
Que ce soit la place Anne-de-Bretagne, la rue Émile-Souvestre ou encore la rue Général-de-Gaulle, aucun endroit n’est épargné à Pontivy (Morbihan) : de nombreux pas-de-porte sont fermés.
Aux Berges du Blavet, un ancien bar situé place Ruynet-du-Tailly est fermé depuis des années. Idem pour la boulangerie en haut de la rue du Fil : la végétation y reprend même ses droits. Même scénario pour la poissonnerie de rue Ange-Guépin ou pour la jardinerie, transformée en dépôts de meubles rue des Forges… Il suffit de se balader dans l’hyper centre-ville pour constater le nombre important de commerces vacants.

« Rue du Pont, des locaux hors marché »
Les raisons de ces vacances sont multifactorielles. La vocation commerciale de certaines cellules évolue et peut disparaître au fil du temps. On peut citer l’exemple d’une ancienne boulangerie, place Anne-de-Bretagne, transformée en logement d’habitation.
D’autres cellules profitent d’être rachetée par un commerce voisin pour s’agrandir. On citera l’exemple récent du magasin Peinturier qui a racheté les locaux d’une ancienne agence immobilière rue Friedland. Certaines cellules sont aussi divisées : l’agence Manpower et l’ancienne pharmacie, rue nationale, ne formaient qu’un seul commerce de tissu il y a des années.

La Covid est passée par là…
Il y a aussi des raisons liées à la conjoncture économique : certains commerces n’ont pas rouvert après la Covid, d’autres ont fermé en raison de l’inflation des prix et donc de la baisse de fréquentation de ces dernières semaines.
Rue du Pont, nous avons des locaux hors marché, comme l’ancienne bijouterie. C’est un problème de succession. Il y a pourtant de la demande.
Le stationnement des véhicules n’est pas forcément le problème le plus évoqué par les commerçants. Exemple avec ce salon de coiffure qui a traversé la rue du Fil pour s’agrandir.
« Ça se résorbe »
« Pourtant, l’hyper centre-ville reste très dynamique et attractif », assure Mégane Nignol, manager du commerce pour la Ville de Pontivy. Aujourd’hui, l’hyper centre-ville compte 280 cellules commerciales.
Selon une étude réalisée par la Ville, fin 2022, la vacance commerciale ne représente que 12 %, ce qui équivaut à 33 commerces vides.
Ça se résorbe. En 2018, nous étions à 20%
Selon la manager du commerce, il existe trois types de vacances :
- La vacance conjoncturelle, quand le commerce est disponible le temps que le local soit remis sur le marché. « Il s’agit d’aller chercher des porteurs de projet. »
- Il y a ensuite la vacance-rétention, quand le bien n’est alors plus sur le marché pour un problème successoral, par exemple.
- Troisième type de vacance : la vacance structurelle. « C’est un problème lié au bâti qui n’est plus adapté au commerce. »
La grande gagnante : la rue Nationale
La rue Nationale est la grande gagnante avec seulement deux locaux vides en cours de reprises : Camaïeu et Le Cul de poule. « Rue Nationale, on a de grandes cellules, avec des espaces de stockage. Ce sont des bâtiments particulièrement adaptés pour le commerce », constate Mégane Nignol.
Des cellules trop petites
Les rues médiévales sont, quant à elles, plus problématiques, particulièrement la rue du Fil qui compte 33 % de commerces vacants, soit 15 locaux vides sur les 41 que compte la rue.
La rue du Pont s’en sort nettement mieux, avec seulement 13 % de vacance : « Plusieurs commerces de restauration rapide ont ouvert dans cette rue. La vacance a tendance à s’y résorber ».
Les problèmes de ces deux rues médiévales sont notamment lié au bâti :
La rue du Fil a cette problématique de bâti qui nécessite que les propriétaires réinvestissent dans leur bien. Les cellules sont étroites, moins éclairées et moins d’espace de stockage. Un commerçant souhaitant se développer est obligé de quitter la rue du Fil puisque les cellules sont petites. Cette rue est, en fait, adaptée aux indépendants.
On pourra citer un magasin de chaussures pour enfant qui a transféré son activité rue Nationale. « On s’est rendu compte que lorsque les locaux sont immédiatement disponibles et en bon état, des gens sont intéressés », précise Paul le Guernic.

Ici, trop de travaux !
Rue du Fil, l’ancien Jouéclub, ou l’ancienne boulangerie font partis des immeubles qui nécessitent énormément de travaux.
Ces immeubles ne sont pas immédiatement disponibles pour des commerçants souhaitant s’installer. L’action à mener sur la rue du Fil dépasse le cadre de la simple animation commerciale ou de l’accompagnement ; il y a des problèmes d’urbanisme, liés au bâti, liés à la circulation, etc.
L’accompagnement
Pour éviter des vitrines vides, la Ville a mis en place un dispositif : Les boutiques à l’essai.
« Ce dispositif permet de traiter la vacance conjoncturelle », tient à préciser Mégane Nignol.
Si le nom Boutique à l’essai n’est plus utilisé aujourd’hui, le concept est toujours d’actualité : la Ville continue d’accompagner les porteurs de projet.
« Le processus, c’est-à-dire accompagner des futurs commerçants, négocier avec le propriétaire une baisse de loyer ou un bail précaire, ça, on continue de le faire », avance Paul Le Guernic.
C’est notamment le cas du magasin Jolies bretonnes, rue du Fil, qui a pu bénéficier de ce dispositif.

Un plan spécifique pour la rue du Fil
« On travaille aussi sur un plan d’action spécifique pour la rue du Fil », poursuit Paul Le Guernic, qui réserve les détails du plan aux élus de la commission commerce, ce mois-ci.
La rue du Fil est un des grands enjeux. Elle a des atouts : les commerçants peuvent déballer, mettre une terrasse. Elle a un intérêt patrimonial. L’enjeu, c’est aussi de vendre ses atouts