
Situé à cheval sur les communes de Rieulay et Pecquencourt (Nord), le terril des Argales, est en plein échauffement. Surveillé depuis plusieurs années, il était jusqu’ici en partie inaccessible. Mais certains promeneurs et cyclistes bravent l’interdit. En février 2023, le périmètre d’interdiction est renforcé, et la préfecture durcit les mesures pour empêcher de s’y aventurer. Le faire représente un réel danger, alertent les experts.
Un terril surveillé depuis 2009
L’exploitation du terril des Argales, situé sur une zone de loisirs, est terminée depuis les années 2006-2008, indique Marc Delecluse, le maire de Rieulay. Depuis 2009, il est sous surveillance. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)* a constaté une augmentation de l’activité thermique et du périmètre d’échauffement au niveau du dépôt « Belvédère » de ce terril en 2022.
Fabrice Quirin, représentant du BRGM, montre, carte à l’appui, l’activité repérée sur les lieux par les caméras thermiques. « Il y a des points rouges, par endroits, où on est entre 200 et 600°, quelques mètres sous les pieds des passants. Cela comporte de vrais risques ».
Des risques de brûlure en cas d’un affaissement de terrain, ou liés à l’inhalation d’un gaz toxique (gaz sulfuré, monoxyde de carbone…) à cause des fumerolles qui s’évaporent du terril, et/ou liés à la tombée d’arbres, sous lesquels le sol peut être fragilisé.

*Un rapport tous les deux ans pour évaluer le danger
Le BRGM travaille sur arrêté ministériel. Il surveille dans ce cadre des sites miniers sous responsabilité de l’Etat, soit 10 en tout sur le territoire. Son représentant, Fabrice Quirin, explique comment sont surveillés les sites sensibles : « On procède d’abord à une reconnaissance thermographique aérienne, puis on va sur le terrain pour constater et on envoie un rapport de situation, avec évolution tous les deux ans ».
« On va entrer dans la phase active, coercitive »
Pour dissuader les passants d’emprunter le terril, des rubalises et panneaux ont été placés à proximité des zones de danger identifié, en 2018. Mais ils n’empêchent pas le passage de promeneurs et les incivilités sur site.
« On voit bien que la force de l’habitude perd de son intensité, avec le temps. On va donc entrer dans la phase active, coercitive », annonce le sous-préfet de Douai François-Xavier Bieuville ce 10 février, en raison de l’urgence de la situation.
Cela passe par une communication renforcée via les médias, mais aussi auprès des clubs sportifs locaux et écoles susceptibles de se rendre sur le site.

Il est important de prévenir, d’expliquer le danger. Jusqu’ici, il n’y a pas eu d’accident, on s’en félicite. Il faut à tout prix éviter que cela se produise.
D’autant que la zone de loisirs des Argales, qui compte des sentiers de promenade, est fréquentée par entre 200 000 et 250 000 personnes chaque année.
Barbelés et présence policière
En plus de ces messages préventifs sera mise en place une sanctuarisation du site (une signalétique renforcée et des barbelés, par la Dréal). Une maintenance sera également assurée par la Communauté des communes, qui gère le parc de loisirs.
Le préfet a demandé à la police nationale de faire davantage de prévention, et si nécessaire de verbaliser. En cas de franchissement des barrière, cela implique une contravention de première classe, soit une amende de 38 euros, et en cas d’acte de vandalisme un délit. « Mais évidemment, l’idée est de ne pas en arriver là », insiste le représentant de l’Etat.
Un phénomène naturel impossible à stopper
« On est face à un phénomène naturel, qui agit lentement, face auquel on est impuissant », souligne le sous-préfet de Douai. Et l’expert du BRGM de souligner : « On ne peut pas agir. Comment ferait-on ? Avec des pelleteuses ? Cela exposerait le conducteur du véhicule aux gaz qui émanent du terril. Et il faudrait un matériel spécifique. Sans compter que le site est classé par l’Unesco. »
Il indique que le « feu » qui gagne le cœur du terril va s’éteindre. D’ici une dizaine d’années, sans doute. En attendant, prudence est de mise.