
Lundi 13 février 2023, sous un franc et beau soleil, Matthis Lebel indiquait à Actu Rugby que sa prolongation à Toulouse était en très bonne voie. L’ailier international (23 ans ; 5 sélections) a accepté de se livrer sur sa forme actuelle, ses prestations en club, ainsi que ses dernières présences avec le XV de France où il a notamment vu Éthan Dumortier le devancer comme titulaire pour le début du Tournoi des 6 Nations 2023.
Actu : Matthis, quelles sont vos sensations actuellement alors que l’on a entamé la seconde partie de saison ? Vous n’avez notamment plus marqué depuis 2 mois en club…
Matthis Lebel : C’est toujours frustrant pour un ailier de ne pas marquer, ça c’est sûr. Comme l’an dernier, on attend probablement trop que les ailiers marquent beaucoup à Toulouse. Il y a des passages comme ça… J’ai marqué en début de saison (4 essais lors de ses 6 premiers matchs, NDLR) et je me dis que cela reviendra. Oui, je marque moins actuellement, mais je continue d’essayer d’apporter le maximum possible au collectif et surtout, du positif. J’ai déjà la chance d’enchaîner les matchs (17 feuilles de match, 16 fois titulaire). Cela compte.
Êtes-vous le genre d’ailier rapidement frustré de ne pas marquer ?
M.L : Frustré, je ne sais pas. Mais forcément, quand tu es ailier, ton désir c’est de marquer. Cela fait partie de notre rôle principal. Dans mon esprit, je vois d’abord comme un bonheur d’être sur un terrain, de pouvoir être avec les copains, et ça compense le fait de moins marquer. Je regarde aussi l’effectif que l’on a : je joue régulièrement, j’enchaîne, et ça dilue beaucoup la frustration.
Après une saison 2020-2021 faste à titre individuel (15 essais inscrits), vous avez été en dedans l’an dernier et vous l’aviez reconnu. Vous sentez-vous mieux cette saison ?
M.L : Oui, je pense être mieux. Après, il faut tout analyser. L’an dernier, il y a eu des concours de circonstances qui ont fait que je marquais moins, comme l’ensemble des ailiers de l’équipe. Je me suis quand même offert des trucs sympas à titre individuel, et la manière dont on a fini la saison, même sans titre, a été positive sur le plan collectif. J’ai probablement été au rythme de l’équipe…
On vous suit…
M.L : Je pense aussi que j’ai été au rythme de l’équipe ces 2-3 derniers mois. On a eu des déplacements difficiles, notamment à La Rochelle. Des fois, on s’est perdu les chèvres. D’être ainsi, c’est bien et pas forcément bien, car on a toujours envie d’apporter plus à l’équipe. Quand un groupe performe, les individualités suivent, et c’est toujours plus facile. Il faut prendre des pincettes quand on analyse tous les matchs, et toute une saison. Il y a des hauts, des bas, mais je sais une chose, c’est que j’entre toujours sur un terrain pour donner le maximum à l’équipe.
On sait que le Stade Toulousain met tout à disposition afin d’avoir l’une des meilleures lignes de 3/4 du monde.
Lors de ces 2-3 derniers mois justement, il y a eu cette rumeur concernant un intérêt de Toulouse pour Damian Penaud. Est-ce que c’est quelque chose qui vous a perturbé, vu qu’il joue au même poste que vous ?
M.L : Perturbé ? Pas vraiment. C’est comme quand on disait il y a quelque temps qu’Ange Capuozzo, Melvyn Jaminet ou encore Arthur Retière arrivaient. On sait juste que le Stade Toulousain met tout à disposition afin d’avoir l’une des meilleures lignes de 3/4 du monde. Il travaille pour avoir une équipe ultra-conquérante. Il y a eu de gros départs lors des saisons passées, Max Médard dernièrement, et le club a dû voir une logique. En tout cas, les discussions que j’ai eues avec le staff ont toujours été claires. C’est le terrain qui parle. Et puis Damian, c’est un copain. Je n’allais pas rentrer dans un débat de savoir si j’étais content ou non de sa possible venue.

Vous êtes sous contrat jusqu’en 2023, avec une année en option. Où en êtes-vous au sujet de votre avenir ?
M.L : On a entamé des discussions pour boucler tout ça le plus rapidement possible, en essayant d’oublier cette année en option pour repartir sur un nouveau contrat. Là, on a quasiment finalisé les discussions. Normalement, ça devrait bien se passer (rires). C’est bien parti pour.
Matthis, concernant le XV de France, vous multipliez actuellement les allers-retours entre votre club et l’équipe nationale. Comment gérez-vous cela ?
M.L : Je pense gérer cela de la meilleure façon possible ! Les deux staffs communiquent beaucoup, il y a pas mal de transparence, et les joueurs libérés se retrouvent assez protégés sur le plan de la santé. Quand on revient en club, on réintègre un effectif qui est ultra-focalisé sur les doublons, qui bosse dur pour ça, et la mission c’est d’injecter l’air frais qu’on a engrangé avec les Bleus. Avec le club, il y a intérêt à vite changer de disquette pour plonger dans l’objectif du match à venir que l’on va jouer. Le XV de France, c’est différent.
Expliquez-nous…
M.L : D’arriver en équipe de France le dimanche soir, ou le lundi, on apporte de l’élan, une bonne humeur, à un groupe qui est tout le temps ensemble. L’objectif, c’est de faire travailler dur les autres pour qu’ils soient le plus performants le week-end. Bien sûr, j’aimerais jouer avec les Bleus, il n’y a pas de question, mais il faudra avant cela que je performe encore plus en club.
Changer de disquette, est-ce si facile que cela ?
M.L : Perso, ça va. Je me souviens d’une chose : quand Fabien a pris les commandes du XV de France, il avait demandé aux joueurs si on était d’accord pour la façon dont les choses allaient se passer, avec le groupe des 42, et les allers-retours. Beaucoup de joueurs, et j’en fais partie, ont dit OUI à cela. On le sait, on assume, et il n’y a aucun problème à assumer. On est mis dans les meilleures conditions avec les Bleus, mais aussi en club, avec des plages de récupération optimales, dans le seul but d’être performant. J’y vais les yeux fermés en équipe de France.
Fabien Galthié a été très clair avec moi. Cela m’a permis de me projeter…
Vous avez été titulaire deux fois au Japon l’été dernier, vous avez joué un match en automne contre l’Australie. Avec les forfaits de Gabin Villière et Jonathan Danty, ne vous êtes-vous pas dit que la porte était bien ouverte pour vous ?
M.L : Oui, j’y ai pensé, car j’étais à temps complet lors des deux tournées des Bleus. Mais il y a eu entre novembre et le Tournoi une période plus délicate en club. J’ai eu une période de flottement, et honnêtement, ça n’a pas joué en ma faveur. Il y a d’autres excellents joueurs en France, et certains m’ont été préférés. Je me suis remis en question. Il faut repartir de l’avant. Je dois bosser davantage, et rendre de meilleures copies avec mon club. Et si ça peut me permettre de faire de l’oeil au sélectionneur…

Dès le début du stage à Capbreton, via le jeu des chasubles, Ethan Dumortier est apparu comme l’ailier titulaire. Avez-vous compris d’entrée que cette place libre d’ailier, elle n’était pas pour vous ?
M.L : Oui ! C’est l’avantage du jeu des chasubles. Au moins, tu es fixé. Bien sûr tu es piqué quand tu ne l’as pas, on est tous des compétiteurs dans cette équipe. Je me suis dit que je n’avais pas fait ce qu’il fallait pendant certains week-ends, et j’ai essayé de repartir rapidement vers l’avant. Et comme Fabien le dit si souvent : tout peut aller très vite lors des entraînements, on peut vite prendre la place d’un mec, il faut juste être prêt à ce moment-là. J’ai discuté de cela avec Fabien…
Justement, que vous a-t-il dit ?
M.L : Il a été très clair avec moi. Cela m’a permis de me projeter. J’avais la chance d’être avec les Bleus, de m’entraîner avec ce qu’il se faisait de mieux, et je rentrais en club dans l’optique de faire les meilleurs matchs. Gagner sa place, ça passe par là, il n’y a pas de secret.
N’avez-vous pas perçu cela comme un premier mauvais signal dans l’optique de la Coupe du monde 2023 en France ?
M.L : (Il coupe). Mais la route est encore tellement longue… Oui, le Tournoi des 6 Nations est quelque chose d’incroyable, mais il me reste encore des matchs à jouer, et je vais me tenir en alerte pour répondre présent dès que je serai sollicité. À chacun des moments où je serai avec les Bleus, je ferai tout pour montrer mon plus beau visage, tout en étant moi-même. Je n’oublie pas non plus que j’ai une forte concurrence en club, et ce n’est pas assuré que je joue tous les week-ends. Je ne peux pas me relâcher. J’ai eu un petit passage à vide, et c’est une piqûre de rappel pour moi. Cela m’a joué des tours pour le XV de France, je pense.
À lire aussi
- Top 14 – Toulouse. Cros et Jaminet sont bien là : avec quelle équipe contre Toulon ?
Vous êtes quelqu’un qui joue beaucoup, avec de nombreux matchs disputés en intégralité ? N’avez-vous pas un besoin de souffler ?
M.L : Le staff le sait : je n’aime pas trop m’arrêter, me reposer. Même aux entraînements. J’ai eu des week-ends pour couper, mais je n’aime pas trop ça. J’apprécie vraiment l’enchaînement de matchs. Cela peut aussi être négatif quand tu fais plusieurs mauvais matchs de suite en étant pas bon. Mais c’est bien géré par le club. Et je touche du bois : je n’ai pas souvent été blessé. J’espère que ça va continuer. Tant que j’ai l’opportunité de courir, m’amuser et jouer avec les copains, j’espère le faire le plus longtemps possible.
Chaque jour, recevez nos meilleurs articles dans votre boîte mail avec la newsletter d’Actu Rugby. Inscrivez-vous par ici, c’est gratuit !