
Extrêmement populaire, cette chapelle gothique massive renferme de nombreux trésors rares et son pardon est le 3e du département après ceux des basiliques de Sainte-Anne d’Auray et de Josselin.
Un haut lieu de pèlerinage
C’est dans un hameau de 75 habitants sur une colline à 3 km du bourg de Guern que se trouve la chapelle Notre-Dame-de-Quelven. Quelven signifie colline sacrée ou sanctuaire blanc. C’est la Vierge qui aurait choisi l’endroit en jetant une boule de feu qui y a atterri pour le désigner comme lieu d’hommage à sa mère Anne, décédée en Bretagne. On sait qu’une chapelle très populaire existait en 1401 (qui remplaçait un lieu de culte celte), et que sa fréquentation augmenta en 1451 lorsque le pape Nicolas V en fit un lieu d’indulgence majeur.

Dès lors, l’endroit devient le pardon le plus fréquenté du Morbihan, mais la chapelle se dégrada et il faut envisager de la reconstruire. Les dons seront tellement importants, notamment ceux des riches familles Rohan et Rimaison que la chapelle aura la taille d’une basilique. La construction en forme de croix latine, dans le pur style gothique flamboyant, dura environ de 1470 à 1510 et la chapelle possédera alors la deuxième plus haute tour clocher de Bretagne. De nombreux embellissements se feront les siècles suivants et transformeront l’édifice en chef-d’œuvre du savoir-faire breton.
De nombreux aménagements
La principale modification de la chapelle fut le clocher. La pose de nouvelles cloches trop lourdes en 1835 le fit s’effondrer en 1837. Cependant, les dons manquent à cette époque pour sa reconstruction et le maire, Joseph Le Cam, se rend alors auprès du roi Louis-Philippe Ier qui lui offre des crêpes (!), un classement aux Monuments historiques, et de l’argent. Le roi vient en personne voir la pose de la première pierre en 1841, mais les travaux trainent et Napoléon III prend le pouvoir. Aussi généreux, il fait également un don et les travaux s’achèvent en 1862. De style néogothique, cette nouvelle tour s’intègre dans l’ensemble qui accueille dorénavant de nombreuses foires.

À l’extérieur est planté un if dans le placitre au début du XVIIIe, qui est aujourd’hui classé arbre remarquable. En 1737, pour pouvoir accueillir plus de monde, il est construit une « scala santa » pour les messes en extérieur (classée en 1929) et une sacristie polygonale est ajoutée au chevet en 1760. Signalons aussi, à 300 mètres en contrebas de la chapelle, une magnifique fontaine gothique du XVIe qui se compose de deux bassins et qui aurait le pouvoir de guérir les femmes stériles et les enfants malades. Celle-ci est également classée depuis 1925.
Un extraordinaire intérieur
L’importance du site se traduit par la richesse de son mobilier et sa nombreuse statutaire ancienne de qualité (77 objets classés) dont les 4 travées de la nef permettent un voyage dans le temps. L’ensemble mérite une visite guidée, mais il faut remarquer le magnifique orgue baroque du XVIIe siècle (récemment restauré), une mise en scène de statues en bois polychrome de Saint Georges terrassant le dragon grandeur nature et datant de… 1350 ! Autrement, il est à remarquer un superbe bas-relief en albâtre du XVe où les vitraux des XVe et XVIe, dont le plus remarquable représente l’arbre de Jessé (l’arbre généalogique du Christ).

Mais le plus célèbre et insolite objet est l’une des 25 » Vierge ouvrante » recensées dans le monde (dont 3 en Bretagne). Redécouverte par hasard en 1895, cette statue dorée de la Vierge à l’enfant d’environ 60 cm date de la fin du XVe. Elle a la particularité de s’ouvrir en un triptyque sculpté de douze petits bas-reliefs minutieux représentant des scènes de la Passion, de la Résurrection et du Jugement dernier. Enfin, signalons le moment tant attendu du pardon du 15 août, à savoir la descente de l’Ange pyrophore, une statue du XVIIIe, qui descend avec une bougie depuis le clocher (70m) sur un filin de 150m pour atteindre un champ et allumer le feu de joie.