
Avant d’arriver sur le site de l’ancienne maison des frères de la Groulaie à Blain (Loire-Atlantique), les réfugiés ukrainiens avaient été accueillis en avril 2022 dans un bâtiment d’Epsylan.
À cette époque, nous avions rencontré Nasirou. Étudiant en énergie renouvelable, à Kharkov. Nasirou avait quitté l’Ukraine, le 3 mars 2022, quelques jours après l’entrée en guerre du pays. Un pays où ce jeune Sénégalais vivait depuis 2018.
Il raconte : « je suis arrivé en France, le 8 mars 2022. D’abord à Paris, ensuite à Nantes et le 11 avril dernier, sur le site d’Epsylan à Blain et ensuite ici. »
L’étudiant a parcouru du chemin, et c’est avec un large sourire qu’il annonce qu’il travaille. « J’ai obtenu ma demande d’autorisation provisoire de séjour en août qui m’a donné la possibilité de travailler et depuis septembre, je travaille pour les Eaux Vives Emmaüs. »
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Les Eaux vives Emmaüs est la structure qui encadre les Ukrainiens à Blain. Maîtrisant parfaitement le français, Nasirou a été embauché comme animateur et traducteur. « Je suis en CDD jusqu’en juin, et si on renouvelle mon contrat, je reste ici. » Nasirou confie qu’il va très bien et explique : « je ne vois que des portes qui s’ouvrent pour moi. Un bel avenir en perspective s’annonce. »
Au sein de l’association, il anime également des activités. « On crée des animations pour que les résidents pensent à autre chose, qu’ils oublient leur stress et ce qui se passe chez eux. Je les accompagne dans leurs démarches administratives, prises de rendez-vous. »
L’inquiétude pour la famille sur place
Alexandra Chornomorets, 32 ans, a quitté Voznesensk en mai 2022 avec son fils Nikita de 9 ans. Elle vit à Blain avec son mari et son fils depuis le 14 juillet. « Lorsque la guerre a été déclarée, mon mari travaillait en Finlande. C’est pour ça qu’aujourd’hui, nous sommes ensemble. »
Elle a cependant laissé ses parents, ses frères et sœurs en Ukraine. » Mes frères sont des soldats, ils se battent à Zaporijzhia. Mes parents et ma sœur vivent en appartement. » C’est avec une inquiétude palpable que la jeune femme parle de sa famille.
« J’ai parlé avec ma sœur aujourd’hui, il y a eu 3 fois la sirène, 3 fois l’état d’alerte sonné. Ils descendent à chaque fois se cacher dans le sous-sol. » Elle explique que sa famille n’a pas voulu partir : « ils veulent rester dans leur patrie. «
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Alexandra ne sait pas si un jour, elle retournera dans son pays où elle était professeur des écoles et travailleuse sociale. Son mari a décroché un CDI aux chantiers navals à Saint-Nazaire, son fils de 9 ans s’est bien intégré à l’école et s’est fait des amis.
La famille voit sa vie en France. Alexandra prend des cours de français, et aimerait bien travailler également. En attendant de trouver un travail, elle écrit un roman pour les enfants.
Une adaptation sociale…

Séverine Foutel responsable de l’équipe accompagnement dispositif d’accueil temporaire familles Ukrainiennes Blain, déclare que les résidents s’adaptent bien.
« On est là tous les jours, on les aide dans beaucoup de démarches et ils sont avec d’autres Ukrainiens. Nous leur proposons aussi régulièrement des activités, sport, jeux. Les personnes de la SA Esat viennent jouer à des jeux avec nos résidents. Récemment, nous leur avons appris à faire des crêpes bretonnes. »
Si dans l’ensemble, tout va bien, Séverine Foutel avoue : « avant les fêtes, on savait que ça allait être compliqué. Il y a eu des baisses de moral ce qui était logique, c’était le 1er Noël loin de chez eux sans leurs familles.
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Nous sommes vigilants sur les baisses de moral. » Elle a constaté également que les Ukrainiens adorent aller en bord de mer, » nous avons un minibus 9 places, qui nous permet d’aller sur la côte. » Chaque jour, des cours de français sont donnés. 23 enfants allant du primaire au lycée sont scolarisés.
« Ils ont des cours adaptés, le matin, ils suivent des cours français et l’après-midi à distance ce sont des cours ukrainiens. »
… et professionnelle
» Beaucoup sont en demande de travailler soit sur Blain soit ailleurs. Ils sont une cinquantaine à travailler ou à vouloir. Ils acceptent n’importe quel travail, tout leur va. Nous en avons qui travaillent à l’Amour est dans le blé, au Leclerc, à la fromagerie de Bouvron, aux chantiers navals à Saint-Nazaire ou dans des structures du secteur. « , détaille Séverine Foutel.
La responsable explique qu’un restaurateur à embauche des Ukrainiens malgré la barrière de la langue. « Il les met d’abord à la plonge et dès qu’ils maîtrisent le français, ils sont en salle. « Une formation également d’ASH est proposée. « Cette formation donne accès à des cours de français, une formation et à un emploi derrière. »