Home Faits Divers Périgueux : le meurtrier de la rue des Mobiles condamné à seize ans de prison
Faits Divers

Périgueux : le meurtrier de la rue des Mobiles condamné à seize ans de prison

Sur le même sujet

Sur le même sujet

Qu’est-ce qui a poussé les jurés à aller plus loin que les réquisitions de la représentante du parquet ? Probablement le comportement de Saber Ayadi au matin de la seconde journée de procès. Sous le feu des questions de la présidente de la cour, qui l’interrogeait sur les faits, Saber Ayadi s’est montré hésitant, parfois même incohérent dans ses réponses.

« Je l’ai surpris au téléphone en train de dire à un ami qu’il voulait me tuer »

Certes, il est resté constant sur un élément : il « n’a pas voulu tuer » Mohamed Amine Boughanmi. Tout au plus a-t-il « cherché à lui faire peur ». « Il me rabaissait. Il me piquait mes affaires. Je l’ai surpris au téléphone en train de dire à un ami qu’il voulait me tuer », a dit à plusieurs reprises l’accusé, prenant le risque d’agacer la partie civile. « Vous mentez ! Vous avez dit en garde à vue que la victime ne vous a jamais menacé », l’a repris vertement l’avocat de la famille, Me Hammouche, avant d’enchaîner avec sa plaidoirie.

« Un jeune homme solaire »

À la barre, l’avocat de la partie civile a dressé un portrait émouvant de la victime. « C’était un jeune homme solaire qui faisait du bien autour de lui », a-t-il déclaré, citant volontiers son amour de la France, qui incarnait à ses yeux « la promesse d’une vie meilleure ». « Venir en France, c’était son rêve », a-t-il rappelé avant d’exhorter la cour à raisonner « en juriste » face aux éléments du dossier. « La mort de Mohamed Amine Boughanmi n’est pas une catastrophe ou un accident comme l’affirme l’accusé. C’est bien d’un meurtre dont il s’agit et les éléments le prouvent. »

« L’arme, la zone touchée, l’absence de menaces venant de la victime : ces trois éléments sont constitutifs du meurtre », a embrayé le ministère public, pour qui « l’intention de tuer, fût-elle brève » était également présente dans le dossier. « S’agissant de l’arme, l’accusé n’a pas utilisé n’importe quel couteau de cuisine mais un couteau à cran d’arrêt acheté quinze jours avant le drame », a souligné la représentante des intérêts de la société avant de s’attarder sur la zone atteinte par le coup mortel : « Il a visé le cou, en l’espèce la seule zone vitale débarrassée de ses effets vestimentaires à ce moment-là ».

« Il a cherché à se procurer une voiture pour fuir et a appelé ses proches pour trouver une solution »

De même, Anne-Claire Galois s’est fondée sur l’absence de lésions relevées sur le corps de l’auteur après le meurtre pour balayer l’hypothèse d’une bagarre entre les deux hommes. Reprenant à son compte les réponses de l’accusé à ses questions, la représentante du parquet, qui a également pointé du doigt l’attitude du mis en cause, a fait remarquer que « le jour des faits, la victime n’a pas volé l’argent de M. Ayadi, elle ne l’a pas menacé non plus et elle ne l’a pas frappé ».

Faisant sien l’argument soulevé dès le premier jour de l’audience par Me Hammouche, Anne-Claire Galois a indiqué froidement que Saber Ayadi « n’avait en aucun cas cherché à porter secours à la victime. Il a cherché à se procurer une voiture pour fuir et a appelé ses proches pour trouver une solution. Il ne s’est pas rendu mais a répondu aux sommations de la police ».

Black-out

« Il n’a pas cherché à s’enfuir, mais a erré dans les rues de Périgueux à la recherche du commissariat », a opposé sur le banc de la défense Me Barateau. « Il s’est caché comme un enfant qui avait fait une bêtise, une grosse bêtise », a renchéri Me Le Bon. « Il n’a pas voulu le tuer », a repris Me Barateau, suggérant en creux à la cour de requalifier le meurtre en violences volontaires ayant entraîné la mort de la victime.

« M. Ayadi est une personne gentille, serviable, quelqu’un de travailleur. Il s’est senti rabaissé, dénigré, a tenté de rappeler Me Le Bon, cherchant à toucher le cœur des jurés. Il a perdu les pédales et a fait un black-out sous le coup de l’émotion. Qui ne s’est jamais senti submergé par la colère après une injustice ? », a interrogé l’avocate périgourdine en conclusion de sa plaidoirie.

L’accusé a dix jours pour faire appel du verdict de la cour d’assises.

Related Articles

Faits Divers

Bordeaux : la victime de l’agression dans le quartier de la Victoire a pu être entendue

Le jeune homme frappé à coups de chaîne en fer, lundi 20 février,...

Faits Divers

Gironde : incendie dans une verrerie à Vayres

Un feu a pris dans un four qui était en maintenance, dans...

Faits Divers

Disparition inquiétante d’un lycéen de 16 ans près de Bordeaux

La police lance un appel à témoin. Le jeune Noé Aubry n’a...

Faits Divers

Un ancien ministre mexicain jugé coupable à New York de trafic de drogue

Genaro Garcia Luna était ministre de la Sécurité publique du président mexicain...