
L’affaire Bassam El-Absi est-elle une rumeur ? C’est en tout cas ce qu’avance la défense du mis en cause à la cour d’Assises de la Gironde à Bordeaux lundi 20 février 2023 au premier jour du procès.
Un procès qui se déroule jusqu’au lundi 27 février 2023, dans lequel le radiologue du cabinet Imagix à Langon, Bassam El-Absi, est accusé de viols et agressions sexuelles sur plusieurs patientes et sur une employée du laboratoire de radiologie.
Le président de la cours d’Assises de la Gironde a quand même tenu à rappeler à l’avocat du radiologue, Me Alexandre Novion, que le tribunal ne juge pas sur des rumeurs, mais sur des faits.
17 plaignantes contre le Dr Bassam El-Absi
Cette affaire complexe aurait débuté en 2003, avec une première plainte, puis une seconde en 2006. Puis d’autres en 2012, 2016, 2018, 2019, 2020… Ce sont au total 17 femmes qui sont allées déposer plainte à la gendarmerie pour des faits similaires.
Aujourd’hui devant le tribunal de Bordeaux, huit femmes ont été retenues pour le procès. Elles se sont portées partie civile et sont aussi témoins des faits.
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Ces femmes, qui ne se connaissaient pas pour la plupart avant de passer la porte d’entrée du tribunal, dénoncent des pénétrations digitales anales, des caresses sur les parties intimes ou la pratique de va-et-vient avec la sonde d’échographie lors des différents examens médicaux réalisés dans les cabinets de Langon ou Béguey du radiologue.
Des pénétrations anales
Les témoignages sont glaçants. Une première plainte en 2012 dénonce des « exercices pour déstresser en mettant un doigt dans l’anus de la patiente et de serrer et relâcher six fois d’affilée ». Ou encore en 2013 « des massages qui ont commencé au ventre pour descendre jusqu’au pubis et au clitoris ».
Mais aussi, lors d’un parcours de PMA (procréation médicalement assistée) en 2017, une patiente dénonce « des caresses sur le clitoris avec en même temps le petit doigt dans l’anus ».
Dans le dossier, on peut lire une autre plainte en 2016 pour « des va-et-vient dans le vagin avec la sonde échographique pour stimuler les ovaires ». Et bien d’autres témoignages qui vont dans le même sens.
A noter que plusieurs femmes ont indiqué qu’elles avaient senti Bassam El-Absi avoir une érection. Une ancienne patiente dénonce un viol par son sexe qu’elle aurait subi lorsqu’elle avait 15 ans.
« Je conteste totalement les faits, tout le monde me connaît, je n’ai jamais eu de problème »
A la barre, Bassam El-Absi apparaît confiant, serein, et même un peu offensif face à l’avocat général. Il fait des grands gestes pour présenter sa défense et indique très rapidement :
J’ai exercé 38 ans à Langon, tout le monde me connaît, je n’ai jamais eu de problème je conteste tout. J’ai pratiqué 1 million d’actes, dont 250 000 échographies pelviennes.
Lors de ses différentes auditions en gendarmerie, le radiologue a toujours nié en bloc les accusations.
Comme argument, il avance ne plus avoir d’érection depuis quatre ans, qu’il est suivi médicalement à ce titre depuis 2001. « Ces problèmes ont été compensés avec la prise de viagra jusqu’en 2011. Et, à partir de 2014, un sexologue m’a suivi. »
Le professeur en psychologie ayant reçu Bassam El-Absi en entretien précise que les troubles de l’érection n’excluent pas un plaisir ou une excitation sexuelle chez une personne.
De son côté, le Dr Bassam El-Absi déclare, dans les rapports des auditions ,qu’il lui est impossible de caresser un clitoris et de tenir la sonde en même temps compte tenu de la taille de l’objet et de la distance à laquelle il tient cette sonde de la patiente.
Bassam El-Absi ajoute d’ailleurs que s’il avait introduit ses doigts pendant un examen avec la sonde échographique, les images ne pourraient pas être claires.
« Pervers et manipulateur ? »
Dans les rapports d’expertise, il est indiqué que M. Bassam El-Absi n’a aucune pathologie psychiatrique, qu’il ne souffre d’aucune anomalie mentale ou psychique.
Un expert souligne, de son côté, que le radiologue fonctionne comme « un pervers manipulateur égocentrique avec une mise en avant de ses qualités ».
A ce titre, le professeur en psychologie à Bordeaux, qui a reçu Bassam El-Absi en entretien en 2020, met en évidence que le radiologue entretenait une relation de pouvoir avec son entourage, sa famille, ses maîtresses et les familles des maîtresses, avec notamment « d’importantes sommes d’argent données », a rappelé le président de la cour d’Assises de la Gironde.
Bassam El Absi s’est dit victime d’un complot
Face à toutes ces accusations, le radiologue Bassam El Absi s’est dit victime d’un complot.
Celui-ci serait mené, d’après lui, par certaines salariées de son cabinet ayant l’intention de lui nuire. Parmi elles, une femme avec qui il a entretenu une relation adultère durant de nombreuses années.
La défense ne cesse d’avancer que le dossier a été nourri de nouveaux témoignages une fois que l’affaire a éclaté dans la presse en 2019. « Il s’agit de quatre ans et demi de procédure de soupçon et fantasmes de quelques femmes », insiste l’un de ses avocats.
Pour le deuxième jour du procès, mardi 21 février 2023, le tribunal doit aborder la vie de l’accusé.