
Une eau comprise entre 3 et 5 °C. Un maillot et un bonnet de bain. Pas de combinaison. Une situation inimaginable pour beaucoup. Pourtant, Aurélien Agnellet y a pris goût depuis trois ans. Le trentenaire installé à Vannecrocq (Eure), entre Beuzeville et Épaignes, a découvert un sport extrême un peu par hasard : la nage en eau glacée.
« À la base, je pratique le triathlon (natation, cyclisme et course à pied). J’aime particulièrement nager », indique-t-il. Aurélien voulait s’entraîner tout au long de l’année. Y compris à l’automne et en hiver. Il essaie d’abord avec une combinaison. « C’était trop long à mettre et à enlever », remarque-t-il. Aurélien n’ayant pas froid aux yeux, il essaie sans. Il enfile simplement un maillot et un bonnet de bain.
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On souffre au début, c’est sûr.
« Une décharge d’endorphine »
Il s’adonne très vite à cette pratique. À tel point qu’il met le triathlon un peu de côté. Aurélien s’entraîne régulièrement dans des étangs. « Au début, j’avais une appréhension avant d’aller dans l’eau. Aujourd’hui, je maîtrise mieux l’entrée dans l’eau », reconnaît-il. Après quelques minutes difficiles, la sensation de bien-être se fait sentir. Le corps commence à se réchauffer :
La nage en eau glacée provoque une décharge d’endorphine. Après, on se sent bien.
Ses entraînements en solo (1 à 2 fois par semaine) ne durent pas plus de 3-4 minutes. Le nageur a le temps de parcourir plusieurs dizaines de mètres. En groupe, ils peuvent nager 10 à 15 minutes. « On ne peut pas nager aussi vite que dans un bassin avec une eau plus chaude. Je nage en crawl, la nage où je suis le plus à l’aise. On évite de trop ressortir la tête de l’eau », continue-t-il.
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Ressortir de l’eau alors que la température à l’extérieur est négative (jusqu’à -7 °C !), voici un autre défi pour les nageurs en eau glacée ! Un moment toujours « difficile » pour Aurélien. « J’ai beaucoup de mal à me rhabiller. La température du corps a diminué. Je tremble encore beaucoup à la sortie de l’eau », confie-t-il. Aurélien doit attendre 30 à 45 minutes pour bien se réchauffer.
La découverte de la compétition
Il y a quelques mois, le gérant de station de lavage dans la région rouennaise a découvert l’existence de compétitions à part entière. En décembre dernier, il a ainsi disputé ses premiers championnats de France à Megève (Haute-Savoie). Toutes les épreuves précédentes avaient été annulées en raison de la crise sanitaire. Il s’est classé 5e sur le 50 m papillon et 18e sur le 100 m crawl. En janvier, il était qualifié pour les championnats du monde à Samoëns, toujours en Haute-Savoie, mais n’a pas pu s’y rendre pour raisons professionnelles.
Lors des championnats de France, il a pu faire la connaissance de passionnés, originaires de Rouen. Désormais, il rejoint ce groupe pour des entraînements en commun. Il nage ainsi plus longtemps. C’est aussi moins dangereux en cas de problème.

Aurélien n’est pas novice en compétitions. Depuis 2008, c’est un adepte du triathlon. Tout a commencé à Mâcon lorsqu’il a vu ses amis participer à l’épreuve en relais (un sportif nage, un autre pédale et le dernier court).
Aujourd’hui, il est membre du club de Pont-Audemer, le Pont-Audemer Triathlon (PAT). Il occupe le poste de vice-président. « Si je ne pratique plus, je voulais être utile différemment. On se connaît tous au club. » Plus jeune, il a aussi joué au football et pratiqué le ski.
Quels sont ses objectifs ? « Le Graal, c’est l’Ice mile, une épreuve de 1,6 km en eau glacée. Avant, il faudrait que je réussisse à parcourir 1 000 mètres. J’ai déjà fait 700 m mais il ne faut pas prendre trop de risques. » Aurélien fait preuve de sang-froid, bien conscient de la dangerosité de cette discipline.
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Les exploits de Marion Joffle
Originaire de Lisieux, Marion Joffle, qui fêtera ses 24 ans le mois prochain, est la première Française à parcourir 1 000 mètres en eau glacée. Elle est classée dans le top 10 mondial de la natation en eau froide (0 à 5 degrés). En août dernier, après cinq ans de préparation, la jeune femme a réussi à traverser la Manche à la nage. Dernière performance en date : elle a nagé 1,6 km dans les eaux glacées du lac Tislit au Maroc. La nageuse normande boucle ainsi la première étape de son défi de nager un « Ice Mile » sur chacun des sept continents du globe. Touchée par un cancer pendant son enfance, elle associe ses exploits à l’Institut Curie. En ce début d’année, un autre sportif a réalisé une belle performance : Rodolphe Brohy, originaire de Rouen. Rencontré par nos confrères de 76actu, le nageur de 52 ans a été sacré champion du monde de nage eau glacée, dans sa catégorie (50-54 ans). Il a réalisé 1 minute 33 secondes et 8 centièmes sur le 100 mètres papillon. Un chrono synonyme de record du monde.