Accusé de viols et d’agressions sexuelles, Bassam El Absi a fait l’objet de 17 plaintes pour ce type d’agissements. Huit femmes se sont portées partie civile : six patientes, une secrétaire de son cabinet de radiologie, et la fille de son ancienne maîtresse et employée…
Accusé de viols et d’agressions sexuelles, Bassam El Absi a fait l’objet de 17 plaintes pour ce type d’agissements. Huit femmes se sont portées partie civile : six patientes, une secrétaire de son cabinet de radiologie, et la fille de son ancienne maîtresse et employée. Présumé innocent, il continue de nier l’intégralité des faits qui lui sont reprochés.
« Il m’a tendu un piège »
Jeudi 23 février, les redondances dans les récits de patientes sont frappantes. L’une raconte l’avoir consulté cinq fois à partir d’octobre 2016 pour un suivi de grossesse. À deux reprises, elle dit avoir senti « ses doigts dans mon vagin » alors qu’il y avait inséré une sonde.
Une autre femme explique être venue pour des douleurs au ventre. « Le docteur El Absi ne trouve rien. Il dit qu’il va me montrer un exercice pour me déstresser. C’est allé très vite : il m’a mis un doigt dans l’anus et m’a dit de serrer très fort puis de relâcher à plusieurs reprises. Je ne pouvais pas imaginer qu’un médecin puisse me faire ça. »
Une troisième patiente relate des faits – prescrits – remontant à 1990, alors qu’il travaillait à l’hôpital de Langon. Elle a 19 ans et le rencontre pour une échographie de contrôle. Trouvant que les images sont bonnes, il lui propose de revenir pour prendre des clichés à destination d’étudiants, ce qu’elle accepte. « Il m’a tendu un piège », lâche-t-elle devant la cour. Lors de ce second rendez-vous, « il me passe l’appareil au niveau de la poitrine, mais s’agace de ne pas bien y voir à cause de mes tétons. Alors il se penche et les suce. »

Laurent Theillet/ « SUD OUEST »
État de sidération
À toutes, la même question revient : pourquoi ne pas avoir réagi ? « Je ne pouvais pas bouger », « j’étais tétanisée », répondent-elles. Un état de sidération décrit le matin par un psychologue comme un mécanisme de défense classique dans des situations de danger.
La fille de l’ancienne maîtresse de Bassam El Absi fait écho à ces réponses. « J’avais la tête dans mon oreiller. Je voulais juste que ça cesse. » Le médecin, qui considérait l’adolescente d’une quinzaine d’années à l’époque comme sa propre fille, avait sa confiance. La voyant complexée par ses cuisses, il lui propose d’y appliquer une crème amincissante, selon le récit de la plaignante.
Un matin, seule chez elle, il passe la lui donner avant de la conduire en cours. Il propose de lui montrer comment faire et lui demande de s’allonger sur le ventre. « Il est remonté de plus en plus près de mes parties intimes jusqu’à les toucher plusieurs fois. Il m’a ensuite enlevé le short. Je me souviens du son quand il a retiré son pantalon. » Il l’aurait alors pénétrée avec son sexe, avant de se retirer et de l’attendre pour la conduire en classe. « Il m’a amenée et m’a souhaité : ‘‘bonne journée MPC’’, pour ‘‘mon petit cœur’’, comme il m’appelait. »
Seul contre toutes
Pour chaque déposition, l’accusé, bras croisés, parfois agité, écoute depuis son siège deux mètres en retrait, les yeux braqués dans leur dos. « Comment pouvez-vous vous regarder dans le miroir ? » l’a interpellé une plaignante. « Vous êtes un minable », lui a craché une autre.
L’une de ces femmes, croisée lors d’une suspension d’audience, expliquait attendre des aveux « pour pouvoir [se] reconstruire ». À la barre, dans un sanglot, elle a tenté de l’interpeller, traduisant l’ambivalence de sentiments de plusieurs d’entre elles, entre le médecin aimable qu’elles respectaient et celui qu’elles accusent : « Mon but n’est pas que vous partiez en prison… » « Moi non plus, a coupé Bassam El Absi. Il vous suffit de dire la vérité. »
Petit, les épaules tombantes, Bassam El Absi a l’apparence de ses 71 ans, mais s’est défendu avec vigueur et constance durant tout le procès. Seul contre toutes, il a maintenu sa théorie du complot malgré la pile de témoignages. « Manifestement, il y a la vérité des plaignantes, et celle de Bassam El Absi », a résumé Hubert Hansenne, le président, avant de suspendre la séance.
Une attitude remarquée
Tout au long du procès, Bassam El Absi a régulièrement fait preuve d’une certaine désinvolture, se voyant rappeler à plusieurs reprises la gravité des faits qui lui étaient reprochés. Accroché à sa thèse du complot, l’ancien radiologue s’est régulièrement agité sur son siège, secouant la tête, agitant les bras pour marquer sa désapprobation. « N’oubliez jamais que l’accusé, c’est vous », lui a intimé le président. À l’aise, parfois souriant, il s’est permis de demander une pause pour aller aux toilettes, s’est chargé plusieurs fois d’allumer les micros de ses avocats, ou a oublié de couper la sonnerie de son téléphone. Un comportement rare pour un accusé, a noté le président.