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Pornic : chasseur et charmeur de vipères, il envoyait les reptiles à l’Institut Pasteur

Jean-Marie Chauvin vipères
Jean-Marie Chauvin, alias le Fakir Berman, « charmeur de serpents » à ses heures. ©Christian BACONNAIS / HUBERT

Michel Baconnais, de Pornic (Loire-Atlantique), aime à se plonger dans les archives et les livres pour remettre au jour quelques pans d’histoire locale oubliés.

Cette fois, c’est une chasse pas comme les autres qu’il fait remonter à la surface, celle de la vipère, menée par un habitant du Clion-sur-Mer au milieu du XXe siècle. Il raconte.

Récompenses pour détruire les vipères

« Aux XIXe et XXe siècles, nos campagnes regorgent d’un animal, dont l’évocation du nom est souvent synonyme de danger : la vipère (espèce intégralement protégée depuis le 08.01.2021)

En pays de Retz, et au Clion notamment, on rencontrait ces reptiles presque partout. Les rives du canal de Haute Perche, et le secteur compris entre la Boutinardière et la Fontaine aux Bretons, étaient des lieux connus pour abriter les vipères rouges.

En patois, on disait même : “un grou vipère” (une grosse vipère). Ces serpents étant si nombreux, des primes étaient accordées par le Département et la Mairie du Clion, pour encourager leur destruction. En 1954, une somme de 10 francs est allouée par tête (5 f de la mairie et 5 f du département). En 1958, elle est portée à 20 f (15 f par la commune et 5 f par le département).

31 vipères tuées en un seul jour

C’est ainsi qu’au Clion, un personnage, a bâti sa réputation sur la chasse aux vipères, en les capturant vivantes. Il s’agit de Jean-Marie Chauvin, né à la Biotelais en 1891. Mais, c’est surtout dans l’entre-deux guerres qu’il s’est fait connaître, ainsi que dans les années 1950, où le journal L’Écho de Paimboeuf, puis Le Courrier de Paimboeuf (ancêtre d’actu Le Courrier du pays de Retz, NDLR), a rapporté les exploits du “charmeur de vipères”. Dès le 21 mars 1936, la presse relate que “31 de ces reptiles furent tués par lui en un seul dimanche”.

Déjà, on indique : “Il est notoire d’ajouter que ce chasseur original est complètement désintéressé. Tout de même, une prime par tête, si minime soit-elle, ne serait pas de l’argent mal dépensé. Qu’en pensent nos lecteurs ?”

Des caisses de reptiles envoyés par le train

Aussi, devant un nombre de captures toujours plus grand, il eut l’idée d’envoyer par le train, ces animaux vivants à l’Institut Pasteur.

En 1947, un courrier de remerciement lui est adressé par cet organisme, qui, à cette occasion, demande de lui faire un nouvel envoi.

Fin 1956, le Courrier de Paimboeuf titre : “Un bienfaiteur assez méconnu… Du 15 mars au 4 octobre 1956, Jean-Marie Chauvin, du village de La Porcherie a expédié à l’Institut Pasteur cinq caisses contenant plus de 350 vipères. Nos félicitations à ce chasseur d’un gibier dont la morsure ne pardonne que rarement”.

En 1957, ce même journal nous parle une fois encore “des exploits du charmeur”. D’avril à octobre 1957, c’est 398 vipères qu’il faut ajouter au palmarès de l’original et hardi chasseur…

Il décapitait les vipères avec ses dents

Mais, Jean-Marie Chauvin aimait aussi se mettre en scène.

À l’occasion des fêtes de l’Ascension du Clion, et de la Mi-Carême de Pornic, il se produisait en tant que « Fakir Berman ».

Installé sur une charrette, sur laquelle il avait fixé des branchages, il y déposait vipères et couleuvres. Ainsi, devant des spectateurs médusés, souvent horrifiés, il manipulait ces bestioles avec une étonnante facilité.

Jean-Marie Chauvin a capturé des centaines de vipères, charmées ensuite à la scie musicale.
Jean-Marie Chauvin a capturé des centaines de vipères, charmées ensuite à la scie musicale. ©Christian BACONNAIS / HUBERT

Mais le clou du spectacle était de le voir les décapiter avec… ses dents (Courrier de Paimboeuf n°558 du 14 décembre 1957).

On dit aussi, qu’il fut victime de 18 morsures de vipères, dont une à la langue ? Pourtant, malgré tous ces accidents qui n’avaient pas semblé l’affaiblir, il quitta définitivement sa terre clionnaise le 19 septembre 1961.

D’autres chasseurs de vipères font des records

En pays de Retz, et à cette même époque, d’autres « chasseurs » se sont aussi distingués : on peut citer M. Maisonneuve, dit « le père Jean », demeurant à la Martinière, qui, entre 1927 et 1935 a détruit 1700 vipères. Il y a aussi « le père Guillou » (Louis Guillou), originaire de Vue, et qui, dans la région de Saint Sébastien, a tué près de 3500 vipères entre 1926 et 1936.

À Machecoul, un certain Moreau, dit Chapitois, s’est également illustré dans ce domaine. C’est dire combien ces reptiles étaient nombreux dans notre région ! Mais, d’autres départements virent bien d’autres records.

Ce chasseur aux 30 000 vipères capturées

Courtol, le légendaire chasseur de vipères de la Haute-Loire, qui dans ses meilleures journées, ne dépassa pas 125 vipères, en captura 30 000 tout au long de sa vie.

Ces primes hélas attirèrent les escrocs. Vers 1920, les frères Terrier (déjà connus de la justice), déclarèrent des prises énormes dans l’Yonne. 17 268 francs furent versés pour leurs captures, soit la totalité des crédits prévus au budget départemental. Ils finirent en prison. (Le Petit Haut Marnais du 23 mars 1922 ou L’Écho de l’Yonne du 6 décembre 1924). »

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