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Philippe Gros passe la main au Poissy Triathlon

Pendant 38 ans Philippe Gros était dans le public à scruter la performance de ses athlètesdu Poissy Triathlon.
Pendant 38 ans Philippe Gros était dans le public à scruter la performance de ses athlètes du Poissy Triathlon. (©Christophe Gourdy)

S’il est difficile pour Philippe Gros de résumer ses accomplissements en une ou deux heures autour d’un repas, cela l’est encore plus pour nous d’être exhaustif en quelques signes.

38 ans à la tête du Poissy Triathlon

Philippe Gros a passé 38 années à la tête du Poissy Triathlon. Quand il a créé le club, il n’y avait rien. « Je suis parti d’une page blanche », jusqu’à la consécration. Des athlètes du club qui participent à chaque édition des Jeux Olympiques avec plusieurs podiums, dont trois aux derniers Jeux de Tokyo en 2021 (Léonie Périault, Cassandre Beaugrand et Dorian Coninx) lors de l’épreuve relais mixte.

Poissy Triathlon peut, sans prétention, être considéré comme le plus grand club de triathlon de l’hexagone, avec notamment 23 titres de Champion de France des clubs.

Footballeur en deuxième division avec l’AS Poissy

L’histoire de Philippe Gros avec la cité Saint-Louis a commencé dans les années 70. Footballeur amateur de haut niveau, il joue en défense centrale quand le club de l’AS Poissy évoluait en deuxième division.

À l’époque il n’y avait pas de goal-average. On a été relégué car on avait moins de supporters que Toulouse.

Philippe Gros

L’aventure a continué en 3e division, les week-ends sur les terrains, et la semaine dans les salles de classe en tant qu’instituteur à Achères.

Directeur des sports de la ville

Après sa retraite sportive, au début des années 80, il est approché par un de ses amis pour élaborer le programme sport de Jacques Masdeu-Arus (maire de Poissy de 1983 à 2008). Ce dernier lui propose d’intégrer son équipe. Au départ réfractaire, il accepte le poste de directeur des sports de la ville de Poissy.

Création du Poissy Triathlon

Un an plus tard, il crée le Poissy Triathlon.

Ce sport était intéressant pour la Ville car il y avait tout à faire et il permettait à moindre coût de lui offrir une belle vitrine et d’attirer des partenaires.

Philippe Gros

Poissy Triathlon en chiffres

– 4 : médailles de bronze aux JO (Erin Densham en 2012 à Londres en individuel, Léonie Périault, Cassandre Beaugrand et Dorian Coninx en 2021 à Tokyo en relais
– 18 : qualifiés aux JO depuis Sydney 2000
mixte).
– 45 : titres de Champion de France de triathlon individuels-
– 23 : titres de Champion de France des clubs
– 14 : dirigeants
– 20 : éducateurs
– 20 : bénévoles
– 270 : licenciés
– 3500 : heures d’entrainement encadrées, 51 semaines par an

« La cheville ouvrière du club »

Au vu de sa fonction des directeurs des sports à Poissy au sein de la mairie, il ne pouvait pas être président du Poissy Triathlon. Il restera manager pendant 28 ans, « la cheville ouvrière du club, comme il dit. Le poste qui couvre tous les secteurs. Je faisais tout pour que le club fonctionne ». Ce qu’il a continué de faire jusqu’à ce qu’il passe la main. Ainsi, juste avant notre rencontre, il avait les mains dans le cambouis et s’affairait à l’entretien des vans qui serviront pour les stages de février.

George Belaubre l’autre figure du triathlon à Poissy

À l’époque de la création du club, Philippe Gros a un coup de chance. Il peut compter sur George Belaubre, directeur de la piscine de Poissy et meilleur triathlète français à l’époque.

On s’est structuré autour des performances de George. Le club a directement été propulsé au sommet. Il y a eu un effet de soufflé avec ces performances qui ont attiré du monde au club.

Philippe Gros

Fort de ces résultats, Philippe Gros en profite pour structurer le club. Une domination sur le triathlon français qui continue encore aujourd’hui.

« On avait toujours un coup d’avance »

Les triathlètes sont fiers de porter les couleurs de Poissy. Il y a ceux qui viennent du cru et ceux qui rêvent d’une chose, c’est de nous rejoindre. Et on a réussi à créer ça par nos résultats et l’image que l’on donnait sur le circuit.

Philippe Gros

Mais comment expliquer cette domination ? « On a jamais fait comme les autres, on avait toujours un coup d’avance », dit-il avec un sourire en coin.

Comme ici avec Jawad Abdelmoula à Fréjus, le Poissy Triathlon
s’est souvent imposé sur la première marche du podium
dans les compétitions nationales
Comme ici avec Jawad Abdelmoula à Fréjus, le Poissy Triathlon s’est souvent imposé sur la première marche du podium dans les compétitions nationales (©Christophe Gourdy)

Le triathlon, un sport d’équipe

Philippe Gros s’est notamment battu pour que le triathlon soit structuré en équipe et en club, alors qu’auparavant ce sport était un sport individuel.

 Au début du triathlon, les mecs étaient torse nu sur leur vélo, avec du feutre sur le bras pour identifier leur numéro de dossard. Les gens prenaient leur licence sans être rattaché au club. J’ai milité pour la notion de club, de tenue et d’équipe. 

Philippe Gros

Il a notamment passé des accords avec des partenaires, ses athlètes ont rapidement eu : le même vélo, le même casque, le même maillot.

Le club crée 5 ans avant la fédération

Je me souviens au tout début, on était les seuls à avoir une tenue. Quand on arrivait sur le podium, ils nous appelaient les militaires. Ils se foutaient de notre gueule. Au final, c’était nous qui étions dans le vrai. Les partenaires c’est ça qu’ils veulent, un esprit d’équipe. On a créé une image de groupe.

Philippe Gros

Le club de Poissy Triathlon a été créé 5 ans avant la Fédération française de Triathlon (FFTRI), qui a par la suite imposé les tenues sur les podiums.

On est amateur, mais on dit de nous qu’on est des pros, car on a une attitude pro.

Philippe Gros

« Nous nos valeurs, c’est nos couleurs, le respect de nos couleurs, et de nos partenaires », explique l’ancien président.

De nombreux souvenirs

De ce parcours de dirigeant sportif, Philippe Gros en garde des souvenirs à la pelle.

Quand vous avez votre téléphone qui sonne à 5 h du matin, et qu’on vous annonce que vous avez un athlète qui est champion du monde en Australie. C’est plutôt sympa. Ça vous marque.

Philippe Gros

En cette année 2000, le Poissy Triathlon fait le doublé au championnat du monde en sénior avec Olivier Marceau, et Frédéric Belaubre en junior. Ou encore ce jour où il remporte une course à une seconde près devant le club de Saint-Quentin-en-Yvelines, lors d’une coupe de France des clubs.

Des souvenirs de père également, lui qui a mis ses enfants au triathlon, Boris Gros et Stéphanie Gros qui ont remporté de multiples médailles.

Quand mon fils a été champion de France minime ou encore ma fille championne de France junior, ou championne du monde militaire. C’est des souvenirs marquants, je suis fier de ça

Philippe Gros

« Des histoires de vies » 

Au-delà de ses souvenirs, de victoire, Philippe Gros, reste marqué par « les histoires de vies » auxquels il a été confronté, ainsi que les bénévoles qui donnent de leurs temps pour que le club fonctionne. « À 7 h, ils sont là pour les entraînements, ils prennent du temps dans leur pause du midi, où ils sont là jusqu’à tard le soir », affirme reconnaissant le président.

Le club ce n’est pas que les médaillés olympiques !

Philippe Gros

Juste après cette phrase, Philippe Gros plonge sa main dans la poche de son jean, attrape son téléphone et montre une image d’une petite fille sur un fauteuil.

Tu vois cette fille, elle a 12 ans, c’était un espoir de triathlon, bien qu’elle soit jeune. Elle a fait une hémorragie cérébrale, elle est restée dans le coma pendant des semaines. On lui a rendu visite et on lui a donné un maillot dédicacé. Ça, c’est une histoire de vie. Une histoire de vie du club, beaucoup plus importante que le reste.

Philippe Gros

Le président à la carrure imposante a les larmes aux yeux en évoquant l’histoire de Cyrine qui s’est réveillée, et souffre d’hémiplégie. Elle est actuellement en rééducation afin de retrouver une motricité. « Elle va s’en sortir, elle a une volonté de fer. Je vais ouvrir l’assemblée générale en parlant d’elle vendredi. »

« Je ne veux pas être le vieux con qui s’accroche à son poste »

Depuis, cette assemblée générale qui a eu lieu le vendredi 28 janvier, Philippe Gros n’est plus président du Poissy Triathlon. Yves Salaun a pris sa succession.

Il faut savoir arrêter et penser à l’avenir. Je vais avoir 70 ans. Je ne veux pas être le vieux con qui s’accroche à son poste. C’est un truc que je ne supporte pas. Il faut s’appliquer à soi-même ce qu’on reproche aux autres.

Philippe Gros

« Je ne suis pas inquiet »

Philippe Gros va rester dans le giron, mais ne va plus s’occuper de rien. « Je ne suis pas inquiet. Il y a une belle équipe. Un club c’est des dirigeants qui dirigent, des cadres techniques et entraîneur qui entraînent, et des compétiteurs. Et là sur les 3 blocs ça fonctionne très bien. »

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