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Notes discordantes autour de la fermeture du Théâtre des Arts à Rouen

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15 000 spectateurs dont 12 000 enfants seront privés de spectacle avec la fermeture pendant six semaines de l’Opéra de Rouen (Seine-Maritime). (©Operaderouen)

Sur fond de difficultés financières, l’Opéra de Rouen (Seine-Maritime) va devoir clore ses portes pendant six semaines. Retour sur une affaire qui met en évidence des tiraillements entre financeurs (passés et présents) de la structure. Acte 1 : l’Opéra annonce jeudi 2 février 2023 sa fermeture temporaire pour raisons budgétaires : rideau pour six semaines, d’avril à mi-mai.

Avec six opéras et concerts, dont des dispositifs participatifs à destination du jeune public, passés à la trappe, flouant 15 000 spectateurs dont 12 000 enfants. Un « déchirement » pour Loïc Lachenal, directeur général de l’Opéra de Rouen Normandie. Et pour le moins une fausse note à l’heure de l’ambition de Rouen  d’être Capitale européenne de la culture en 2028.

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Acte 2 : Dans une lettre « solennelle » adressée aux spectateurs de l’Opéra, Hervé Morin, le Président de Région, aux premières loges du financement avec 7,6 millions d’euros, dénonce ceux qui expliquent les difficultés budgétaires uniquement par l’augmentation du coût de l’énergie ou l’inflation conjoncturelles. « Des contraintes bien réelles », mais qui masquent les alertes régulières « depuis 2016 sur le déséquilibre structurel du financement » de l’Opéra.

Et d’insister sur ce « déséquilibre évident », puisqu’en France « les villes et métropoles apportent en moyenne 9,2 millions d’euros » à leur opéra, quand cette contribution n’est que de « 1,3 millions d’euros pour Rouen ». « Pour refermer cette triste parenthèse », Hervé Morin, également président du conseil d’administration de l’Opéra de Rouen Normandie, a conséquemment « sollicité le Président de la Métropole pour l’inciter […] à prendre toute sa place dans un portage équilibré de cet établissement, comme c’est déjà systématiquement le cas ailleurs en France ». 

« Il faut sauver l’Opéra de Rouen ! »

Interrogée par 76actu, Catherine Morin-Dessailly, la présidente de l’Association française des orchestres (AFO), n’épargne pas Nicolas Mayer-Rossignol  : « Cette fermeture est la conséquence regrettable de la non-réponse du président de la Métropole, alerté depuis des années. Un réajustement des financements est nécessaire. » Celle qui est aussi présidente de la commission culture de la Région indique que celle-ci « a augmenté sa contribution [7,6 millions d’euros, NDLR] de 91% depuis 2008 et l’État de 36%, quand celle du bloc communal a baissé de 56 % ». 

LEs sièges de l'Opéra vont rester désespérément vides pendant six semaines.
Les sièges de l’Opéra vont rester désespérément vides pendant six semaines. (©Catherine Dente)

Acte 3 : « Il faut sauver l’Opéra de Rouen ! », écrit Nicolas Mayer-Rossignol, dans une lettre datée du jeudi 2 février et adressée à la ministre de la Culture. Le président de la Métropole, propriétaire du Théâtre des Arts, en appelle au quatuor de financeurs − Région, Métropole, État, tout en pointant le désengagement des Départements de la Seine-Maritime et de l’Eure − pour « sortir de l’impasse actuelle » et propose que la Métropole augmente son financement de « plusieurs centaines de milliers d’euros par an ». 

« Nous allons faire un effort conséquent. Mais sur ce mandat, il est faux de dire que les financements de la Métropole ont baissé », abonde l’élue métropolitaine Laurence Renou, qui rappelle que la Métropole est le deuxième financeur de l’Opéra, à hauteur de 1,7 million d’euros annuels sur les 15 millions consacrés à la culture, qui est pourtant une compétence optionnelle pour la Métropole.

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La vice-présidente en charge de la Culture reconnaît que ladite Métropole, qui a intégré la gouvernance de l’établissement en 2018 au terme d’un transfert de compétence, ne découvre pas la situation : « Ce n’est pas tout à fait nouveau. C’est une question structurelle. Il y a une explosion des coûts de production du lyrique. Et quand le Département de la Seine-Maritime s’est retiré, ça a terminé d’achever le déséquilibre. » 

Pas de « guerre » avec la Région

Les élus métropolitains seraient également « agacés » que ses « partenaires » préfèrent « financer le contournement Est, à hauteur de 50 millions d’euros pour le Département et de 200 millions d’euros pour la Région, plutôt que l’Opéra ». Laurence Renou réaffirme cependant « l’attachement à l’Opéra » et le fait qu’il n’y ait « pas de désir de rentrer en guerre avec la Région sur ce sujet ». 

Cette situation nous désole tous.

Laurence RenouVice-présidente de la Métropole en charge de la Culture

Acte 4 : Bertrand Bellanger, le président du Conseil départemental de la Seine-Maritime répond par courrier à celui de Nicolas Mayer-Rossignol, en lui faisant part de son étonnement de voir sa collectivité mise en cause « alors même que nous n’avons jamais évoqué ce sujet ensemble ». Il lui rappelle que le retrait de la subvention de 500 000 euros en 2014 a été « le fruit d’un dialogue nourri » entre le président départemental de l’époque et celui de la Région… Alors un certain Nicolas Mayer-Rossignol, qui fait décidément « peu de cas de l’engagement des partenaires à [ses] côtés ».

« Double peine » pour les salariés

Si tous s’accordent sur la nécessité d’un financement pérenne pour « cet équipement d’excellence », en attendant, les employés trinquent : ce sera chômage partiel pour la centaine de salariés, dont 40 musiciens. Les intermittents ne savent eux pas encore s’ils seront indemnisés. Pour Batiste Arcaix, syndicaliste SNAM-CGT, « les salariés sont abattus, c’est un coup de massue ». « En plus du projet de fusion des orchestres de Normandie et de l’Opéra de Rouen et de la lutte pour les salaires, ça fait beaucoup », explique le bassoniste.

Son collègue Philippe Bajard, syndicaliste SN3M-FO et représentant des musiciens au conseil d’administration, a proposé « que l’orchestre puisse tout de même programmer trois concerts en petite formation symphonique pour entretenir le lien avec le public ». En vain : ça ne « permettrait pas d’obtenir assez d’argent ». Pour le timbalier, « les salariés de l’Opéra sont victimes d’une double peine : artistique et sociale ».

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