
Cela fait bien longtemps qu’il a dépassé l’âge légal de départ à la retraite. Et pourtant, il ne se voit pas partir tout de suite.
À 77 ans, le docteur Guichard continue d’officier en tant que psychiatre au sein de la clinique La Nouvelle Héloïse, à Montmorency. Un poste qu’il occupe depuis… 48 ans !
« En 1975, j’ai répondu par hasard à une petite annonce après trois ans d’internat à la Pitié-Salpêtrière. Je me suis tout de suite senti bien, et je ne suis jamais reparti. »
Sa spécialité : les troubles bipolaires, auxquels il a consacré sa thèse de fin d’études et plusieurs ouvrages, dont l’un des derniers, Vivre & comprendre les Troubles bipolaires (2014, éd.Ellipses), s’est vendu à plus de 5 000 exemplaires.
« Les personnes atteintes par cette pathologie sont créatives, sensibles », décrit-il pour expliquer son attachement particulier au sujet.
Psychoformations
Depuis 2006, à son initiative, la clinique psychiatrique La Nouvelle Héloïse propose des psychoformations aux personnes touchées par cette pathologie.
« L’idée, c’est que le patient devienne un expert de sa propre maladie et qu’il soit associé à son traitement. »
Une formation de cinq heures est également proposée aux proches, afin de les aider à mieux appréhender la maladie.
« Les résultats sont très positifs. J’ai en tête le cas d’un couple qui était en instance de divorce, et qui a finalement décidé de se remettre ensemble après que la femme a assisté à nos séances, où elle a appris à comprendre le mode de fonctionnement de son mari. »
« Il est totalement dévoué à ses patients »
Si le docteur Guichard se montre volontiers volubile lorsqu’il s’agit d’évoquer son travail, il est en revanche plus discret sur sa vie en dehors de la clinique.
« J’aime bien la marche et voyager », bredouille-t-il face à notre insistance, sans donner plus de détails.
L’homme aurait cependant bien des choses à raconter. « C’est quelqu’un de très cultivé, passionné d’histoire contemporaine, et qui a écrit plusieurs livres sur De Gaulle », nous informe Christine Amirault, la directrice de l’établissement.
Dans un lieu qui pourtant n’en manque pas, le docteur Guichard est un personnage. Dans les couloirs, il n’est qu’à évoquer son nom pour qu’un petit sourire, mêlant respect et tendresse, apparaisse sur le visage de ses collègues.
Retraite
« Depuis huit ans que je le connais, il n’a jamais raté une seule journée de travail. Il est là, tous les jours avec son costume, à 8h13 précise, pas 8h15 », confie Christine Amirault, amusée.
Et d’ajouter : « C’est une personne totalement dévouée à ses patients. J’ai l’impression que c’est cela qui le maintient en forme. »
Malgré la passion qui l’anime, le jour approche où le praticien devra ranger sa blouse.
Quels souvenirs gardera-t-il en tête après un demi-siècle passé dans le même hôpital ? Il se gratte l’arrière du crâne, cherchant quoi répondre.
« L’image qui me restera, finit-il par articuler, ce sera celle de mes patients, de ce qu’ils m’ont apporté et de tous ceux que j’ai aidés à être plus heureux. »