Tous ont payé leur place pour un trajet entre Lisbonne et la région parisienne. Le passeur, lui, espère 150 euros par passager. Cet homme de 47 ans était jugé mardi 14 février par le tribunal de Bayonne. Les affaires comparables se multiplient depuis quatre mois. Derrière, des réseaux puissants, établis au Portugal.
À la barre, le quadragénaire garde les mains jointes toute l’audience. « Je reconnais les faits. J’ai une famille et deux enfants à charge, je ne vais plus recommencer. Je ne savais pas que c’était illégal. Je respecte la loi française », explique-t-il. Ses traits sont tirés. Vingt heures de bus depuis Lisbonne. Il était à l’heure au tribunal.
L’homme décrit une situation précaire. Son quotidien de livreur Uber Eats a été bouleversé par le Covid. « Je n’avais plus de travail. On m’a proposé ces longs trajets, alors j’ai accepté. »
Effet dissuasif
Il reconnaît travailler pour un certain « Ali ». Le commanditaire serait venu vers lui, conscient de ses faiblesses. Poursuivi pour le seul trajet d’octobre, il explique en avoir effectué « maximum quatre ». « Il a donné le nom de son chef, son téléphone, des informations sur l’endroit où il a pris les migrants », plaide Me Laurent Bidart, pour appuyer les réquisitions de prison avec sursis.
Le tribunal l’entend. Un an de prison avec sursis et trois ans d’interdiction du territoire. « Les faits qui sont reprochés s’inscrivent dans un réseau aux répercussions beaucoup plus larges », précise Emmanuelle Adoul. La présidente du tribunal espère « l’effet dissuasif » de la peine. Mains toujours jointes, le prévenu s’incline et repart pour l’arrêt de bus.