Par Arielle Bossuyt Publié le Le Démocrate Vernonnais Voir mon actu Suivre
Vendredi 19 mars 2021, veille du printemps, la rue Claude-Monet à Giverny (Eure) s’étire sous le soleil. Quelques touristes masqués déambulent. Tels Monique et Jean-Pierre, un couple de Bonnières : « C’est une balade agréable. On vient ici une ou deux fois par semaine. » Habitant à 8 km de Giverny mais dans les Yvelines, ils n’auront plus le droit d’y revenir pour se promener.
Sylvie et Stéphane, eux, se sont déjà fait une raison :
« On vient de Paris. On s’offre une dernière échappée avant d’être à nouveau enfermés. Il y a un an, on était venus fêter la fin du confinement. On avait pu déjeuner au soleil, c’était magique. »
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Daniel et Michelle, qui habitent à Bézu-Saint-Eloi (33 km), sont dans la même situation : « C’est une balade qu’on fait souvent. On se gare à Vernon et on suit la Voie verte. On est venus exprès aujourd’hui pour s’offrir ce petit plaisir parce que c’est le dernier jour avant un mois. »
« On veut des gens, on veut de la vie ! »
Devant la maison de Monet, « fermée jusqu’au 19 avril », les premières fleurs pointent le bout du nez. « La nature a souffert du gel, mais les jacinthes sont un peu en avance, ça met un peu de gaîté », positive Emmanuel Besnard, le jardinier en chef du musée des Impressionnismes.
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La plupart des chambres d’hôtes sont fermées. Pas de chance non plus pour la Crypte, la brocante d’objets vintage : à peine venait-elle d’ouvrir qu’elle a dû baisser le rideau. Stéphanie Guyot-Révérend, directrice de la galerie Blanche, devra repousser sa première expo, prévue du 3 au 16 avril.
Les commerces de bouche font eux aussi grise mine.
« On a ouvert jeudi matin, on commençait à y croire et ils nous ont porté le coup de grâce. On va quand même ouvrir du jeudi au dimanche pour la boulangerie, la pâtisserie et les sandwichs. Si ça se passe bien, on fera des burgers et de la cuisine à emporter. On veut des gens, on veut de la vie ! »
La Musardière donne rendez-vous à ses fidèles le samedi 3 avril pour un repas à emporter : asperges, quenelles de volaille ou de brochet, dessert. « On s’adapte et on attend des jours meilleurs », philosophe Philippe Chauveau, de la boutique Les Gourmandises de Giverny.
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« Giverny, on a vérifié, c’est à 6,7 km ! »
Samedi, jour J du reconfinement, nous croisons Cédric et Sarah, de Saint-Marcel : « On a choisi une balade près de chez nous, à cause du confinement. C’est rare de voir Giverny aussi désert. » Colette et Monique, de Vernon, flânent au soleil : « Le temps est magnifique. Ça nous permet de faire un peu de marche tout en respectant les consignes. »
Paul, de Poissy (50 km) assume l’entorse aux règles : « Normalement, je n’ai pas le droit, mais comme je passe ma vie à travailler, j’ai besoin de décompresser. » Nathalie, sa compagne, approuve. Antoine et Isabelle, de Saint-Marcel, n’ont pas eu cette audace : « On pensait aller à La Roche-Guyon, mais ça faisait 16 km ; Giverny, on a vérifié, c’est à 6,7 km ! »