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REPORTAGE. Dans les pas de Houari et Younes, médiateurs sur l’île de Nantes

Younes et Houari sont coordinateur et médiateur sur l'île de Nantes. Actu Nantes les a rencontrés pour les suivre dans leur travail une matinée.
Younes et Houari, l’un coordinateur, et l’autre médiateur, travaillent sur l’île de Nantes. Actu Nantes les a rencontrés pour les suivre dans leurs missions une matinée. (©Farah Sadallah / actu Nantes)

Nous retrouvons Younes, coordinateur, et Houari, médiateur, au parc Crapa à la pointe est de l’île de Nantes (Loire-Atlantique), ce jeudi 2 février 2023 vers 10h30. Leur travail de médiation commence généralement à 14h et se finit à 22h, mais il leur arrive d’être dépêchés le matin pour voir aussi comment vit le quartier à cette période de la journée. 

Ce jour-là, nous commençons donc par faire un tour du parc avant d’aller plus près des habitations. « Au parc Crapa, il peut y avoir des barbecues sauvages, des chiens qui ne sont pas en laisse, on peut faire de la prévention auprès des jeunes sur des deux roues », illustre Younes, lunette sur le nez, très calme et posé. 

« Notre rôle est d’analyser, de sentir, de ressentir »

Anciennement chauffeur de taxi, l’homme aujourd’hui âgé de 40 ans a toujours voulu « travailler dans le social ». Alors, après une reconversion, il a été embauché par  l’association, Optima, il y a deux ans.

Notre rôle est d’analyser, de sentir, de ressentir, de créer un lien avec les habitants. Les habitants se confient à nous, nous appellent, et nous on va à leur rencontre pour faire de l’écoute active, et les bailleurs peuvent nous appeler aussi quand il y a des nuisances, ils nous demandent d’intervenir.

YounesCoordinateur de l’île de Nantes

De la médiation sur l’île de Nantes depuis trois ans

La ville de Nantes et les bailleurs sociaux sont les principaux commanditaires des médiateurs. Ces derniers interviennent depuis plus de 20 ans dans tous les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPPV), comme Bellevue, les Dervallières, Malakoff, Pirmil, Le Breil, Chêne Des Anglais, ou encore La Bottière Pin Sec.

Qu’est-ce qu’un QPPV ?

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPPV) sont des quartiers situés dans les zones urbaines les plus pauvres, nécessitant une intervention des pouvoirs publics. Ils sont donc la cible d’actions prioritaires de la politique de la ville en fonction des considérations locales liées aux difficultés que connaissent les habitants de ces territoires, selon La Banque publique d’investissement.
Par exemple, aujourd’hui, près de 1 300 quartiers prioritaires de la politique de la ville de France métropolitaine bénéficient d’avantages fiscaux ainsi que d’autres dispositifs d’aide et d’accompagnement.

L’île de Nantes n’est pas un QPPV, mais les médiateurs y sont présents depuis trois ans, explique Younes. Leur secteur de couverture part du parc Crapa et va jusqu’au quartier République. En revanche, ils n’interviennent pas du côté du Hangar à Bananes.

Ils existent 12 quartiers prioritaires de la politique de la ville à Nantes, mais l'île n'en fait pas encore partie.
Il existe 12 quartiers prioritaires de la politique de la ville à Nantes, mais l’île de Nantes n’en fait pas encore partie. (©Farah Sadallah / actu Nantes)

Une augmentation du nombre de personnes isolées

Depuis qu’ils couvrent le secteur, Younes et Houari observent une augmentation du nombre de personnes isolées. « On a un public sans domicile fixe plus présent et visible sur l’île de Nantes. Les associations sont débordées et le Samu social aussi. Il y a beaucoup de structures ici sur l’île de Nantes pour les SDF », explique Houari. 

Selon Younes, cette tendance se ressent depuis la crise sanitaire. « La précarité s’est accentuée depuis la Covid-19. Surtout les deux dernières années, les médiations pour nuisance ont augmenté. Les personnes sont plus aigries, les gens sont sous tension et plus énervés. On a de plus en plus d’appels des habitants. »

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« On les accompagne dans le règlement de leur conflit »

Pour régler les tensions, les médiateurs, intervenant toujours en binôme, se rendent donc généralement chez les habitants pour trouver des solutions. 

Quand il y a un conflit, on rencontre les deux parties et on met en place une médiation. On n’est pas juge. On ne prend pas parti, on reste impartial. On les accompagne dans le règlement de leur conflit. Les habitants pensent qu’on va résoudre leur problème. Mais non, c’est à eux de s’engager à trouver des solutions. On essaye de leur donner les moyens pour que ça vienne d’eux-mêmes.

HouariMédiateur

Il donne l’exemple d’une personne sans domicile fixe qui dormait régulièrement sur les paliers des étages d’un immeuble d’habitation. Les habitants lui donnaient des denrées alimentaires, mais un jour, ils ont arrêté, car la personne SDF aurait demandé plus de choses. Celle-ci est devenue agressive générant ainsi des tensions dans l’immeuble. 

« Nous sommes intervenus pour l’orienter vers une assistante sociale et la Cimade. Et elle a pu avoir un accompagnement et un suivi », raconte Houari. 

En effet, cela fait aussi partie de leurs missions, de les orienter notamment vers le CCAS, ou même vers des associations comme Tinhï Kmou qui font de la distribution gratuite de denrées alimentaires après avoir récupéré les invendus. 

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Auprès des écoles et des élèves

Parmi les autres missions médiateurs, il y a également des interventions aux abords des écoles. « On fait les sorties scolaires. Les établissements sont des lieux où il y a des conflits, notamment entre parents d’élèves, enseignants et entre élèves », témoigne Houari. 

Ainsi, pour rétablir le dialogue, recréer du lien et apaiser les tensions, les médiateurs organisent des modules thématiques à destination des jeunes en école. Par exemple, pendant les semaines citoyennes, ils font de la prévention à travers des ateliers. 

« On anime des modules qui évoquent la gestion de conflits. On forme des jeunes sur comment réagir, on explique le rôle des médiateurs… » explique Houari. Un module sur le protoxyde d’azote a même été créé pour dissuader les jeunes d’en consommer. 

On a créé un outil autour du foot pour attirer les jeunes. On leur donne des défis de jonglage et s’ils réussissent, ils répondent à nos questions : comme est-ce que t’en as déjà consommé, comment tu le consommes, est-ce que vous connaissez ce produit ? Le sport est une bonne accroche pour parler aux jeunes.

HouariMédiateur

« J’ai toujours eu la fibre sociale »

Le jeune médiateur, âgé de 29 ans, a commencé ce métier, il y a quatre ans. Avant, il était commercial. « J’ai toujours eu la fibre sociale et j’ai fait ça par hasard un jour, je voulais tester. Au début, je n’avais pas l’impression de travailler, je faisais déjà ça dans ma vie au quotidien », indique Houari. 

Alors que nous quittons le parc Crapa, pour continuer notre ronde dans les rues, les deux médiateurs croisent un peintre du bâtiment afféré sur un mur. Immédiatement, Houari le salue avant de lui remettre un document pour qu’il puisse les contacter si besoin : « Ça va pour vous, tous se passe bien ? Vous n’êtes pas embêté dans votre travail ? » 

« Là, il y a un chantier important, donc on s’assure que ça se passe bien entre les habitants et les ouvriers. Certains dorment le jour, alors le chantier peut les gêner », explique Houari.

« Il y a des adresses qui sont compliquées à vivre »

Le gros de leurs interventions se fait le soir. « Il y a des adresses qui sont compliquées à vivre. Notre travail est différent le soir. Le public et les approches ne sont pas les mêmes », poursuit-il. Par exemple, devant le jardin des Fonderies, ils peuvent être appelés pour des rassemblements qui engendrent des nuisances, mais jamais en concomitance avec la police. 

Quand la police intervient, on n’y va pas, car sinon on va dire que les médiateurs ont ramené la police, et on peut rompre le lien avec les personnes. Nous, on intervient avant par la parole et la prévention.

HouariMédiateur

Une importante charge mentale

Ce métier, c’est la vocation de Houari, mais il admet que cette profession a son quota de pénibilités en raison de sa charge mentale.

« C’est fatigant moralement, ça peut te prendre beaucoup d’énergie. Il y a des personnes qui ne tiennent pas. Ils n’arrivent pas à faire la part des choses. Pourtant, il y a des situations, il faut savoir se détacher », explique le jeune homme. 

Aujourd’hui, l’association Optima peine justement à recruter. Il manquerait entre quatre et cinq personnes, selon Houari. 

Du mardi au samedi de 14h15 à 22h, sur l’île de Nantes, du parc Crapa à République.

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