
Un plan à 5 millions d’euros sur 6 ans vient d’être signé par de nombreux acteurs publics pour améliorer la qualité de l’eau (qui est particulièrement mauvaise), et la quantité (puisqu’évidemment la ressource est épuisable) sur le territoire du Bassin versant de Grand Lieu.
L’enjeu des plantations d’arbres
Dans cette enveloppe, un peu plus de 240 000 euros sont fléchés pour planter quelque 40 km de haies dans le secteur. Car au-delà d’être indispensable à la biodiversité, en offrant notamment le gîte à plusieurs espèces (chauve-souris, amphibiens, oiseaux, insectes…), les haies jouent un vrai rôle pour lutter contre le ruissèlement des eaux chargées d’azote, de phosphore et de produits phytosanitaires qui polluent les ruisseaux.
« Cela passe par le système racinaire des arbres. C’est lui qui permet d’infiltrer cette eau », explique Amélie Fontenille, technicienne pour le syndicat du Bassin versant de Grand Lieu.
Suite au remembrement, c’est-à-dire à la coupe massive des haies bocagères dans les campagnes entre 1960 et 1980, il faut aujourd’hui replanter. Et donc convaincre les agriculteurs du bienfondé d’une telle action pour leur territoire.
« Nos intérêts peuvent converger »
Le syndicat du bassin versant de Grand Lieu a ainsi signé un partenariat l’année dernière avec la fédération des maraîchers nantais. « On n’est pas les uns contre les autres, nos intérêts peuvent converger », assure Régis Chevallier, le nouveau président qui cultive, avec son associé et sa dizaine de salariés des salades, poireaux, radis et autres légumes (sans compter la production de céréales), sur 140 hectares dans le secteur de La Planche (Loire-Atlantique).
« Plus de bénéfices que de contraintes »
Et pour « montrer l’exemple », il a lui-même accepté la plantation de 990 arbres sur ses terres.
J’ai plein de collègues qui sont réceptifs à ça, et d’autres qui le sont moins. Quand on est maraîcher et qu’on fait de la mâche et des jeunes pousses de salade par exemple, les arbres peuvent poser problème, car un corps étranger comme une feuille est vite arrivé dans ces semis à haute densité. Et ça, le consommateur ne le veut pas.
Mais celui qui a investi dans des machines pour se débarrasser de tous ces éventuels corps étrangers trouve « qu’il y a plus de bénéfices que de contraintes à planter des haies. « On est acteur d’un territoire, c’est donc important de le préserver ».
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Comment convaincre ?
Plusieurs arguments sont avancés par les deux partenaires pour convaincre. Le principal est financier puisque si le projet du propriétaire terrien rentre dans le cadre du fameux contrat de territoire eau (en cela qu’il a un intérêt contre les ruissèlements), les plants, les tuteurs et le paillage sont pris en charge (par un financement européen, le Liger Bocage, et par le syndicat).
Il n’a alors rien à débourser si ce n’est engager du temps puisque la préparation du sol et la plantation lui reviennent. « C’est volontaire », note le syndicat. « L’idée est vraiment qu’il soit investi dans le projet pour s’en sentir acteur ». Et donc limiter les risques d’arrachage…
Autre argument à noter : la forme donnée au dispositif où les diagnostics sur le terrain sont systématiquement réalisés par un membre du syndicat et un autre de la fédération des maraîchers, de façon à trouver le bon équilibre auprès de l’exploitant.
D’autres actions menées
Au-delà de la plantation de haies, d’autres aménagements peuvent être financés par le contrat de territoire eau (avec l’Agence de l’eau et la Région en plus du syndicat et des fonds européens du programme Liger Bocage). « On peut créer des zones tampons (240 000 € sont fléchés pour ça, ndlr), c’est-à-dire des bassins qui vont récupérer les eaux de ruissèlement », explique Amélie Fontenille. « On a également un volet restauration de mares pour y recréer de la vie aquatique (environ 35 000 €, ndlr) ». Et comme les acteurs sont nombreux sur le territoire de Grand Lieu à pouvoir financer ces mêmes actions, un service a été mis en place pour guider et accompagner tous les porteurs de projets, qu’ils soient institutionnels, professionnels ou particuliers. Il s’agit du programme Hema (02 40 78 09 17).
Objectifs communs
Les 700 mètres linéaires de haies plantés jeudi 9 février 2023 sur trois parcelles de Régis Chevallier ne joueront pleinement leur rôle que dans une dizaine d’années.
Et d’ici là, il y aura évidemment un peu d’entretien à faire. De taille essentiellement. Mais pour le président des maraîchers, l’entrain est total. « On est motivés avec le syndicat, on partage ces enjeux de reconquête de l’eau et de la biodiversité ».
Et c’est tant mieux, car le travail est aussi vaste que l’enjeu capital.