
Tout sourire malgré un reste de coquard sous l’œil gauche, Maïva Hamadouche fait la visite de la caserne Bessière, située dans le 17e arrondissement de Paris. La policière de 33 ans est affectée à la 11e compagnie d’intervention depuis 2014, et concilie son métier avec sa carrière de boxeuse professionnelle, avec déjà six ceintures au compteur dans la catégorie poids super plume.
En janvier dernier, elle a été récompensée par la MGP (la mutuelle des forces de sécurité) pour son engagement auprès des femmes victimes de violences conjugales dans les Hauts-de-Seine.
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Deux heures de cours par semaine
Depuis deux ans, Maïva Hamadouche propose deux heures par semaine des cours de boxe dans le centre pour femmes battues de Châtillon. « Quand je suis venue la première fois, c’était en pleine période du Covid, se souvient-elle, il y avait beaucoup de méfiance au départ, sur ce que pouvait apporter la boxe. »
Passé les premiers doutes, les cours se sont mis en place, accompagnés dans un premier temps par un psychologue. Maïva Hamadouche apporte plots et matériels pour les entrainements. Pour les gants de boxe, c’est un grand équipementier sportif qui lui a fourni une dizaine de paires.
Seulement cinq à six femmes participent aux sessions, pour « mieux les suivre individuellement et surtout créer un lien de solidarité entre elles ». « Je ne sais pas pourquoi elles sont là, où elles en sont ou non de leur parcours avec la justice », explique la policière. Bienveillante, Maïva Hamadouche n’en n’est pas moins exigeante avec elles. « Je pars du niveau de chacune, et à chaque fois, je donne un peu plus de difficultés dans les exercices pour les faire progresser. »
Il y a une relation de confiance qui s’instaure. Elle me voit arriver avec mon mètre 62, je n’ai pas la carrure d’une bodybuildeuse, je suis comme elles.
Sans en faire des boxeuses averties, ces cours ont davantage pour but de leur rendre confiance en elles. « Elles ont peur d’être en société ou parfois simplement de s’inscrire dans une salle de sport, détaille-t-elle. Ces cours, c’est souvent un premier pas pour se reconstruire. »
Maîtrise et confiance en soi
La boxe source de confiance en soi ? Maïva Hamadouche n’en doute pas en revenant sur son parcours. Originaire du Tarn, elle commence par pratiquer le football, avant de s’orienter vers la boxe française. C’est à 14 ans qu’elle bascule définitivement en boxe anglaise, plus connue, « avec plus d’opportunités de carrière à l’internationale et un plus grand niveau de compétition ».
En 2009, elle intègre l’école de police de Rouen. Après deux ans à Asnières-sur-Seine, elle est depuis affectée à la 11e CI de Paris, avec un emploi du temps adapté. Sur le terrain, la boxe lui a beaucoup apporté. « On a plus de confiance en soi, de maîtrise, on gère mieux les situations de tensions. »
Elle note que les policières sont plus souvent prises à partie que leurs collègues masculins : « Certains pensent qu’ils s’attaquent au plus faible du groupe ».
Sur le ring, un poison
Sur le ring, Maïva Hamadouche devient « El Veneno » (le poison en espagnol). La sextuple championne du monde de boxe catégorie poids super-plume s’y distingue par une boxe offensive, obligée de casser la distance avec ses adversaires du fait de sa taille.
Malgré un attrait de plus en plus grand pour le public pour les combats de boxe féminin, Maïva Hamadouche sait qu’il faut être encore plus performant que les hommes. « Devant un combat moyen d’hommes, il y aura moins de commentaires négatifs, alors que pour les femmes, ça sera plus exigeant. Il faut toujours être au top et produire un beau combat », juge-t-elle.
Sur le ring, sa stratégie est à l’image de son caractère : prendre vite l’avantage et provoquer le KO. Elle dénonce des décisions arbitrales parfois contestables. Comme aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Éliminée en 16e de finale, Maïva Hamadouche n’a toujours pas compris que les trois rounds (format de la boxe aux JO) du combat ne lui n’ont pas été attribués. Les Jeux de Paris ne font donc « pas parti de ses priorités ». Maïva Hamadouche se concentre « à 200 % » sur sa carrière professionnelle avec son prochain combat en mars à Paris.