
Actu : L’actualité chaude tourne autour de la réforme des retraites et des manifestations. Ces mouvements sont-ils une source d’inquiétude pour la sécurité publique dans le Jura ?
Bertrand Pic : Tout se passe très bien avec les syndicats qui gèrent ces mobilisations et les parcours sont déclarés. Le risque de trouble à l’ordre public est assez limité. Nous intervenons essentiellement pour la gestion de la circulation. Entre 20 et 25 policiers sont mobilisés sur les arrondissements de Lons-le-Saunier et Dole lors de ces manifestations.
La lutte contre le trafic de stupéfiants est une priorité de la Police nationale. Que répondez-vous au maire de Dole qui souhaite reformer une Brigade anti-criminalité (Bac) ?
B.P : Que c’est une bonne idée. Je rappelle que mon prédécesseur a été contraint de mettre en sommeil administratif la Bac en 2020 afin de maintenir le service Police secours 24 heures sur 24.
Une équipe partagée entre Dole et Lons comme le laisse entendre le maire de Dole est-elle envisageable ?
B.P : Ça n’a aucun sens. Je rappelle que depuis septembre 2022 nous avons créé un Groupe de sécurité de proximité (GSP) qui se compose de six policiers à Dole et autant à Lons-le-Saunier. Et c’est grâce à une augmentation des effectifs que nous avons pu créer ce GSP.
Mais alors pourquoi pas une Bac ?
B.P : Tout d’abord les missions d’une Bac et d’un GSP sont les mêmes, tous interviennent en voiture banalisée, la seule différence étant que les officiers du GSP sont en tenue. Mais croyez-moi, si la grande majorité de la population ne reconnaît pas une voiture de la Bac, les délinquants eux le savent. J’ai choisi de créer un GSP plutôt qu’une Bac parce que la formation et l’habilitation sont plus longues pour les officiers de la Bac. L’option GSP est plus rapide à mettre en place.
Avez-vous observé une augmentation du trafic de stupéfiants dans le département ?
B.P : Il y a toujours eu du trafic de stupéfiants y compris dans les départements protégés comme le Jura. En revanche, et c’est assez nouveau, le trafic se développe aussi en zone rurale. Mais, par exemple, avec le GSP, nous avons mis en place l’amende forfaitaire délictuelle qui est fixée à 200 € et 450 € en majoré. Ça fonctionne très bien chez nous : en 2021 il y en a eu 40 et 120 l’année dernière. Cette amende concerne les personnes majeures qu’on peut verbaliser au moment de l’intervention.
Certains quartiers, comme les Mesnils-Pasteur à Dole, sont-ils plus surveillés ?
B.P : On est vigilant sur ce quartier mais je dois dire qu’on a l’avantage d’avoir en soutien une police municipale de Dole très active. On travaille bien avec ces policiers. Nous avons la compétence judiciaire, ils nous partagent leur connaissance du terrain. Par ailleurs, nous menons des opérations mensuelles de déstabilisation et démantèlement de points de deals à Dole et Lons-le-Saunier, sur réquisition du procureur de la République. Nous avons d’ailleurs réalisé deux grosses saisies depuis le début de l’année.
Les pratiques évoluent-elles ?
B.P : Il y a une espèce d’uberisation du trafic où beaucoup d’échanges passent par les réseaux sociaux, à nous de nous adapter. On observe aussi un trafic plus important de cocaïne, d’héroïne et de plus en plus de producteurs individuels de cannabis, essentiellement pour leur consommation personnelle. Si la lutte contre le trafic de stupéfiants est une priorité, on parle aussi d’usage et de revente.
Certains habitants de Lons-le-Saunier se plaignent d’insécurité, de rodéos, surtout en soirée et d’une population immigrée plus nombreuse. Que pouvez-vous répondre ?
B.P : Le rodéo est un délit, c’est-à-dire qu’il y a des conditions particulières pour être identifié tel quel. Une voiture qui fait du bruit en soirée n’est pas forcément un rodéo. On intercepte et on verbalise, c’est 135 €, mais il n’y a pas de garde à vue. Pour ce qui est de l’insécurité, on a remis en place des patrouilles de proximité à pied, à vélo ou encore dans les transports en commun afin d’être plus visible. C’est aussi parce que les effectifs ont augmenté qu’on peut réaliser ces patrouilles qui peuvent aller de deux policiers la nuit à cinq ou six en journée. Quant à la population immigrée, les habitants parlent peut-être plus de mineurs accompagnés ou de réfugiés, quoi qu’il en soit il n’y a pas une augmentation de la délinquance.
Le passage à 30 km/h au centre de ville de Lons-le-Saunier impacte-t-il votre travail ?
B.P : Cette mission est plus du ressort de la police municipale.
Les violences intra-familiales sont-elles toujours en augmentation ?
B.P : On note effectivement une augmentation des procédures qui peut s’expliquer par deux raisons : davantage de violence et une libération de la parole. On perçoit également plus de violence dans les relations humaines, souvent liées à l’alcool et aux produits stupéfiants d’ailleurs.
Vous avez obtenu de nouveaux policiers. L’effectif dont vous disposez est-il suffisant ?
B.P : On voudrait toujours plus, mais je dois dire que ces arrivées ont changé notre organisation de travail. Aujourd’hui les policiers de Dole et Lons-le-Saunier sont sur des vacations de douze heures en nuit et autant en journée. Ils sont mieux dans leur travail. Ceci dit, on pourrait encore muscler les brigades.
L’appel du 17 va évoluer, pouvez-vous nous expliquer ?
B.P : Actuellement quand vous appelez le 17 pour Dole, c’est Dole qui répond, la même chose pour Lons-le-Saunier. Prochainement, la gestion des appels d’urgence se fera uniquement à Lons-le-Saunier où une équipe sera spécialement dédiée à cette mission. On gagnera ainsi en efficacité. Je rappelle que les demandes d’intervention sont transmises par radio donc on ne perdra pas de temps, peu importe que la demande se fasse de Dole ou de Lons-le-Saunier, il y aura des policiers spécialement dédiés à ce service.