 chevaux part du Zénith pour rejoindre Montpellier
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Les cavaliers arrivent devant le Corum
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Une cinquante d’élus présents
Début des prises de paroles
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Plantation d’un olivier avec la terre des communes des élus présents et une Marseillaise pour conclure la manifestation
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