
Sortir des vieux clivages et réfléchir collectivement sur ce qui marche. Ce lundi 13 février 2023, Jean Morin, président du Département, était en visite au centre de santé Brès-Croizat, à Cherbourg (Manche), pour une réunion de travail autour de la médecine salarié. Une piste à explorer, à l’heure où la Manche, comme beaucoup d’autres territoires, souffre d’une pénurie de médecins. Selon les chiffres de la Caisse primaire d’assurance maladie, environ 45 000 patients sont sans médecin traitant, dont 7 500 qui souffrent d’affection longue durée, et donc devraient être suivis.
L’exemple de la Saône-et-Loire
« Nous avions la volonté de présenter le modèle salarié et le fonctionnement du centre à Jean Morin, commente Karine Duval, à la tête du groupe socialiste de l’assemblée départementale, à l’initiative de la réunion de travail. La situation mérite de s’intéresser à toutes les solutions et de valoriser un autre mode d’exercice. Une commission départementale travaille sur la démographie médicale, à travers différents dispositifs. »
À l’initiative de la Ville de Cherbourg-en-Cotentin, le centre de santé Brès-Croizat a ouvert ses portes en mars 2020. L’investissement public portait à l’époque sur un effort de 400 000 euros. Depuis, s’ajoute chaque année une subvention d’équilibre de l’ordre de 200 000 euros. En tout, un peu plus de 3 000 habitants ont retrouvé un médecin grâce à l’ouverture du centre Brès-Croizat.
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Le projet du Cotentin déjà dévoilé
En Saône-et-Loire, la collectivité a développé un centre de médecins salariés au niveau départemental. Un site et plusieurs antennes sur le territoire sont imaginés. Et, quatre ans plus tard, 70 médecins salariés recrutés. Niveau finances, cela représente huit millions d’euros, et une subvention d’équilibre d’un million. D’autres départements pensent s’y mettre.
Depuis le printemps dernier, les Départements ont la possibilité d’ouvrir des centres de santé. Si on demande aux habitants s’ils trouvent normal qu’un département consacre un million d’euros de subvention d’équilibre pour avoir 70 médecins qui permettent d’avoir un médecin dans les plus petits villages… Le Nord va sans doute le faire, la Corrèze l’a fait, la Charente, la Dordogne.
Jean Morin s’est d’ailleurs entretenu avec son homologue de Saône-et-Loire sur le sujet. Le président du Département de la Manche rencontrera prochainement des associations porteuses de projets. « L’exercice salarié séduit de nombreux jeunes médecins, poursuit Karine Duval. Ils apprécient d’avoir le temps de s’occuper du patient, s’associent à toute une partie prévention. Il faut en finir avec les caricatures… » Récemment, du côte d’Isigny-le-Buat, autre commune de la Manche qui a cru au salariat des médecins, un troisième médecin a été annoncé pour le centre de santé, également en plein essor.
Début décembre, la restitution des ateliers du Conseil national de refondation (CNR) en Normandie a une nouvelle fois montré que ce mode d’exercice n’était pas au cœur des projections. Le Cotentin a récemment lancé une étude de faisabilité pour l’installation d’un centre de médecins salariés au niveau de l’Agglo. Ses résultats devraient être dévoilés à la fin du premier trimestre.