
Jospeh Poirier est décédé récemment à l’âge de 85 ans. C’est grâce à lui et à ses incroyables « collections » que la rubrique L’histoire par le petit bout de la lorgnette, parue régulièrement dans La Presse de la Manche il y a quelques années, avait pu exister. 50 numéros ont ainsi été publiés.
À Saint-Joseph, sa commune, sa maison était inratable pour qui passait par là, , route de la Rue Ludet, avec les nains de jardins accolés à des panneaux routiers, trônant non loin de Mickey Mouse dans une végétation soigneusement arrangée par ses soins.
Joseph Poirier fut ouvrier agricole, petit bûcheron et travailla près des chaudières des laiteries (coopératives Ucalma, les Maîtres Laitiers du Cotentin à Sottevast). Laiteries dont il s’intéressait beaucoup à l’histoire, accumulant des objets qui y étaient reliés.
Un sacré personnage !
Mais pas que. Cet homme original, empli de curiosité, qui se disait plus « collecteur » que collectionneur (« car le collectionneur collectionne, tandis que le collecteur rassemble, sauve, redonne une seconde vie »), possédait des tas de choses hétéroclites, allant des articles de journaux des Première et Seconde Guerre mondiale aux étiquettes à fromages de toutes tailles, en passant par le souvenir du passage du Titanic, des essais de dirigeables « de croisière » avec le guide de ce qu’on pouvait trouver à bord comme commodités, un morceau du fameux Mur de Berlin, une notice pour que le passager d’une des premières voitures automobiles puisse communiquer aisément avec son chauffeur derrière la vitre à l’aide d’une espèce de mégaphone, mais aussi des cartes anciennes représentant l’Exposition universelle de Paris en couleur, avec les bâtiments qui y furent construits, des jerrycans US…
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Joseph Poirier était un sacré personnage, incontestablement hors du commun, qui n’avait pas sa langue dans sa poche et ne comptait pas que des amis. Mais le petit chocolat chaud sur la table qui attendait celui ou celle à qui il accordait sa confiance prenait d’autant plus de valeur.

Ami des oiseaux, il vient de rejoindre son épouse. Contrariant l’expression populaire qui veut qu’un linceul n’ait pas de poches, lui, il emmène dans un « là-haut » inconnu des armoires et des cartons de bribes de souvenirs humains.
De notre correspondante Maud FAUVEL